VITICULTURE
Désherbage des vignes : ça passe ou ça casse ?

Avec la fin du glyphosate en interrangs et demain sous le rang, les viticulteurs se tournent de plus en plus vers le désherbage mécanique. Même si des herbicides en prélevé font aussi leur retour, les solutions mécaniques permettent de gérer efficacement la plupart des situations de concurrence. Encore faut-il que ces outils soient bien réglés au risque sinon de causer de la casse, notamment dans les vieilles vignes jamais travaillées.

Désherbage des vignes : ça passe ou ça casse ?
Le robot autonome thermique Traxx de chez Exxact robotics, basé à Epernay en Champagne, est commercialisé par Richy.

Sur le domaine expérimental de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, le 20 avril à Rully, il y avait à nouveau foule pour cette cinquième édition du « Désherbage roule des mécaniques », piloté par le service vigne et vin et le Vinipole Davayé. Cette après-midi entièrement consacrée au travail du sol en viticulture réunissait à nouveau les distributeurs et constructeurs locaux - Faupin, GRV, MECAViti, Pellenc, Richy – qui venaient présenter leurs matériels, solutions et quelques nouveautés. À côté, on retrouvait les désormais habituels robots viticoles - Exxact Robotique, Naio/Granday, Vitibot – ainsi que le SabiAgri, mélange des genres en essai sur le domaine de la chambre d’Agriculture.

Des viticulteurs inquiets

Si certains vignerons venaient chercher les dernières informations avant une commande, d’autres viticulteurs étaient clairement en recherche de premières solutions pour faire face à la fin du glyphosate. Avec la peur de se tromper de matériels, alors qu’avant même l’inflation, les prix des socs, disques émotteurs et autres doigts Kress ne sont pas donnés. Venant du lycée de Davayé, le professeur de mécanique, Jean-Philippe Cognard, a prodigué de précieux conseils pour débuter. Dans le doute et en attendant d’acquérir plus d’expérience, mieux vaut revenir au matériel d’antan avec un tracteur/enjambeur « pas trop puissant » pour éviter d’arracher trop de pieds ou, tout du moins, sentir lorsque cela casse. Certaines démonstrations le prouvaient cruellement, le travail du cavaillon est très technique et l’arrachage de ceps n’est pas rare. C’est pourquoi des solutions d’enjambeurs permettant d’avoir une belle visibilité sont plébiscitées.

Saut technologique des robots

Alors que de premiers robots viticoles sont désormais vendus, aux dires des présents, il faudra encore quelques années pour une éventuelle démocratisation. Robots ou chevaux, même combat pour l’heure. Reste que les robots ont réalisé un « saut » technologique, et semblaient impressionner la plupart des experts du Vinipôle. Les outils d’aide à la décision et de contrôle (depuis smartphone) ont également progressé, permettant de suivre précisément les travaux en temps direct ou a posteriori. De nombreux freins restent néanmoins à lever, à commencer par leur transport dans les nombreuses parcelles des vignerons bourguignons. Une organisation collective semble nécessaire à défaut d’avoir un parcellaire d’un seul tenant. À écouter les conversations des uns et des autres, le coût d’un robot viticole – autour de 200 000 € généralement n’est pas forcément le principal problème en Bourgogne -, si l’on remet ce chiffre en perspective du temps de travail qui a explosé pour le désherbage et qui nécessite des chauffeurs et tractoristes toujours plus convoités. Autant dire que le désherbage mécanique n’a pas fini de se réinventer.

Cédric Michelin