CLIMAT
Varenne de l’Eau : l’urgence de trouver un consensus

Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et Bérangère Abba, Secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la Biodiversité, viennent de lancer le « Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique ».

Varenne de l’Eau : l’urgence de trouver un consensus
L’un des dossiers les plus sensibles du Varenne de l’eau sera l’irrigation, systématiquement pointée du doigt par les écologistes. ©SD

L’objectif est de mettre en place des solutions pour adapter l’agriculture au changement climatique et aux conséquences majeures que ce dernier pourrait entrainer d’ici 2050. Les sécheresses successives, les inondations, et les épisodes de gel risquent en effet de remettre en cause la production agricole et notre souveraineté alimentaire si aucune action n’est menée. 

Sujet sensible

Le débat doit rassembler tous ceux qui utilisent ou font fonctionner ce « bien commun » qu’est l’eau : fournisseurs d’eau potable pour les populations, irrigation et usages agricoles, hydro-électricité, pêcheurs et plaisanciers sans oublier le rôle vital de la protection de l’eau pour les milieux naturels. Ce thème concerne les agences de l’eau, les syndicats agricoles, les associations environnementales, les représentants des assurances et les associations de pêcheurs. 

Après les « Assises de l’eau » en 2018, ce « Varenne de l’eau » est la continuité de la réflexion sur les usages de l’eau mais sera toutefois centré sur l’agriculture avec l’espoir d’une finalisation début 2022. Cependant le sujet est sensible et il s’est même crispé depuis quelques années notamment en raison des blocages autour des projets de retenues d’eau. Les Projets territoriaux de gestion de l’eau (PTGE) traînent à se mettre en place en raison de nombreux contentieux. L’objectif aujourd’hui est d’en approuver 50 d’ici 2022 et une centaine à l’horizon 2027. 

Transcender les clivages

Aussi les participants devront s’engager à suivre quelques principes de base : s’appuyer sur la science et notamment les travaux de l’Inrae mais aussi faire appel à l’innovation pour optimiser les usages de l’eau. Il faudra pour cela transcender les clivages, faire preuve d’écoute et trouver des consensus pour construire une vision concertée et partagée. Trois groupes de travail ont été constitués. Le premier planchera sur les outils d’anticipation et de protection de l’agriculture, avec en ligne de mire, les arbitrages sur les assurances récoltes. Le deuxième étudiera la résilience de l’agriculture, en agissant sur les sols, les variétés, les pratiques culturales et d’élevage, les infrastructures agro-écologiques et l’efficience de l’eau d’irrigation. Ce travail se fera à l’échelle des filières et des régions. Le dernier se concentrera sur l’accès aux ressources en eau pour l’agriculture sur le long terme, au travers notamment des PTGE. Quant au décret de gestion quantitative de la ressource en eau, il devrait être publié avant la fin du mois de juin. 

Moyens techniques et économiques

Le climatologue Jean Jouzel a rappelé, lors de la conférence de presse de lancement, le 28 mai, que les six dernières années ont été les plus chaudes du siècle passé et que cette hausse des températures va se poursuivre. D’ici la fin du siècle la baisse de débit des rivières pourrait être de 10 à 40 % du niveau actuel. Thierry Caquet, directeur scientifique à l’Inrae estime que l’agriculture en 2050 ne sera pas la même que celle d’aujourd’hui. « Si nous voulons que nos agriculteurs continuent à nous nourrir, il faut que nous leur donnions les moyens techniques et économiques pour accroître leur résilience », a déclaré le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. « Ces enjeux de long terme et les situations d’urgence face à ces aléas, gel ou sécheresse, doivent nous amener à dessiner un modèle plus sobre et équilibré entre ressources disponibles, besoins et usages », a indiqué pour sa part la Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba. « La place de mon ministère en charge de la politique de l’eau, est bien aux côtés des agriculteurs dans ce destin commun », a-t-elle conclu.