MONTAGNE
Manon et Joël, premiers agriculteurs installés à Astet depuis un demi-siècle !
Producteurs de légumes et petits fruits à Astet, Manon Conil et Joël Nougier écoulent leur production bio sur le marché de Lachapelle-Graillouse et auprès de restaurants et boulangeries-pâtisseries du secteur. Portrait.
C’est la première installation agricole sur la commune depuis près de 50 ans. Originaires de la Drôme et du Gard, Manon Conil et Joël Nougier ont choisi Astet, commune montagnarde d'une cinquantaine d'habitants à proximité du Col de la Chavade, pour lancer leur activité d’élevage, de maraîchage et de petits fruits. « Nous avons cherché une ferme pendant deux ans avec mon compagnon avant de tomber sur une annonce qui nous a intrigués en Ardèche. Un terrain agricole d’une dizaine d’hectares où vivait une communauté de hippies jusque dans les années 70 », rembobine Manon Conil, diplômée d’un BTS production horticole. « C’était devenu une vraie forêt ! Nous avons dû dessoucher les troncs au tractopelle et remettre le courant avec l’aide de la mairie et de plusieurs habitants », poursuit Joël Nougier, fils d’agriculteurs à Uzès et mécanicien de formation.
C’était en 2020. Depuis, le jeune couple d’agriculteurs a bien investi ce terrain difficile d’accès, situé à 1 200 mètres d’altitude au bout d’un chemin caillouteux. Manon et Joël y cultivent aujourd'hui 3 000 m² de fraises, framboises, myrtilles, canneberges et légumes divers sous des serres non chauffées et en pleine terre. Le tout en agriculture biologique, complété par une production de châtaignes et depuis quelques semaines d’un élevage de 20 agnelles pour entretenir les terrains et produire, à terme, de la viande.
« Les fruits rouges se valorisent bien »
« Nous cherchions une production adaptée à des territoires en pentes et qui nous permette de gagner notre vie. Les fruits rouges se valorisent bien, notamment en restauration et en pâtisserie. La fraise est un bon produit d’appel et il y a une forte demande en myrtilles en Ardèche pendant la saison touristique pour faire des tartelettes », déroule Manon Conil, 29 ans.
Extra-fraîche, leur production est écoulée en restauration et en boulangerie à une vingtaine de kilomètres autour d’Astet. « Nous ramassons le matin et livrons deux heures plus tard », précisent les agriculteurs. À la belle saison, ces derniers vendent en direct sur les marchés de Lachapelle-Graillouse. Une offre complétée par des confitures, sirops, nectars transformés à la Cuma de Ladenne, à Jaujac, et disponible toute l’année au magasin de producteurs du Col de la Chavade sous la marque « Label Terre ».
Belle récolte en perspective
Deux ans après l’installation et suite à des investissements importants (serres, système d’irrigation, plants, bâches…), Joël et Manon voient leur projet commencer à se dessiner. Avec une récolte 2022 qui s’annonce intéressante. « Cela va être notre première année de pleine production. Nos plants n’ont pas gelé contrairement à l’année dernière. Nous devrions avoir une belle récolte de fraises (variétés Charlotte, Anaïs, Mara des bois) et de salades à partir de mi-juin, avant les myrtilles et les framboises », commente Manon Conil.
Pour autant, les petits fruits restent fragiles. « Avec l’altitude, nous avons une production tardive, assez résistante et d’excellente qualité mais qui craint le gel et la grêle. »
Pas de quoi atteindre le moral du couple d’agriculteurs, qui fourmillent de projets : développer l’élevage ovin, planter des arbres fruitiers, aménager des terrasses sur leur terrain et, d’ici quelques années, construire un bâtiment agricole pour le stockage et l’élevage.
INSTALLATION / « Une bonne nouvelle pour la commune et la montagne »
« Cette installation une bonne nouvelle pour la commune d’Astet et pour la montagne ardéchoise, se réjouit Christian Vidal, maire d’Astet. Ce sont des jeunes très sérieux qui travaillent, vivent sur place et participent à la dynamique du territoire. »
« Nous avons eu la chance d’être soutenus dans notre installation », soulignent de leur côté Manon Conil et Joël Nougier. Pour lancer leur activité agricole sur une zone difficile d’accès et classée en risque incendie, le couple de producteurs a pu bénéficier de l’aide de la municipalité et la Communauté de communes de la Montagne d’Ardèche.
« La mairie d’Astet fait ce qu’elle a pu au niveau administratif pour les aider à s’installer, avec l’aide notable de Thierry Poulet, chargé de la politique d’accueil à la Communauté de communes », précise Christian Vidal. La collectivité a notamment organisé des réunions avec le Sdis et la DDT afin d’obtenir le permis de construire et de pouvoir créer une poche d’eau de 120 m² dédiée à la prévention incendie et à l’irrigation. Les démarches ont pris un an. En parallèle, les producteurs ont monté leur dossier pour obtenir la dotation jeunes agriculteurs avec l’appui de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.
