TOUR DE FRANCE
L’Ardèche et le Tour, une vieille histoire d’amour

Mylène Coste
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TOUR DE FRANCE / Pour la 7e fois depuis 2010, la Grande boucle fera cette année un passage par les routes de l’Ardèche. Mais se souvient-on des premiers passages du Tour dans le département ? Plongée dans les souvenirs d’une idylle entamée en 1966.

L’Ardèche et le Tour, une vieille histoire d’amour
L'Ardèche accueillera cette année le Tour sur ses routes pour la onzième fois depuis 1966.

Beaucoup s’en souviennent encore : en 1966, le Tour de France passait pour la première fois par l’Ardèche. Il était temps ! Depuis sa création en 1903, jamais la célèbre course cycliste n’avait foulé le sol ardéchois.

1966 : le duel Poulidor – Anquetil fait le show à Vals-les-Bains

Dans les années 1960, alors que De Gaulle est encore au pouvoir, le contexte est particulier. La France est scindée en deux camps, « Anquetiliens » contre « Poulidoristes ». D’un côté, les partisans de Jacques Anquetil, quintuple lauréat du Tour entre 1957 et 1964 ; de l’autre les partisans de Raymond Poulidor, « l'éternel second » devenu rapidement le coureur « des humbles, attachés à la terre, aux vertus du labeur, au travail sans repos et répit » selon l’historien Michel Winock.

Quand le peloton du Tour emprunte pour la première fois les routes ardéchoises, deux ans après la légendaire ascension du Puy-de-Dôme, le duel entre les deux idoles est dans toutes les têtes.

Mais ce 5 juillet-là, c’est le Néerlandais Johan De Roo qui remporte l’étape partie de Montpellier et arrivée à Aubenas (144 km) le matin. L’après-midi, place à un contre-la-montre de 20 km autour de Vals-les-Bains. Contre toute attente, « Poupou » devance son rival de 7’’, alors même qu’Anquetil est considéré comme le spécialiste de l’effort chronométré…

Le lendemain le peloton part de Privas en direction de l’Alpe d’Huez. Quatre jours plus tard, Anquetil, souffrant abandonne et fait ses adieux au Tour. Profitant de l’abandon du favori, Lucien Aimar remporte le Tour tandis que Poulidor finit 3e.

1984 : Bernard Hinault ou Laurent Fignon ?

Les supporters ardéchois sont ravis : près de 20 ans après le premier passage du Tour dans le département, la Grande boucle est de retour les 12 et 13 juillet 1984. Et cette année, l’enjeu est de taille. À nouveau, deux champions se partagent les faveurs du public : d’un côté, Bernard Hinault dit « Le Blaireau », qui a déjà remporté le Tour à quatre reprises ainsi que de nombreux titres à l’étranger. De l’autre, Laurent Fignon, 24 ans, qui a créé la surprise lors du Tour 1983 dont il fut le vainqueur.

Finalement, ce 12 juillet, c’est le Belge Fons de Wolf qui s’impose en solitaire au Domaine du Rouret, à Grospierres, à l’issue de cette 14e étape partie de Rodez (227,5 km). Fignon et Hinault sont relégués à plus d’un quart d’heure ! Le lendemain, le peloton s’élance de Grospierres pour rejoindre Grenoble qui donnera la victoire à Frédéric Vichot.

Au terme de la Grande boucle, Fignon remporte son deuxième titre en deux participations ! Hinault termine quant à lui deuxième à plus de dix minutes...

Mylène Coste

René Privat, le champion ardéchois
René Privat a forgé sa légende en remportant la fameuse course Milan - San Remo en 1960.

René Privat, le champion ardéchois

HOMMAGE / Si l’Ardèche compte de nombreux fanatiques du Tour de France, elle a aussi ses champions ! Il y a 60 ans, le cycliste ardéchois René Privat surnommé « La châtaigne », fit les beaux jours du cyclisme français.

Né en 1930 à Coux, René Privat est un timide, un taiseux. Pour autant, ses adversaires se méfient de lui ! Sans faire de bruit, le jeune ardéchois n’en demeure pas moins un vrai batailleur, capable de laminer un peloton.

C’est à Saint-Sauveur-de-Montagut, où il a grandi, qu’il se fait remarquer pour la première fois sur son vélo. Il remporte sa première victoire lors d’une course à Dunière-sur-Eyrieux en 1947. Il passe rapidement au statut de professionnel, et intègre l'équipe Peugeot-Dunlop dès 1953.

Sa carrière démarre cette année-là avec entre autres une belle victoire d'étape à Privas sur le critérium du Dauphiné Libéré. Il participe à plusieurs reprises au Tour de France, à cette époque dorée du cyclisme et de Bernard Hinault.

Dès 1957, il s’impose sur le Tour : le deuxième jour, il remporte l'étape Granville-Caen et conquit le maillot jaune qu'il conserve trois jours... Il le perdra, mais le récupérera quelques étapes plus tard, pour le plus grand bonheur des Ardéchois.

Vainqueur de la course Milan - San Remo en 1960

Colline de Poggio, 1960. 288 km à la moyenne de 42,640 km/h : « La Châtaigne » a ainsi forgé sa légende en battant le record de l'épreuve mythique de Milan - San Remo.

Le passage du Tour en Ardèche est l’occasion de parler de lui, alors qu’un livre retraçant sa carrière, écrit par Daniel Peyret avec la collaboration de Pierre-Yves Coste, vient de paraître.

Cet ouvrage est disponible auprès de l'amicale cycliste de l'Eyrieux au 06 07 66 62 34.

La caravane du Tour attire toujours de nombreux ardéchois passionnés de cyclisme

La caravane du Tour attire toujours de nombreux ardéchois passionnés de cyclisme
La caravane du Tour attire toujours de nombreux ardéchois passionnés de cyclisme

REPÈRES / Les dates clés du Tour en Ardèche

8 villes étapes

Aubenas (1966 et 2009)

Vals-les-Bains (1966)

Privas (1966 et 2020)

Grospierres - Domaine-du-Rouret (1984)

Annonay Davézieux (2012)

Bourg-Saint-Andéol (2016)

Vallon-Pont-d’Arc - Grotte Chauvet 2 (2016)

Le Teil (2020)

4 cols franchis

Le col du Fayet (611 m, route de Serrières à Annonay), franchi pour la première fois en 1966 puis à trois reprises.

Le col de Lachamp (1 320 m, Lachamp-Raphaël) avec un seul et unique passage en 1966.

Le col de l’Escrinet (787 m, entre Privas et Aubenas), en 2009 puis 2015.

Le suc de Montivernoux, (1315 m, près du Mont Gerbier-de-Jonc et du Mont Mézenc), en 2010.