COVID-19
Vers des mesures spécifiques aux abattoirs et aux saisonniers

L.M., Y.G.
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COVID-19 / Des mesures de précaution spécifiques aux abattoirs et aux travailleurs saisonniers sont attendues depuis la mi-août. La réflexion sur les problématiques saisonnières semble la plus avancée.

Vers des mesures spécifiques aux abattoirs et aux saisonniers
Pour le Conseil scientifique Covid-19, « les clusters autour des abattoirs restent un enjeu persistant, car mal compris ».

À l’issue d’une réunion le 18 août avec les partenaires sociaux, la ministre du Travail Élisabeth Borne a déclaré à l’AFP qu’il est « nécessaire de systématiser le port du masque dans tous les espaces de travail qui sont clos et partagés ». Les travailleurs saisonniers et des abattoirs feront l’objet de « mesures de précaution renforcées, adaptées et spécifiques », a indiqué le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau qui participait à la réunion. Selon lui, une nouvelle réunion spécifique aux abattoirs devait se tenir « sous huit jours » pour adapter les mesures de prévention au contexte des abattoirs (milieu froid et humide, statuts spécifiques des travailleurs).

« Sur les trente-sept clusters actifs en entreprises, huit se trouvent dans des abattoirs », déclarait alors le responsable syndical. De son côté, Santé publique France recensait 746 foyers signalés entre le 9 mai et le 11 août dont 24 % en entreprises (hors établissements médicaux). « La moitié des clusters d’entreprises sont des abattoirs ou des exploitations agricoles », précisait Michel Beaugas (FO) à l’AFP.

Concertation avec des organisations

Si depuis, rien n’a été annoncé concernant les abattoirs, les lignes du dossier « saisonniers » commencent lentement à bouger. Une nouvelle rencontre réunissant le directeur de cabinet d’Élisabeth Borne, les organisations interprofessionnelles patronales et syndicales, Pôle Emploi et l’Inspection du travail s’est tenue le 25 août, rapportent des sources professionnelles. D’après le secrétaire général de la FGA-CFDT Fabien Guimbretière, il s’agissait surtout de faire un « tour de table ». « Les sujets qui sont revenus, ce sont les règles d’assurance chômage pour les saisonniers et ceux qui n’auraient pas réussi à faire des saisons complètes », raconte-t-il.

Concernant l’hébergement des saisonniers agricoles, le secrétaire général de la FGA-CFDT estime qu’il faut trouver des solutions « au plus près du terrain » avec les partenaires sociaux, les inspecteurs du travail, les collectivités locales et « de nouveaux acteurs ». « On a demandé que les Direccte [...] provoquent des réunions multipartites locales », a-t-il ajouté. Le vice-président de la FNSEA, Jérôme Volle, propose de développer l’hébergement dans les chambres disponibles en internat et dans les maisons de saisonnalité « car ça ne se fait pas partout », de compter plus largement sur les campings et d’encourager les collectivités locales à aider les agriculteurs à investir dans des mobil-homes. « Le contexte sanitaire a amplifié le phénomène, mais la question du logement des saisonniers en agriculture se pose depuis plus de dix ans », souligne-t-il. Autre réflexion amorcée lors de cette réunion, précise Jérôme Volle : la création éventuelle d’un statut particulier pour les saisonniers.

L.M., Y.G.

ABATTOIRS / Pour un dépistage systématique des salariés

Dans son avis publié le 3 août, le Conseil scientifique Covid-19 suggère qu’en cas d’ « alerte épidémiologique », les salariés des abattoirs puissent faire l’objet d’une « surveillance par dépistage systématique proposé ». Intitulé « Se préparer maintenant pour anticiper un retour du virus à l’automne », le huitième avis du Conseil scientifique a été transmis à l’exécutif le 27 juillet. « Les employés des abattoirs constituent une population à risque », estiment les chercheurs, citant le « travail en espace fermé, en proximité étroite avec d’autres collègues » ou encore les « transports et logements partagés ». Sans oublier la faible température (4 à 10°C) dans les zones de découpe, qui « pourrait être un facteur favorisant la survie du virus ». « Les clusters autour des abattoirs restent un enjeu persistant, car mal compris », précise toutefois le rapport. Les scientifiques rappellent par ailleurs que « les modèles expérimentaux semblent écarter une infection possible des porcs ou des volailles par le SARS-CoV-2 ». Les résultats sur les bovins sont « en attente ».