DOSSIER SPÉCIAL RENTRÉE AGRICOLE

Le marché français de l’agroéquipement durement impacté par la Covid-19

La filière de l’agroéquipement est depuis plusieurs années en plein essor. Ce secteur embrasse aujourd’hui un vaste ensemble d’activités et de produits utiles à tous types d’exploitation. Il fournit également du matériel utile à l’entretien des espaces verts, des grands parcs publics ou encore des jardins privés. D’après le rapport économique 2020 publié le mois dernier par Axema (union des industriels de l’agroéquipement), le marché français des agroéquipements s’est établi à 6,1 Mrds€ en 2019, en hausse de 12,5 % par rapport à l’année 2018. Un nouveau sommet de ventes d’équipements neufs a ainsi été atteint, dépassant le précédent record de 6,09 Mrds€ établi en 2013. Au niveau des ventes de matériel neuf en France, ce sont surtout les ventes de tracteurs agricoles, de matériel de travail du sol, de semis et de fertilisation, d’élevage, de fenaison et de transport qui ont connu les plus fortes progressions en 2019. À l’opposé, les ventes de matériel d’entretien des espaces verts ont été pénalisées par la sécheresse et le matériel d’arrosage et de protection des cultures a payé des perspectives incertaines compte tenu de l’abandon programmé du glyphosate. Tirée par son marché domestique, la filière française de l’agroéquipement a eu du mal à tirer son épingle du jeu à l’export l’an dernier. En 2019, les exportations françaises ont baissé de 4 %. Les exportations réalisées au sein de l’Union européenne ont chuté de 5 % et même de 18 % avec l’Allemagne, premier marché client de l’industrie française des agroéquipements.

- 10 à - 20 % prévus en 2020

D’après le rapport économique 2020 publié par Axema, les projections initiales pour 2020 tablaient sur un recul de 5% du marché en moyenne annuelle. S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur les perspectives de l’année en cours, les professionnels du secteur mesurent déjà l’impact économique que devrait avoir l’épidémie de Covid-19 sur la filière. Selon un baromètre mis en place par Axema auprès de ses adhérents, les fabricants et importateurs de matériel agricole ont perdu 25 à 30% de leur chiffre d’affaires entre mars et avril. De leur côté, les professionnels des espaces verts déplorent des pertes de 40 à 45%. En conséquence, la baisse d’activité globale pour les professionnels de l’agroéquipement en 2020 pourrait atteindre 10 à 20%. Si 53% des professionnels sondés par Axema se déclarent suffisamment solides pour tenir encore un an en cas de crise prolongée, un quart des entreprises pourraient néanmoins se retrouver à court de trésorerie dans les six prochains mois. Pour survivre à cette crise sans précédent, les entreprises de l’agroéquipement prévoient de réduire leurs dépenses de fonctionnement de 35% et leurs dépenses d’investissement de 30% en moyenne. Parmi les mesures politiques les plus souhaitées par les professionnels apparaissent par ordre croissant d’importance : le décalage des remboursements d’emprunt ou des échéances de leasing sur les investissements de modernisation de l’outil de production, le soutien aux investissements et aux revenus des exploitations agricoles ou encore l’ouverture des hôtels et restaurants.

Pierre Garcia