TRAITE
Efficacité et confort en élevage laitier : pensez ergonomie !

Rachel Durand (Adice) et Baptiste Laffay (Acsel)
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ORGANISATION / Penser ergonomie dans chaque élevage est primordial si l’on veut limiter tous risques d’accidents ou de TMS (troubles musculo-squelettiques) qui sont, rappelons-le, les premières maladies professionnelles agricoles.

Efficacité et confort en élevage laitier : pensez ergonomie !
Rajout pour positionner correctement les chèvres, mais cela demande un effort qui, en plus, n’est pas ergonomique, car soit le trayeur le fait de la fosse et il adopte une mauvaise posture, soit il le fait en montant sur le quai et c’est le dos qui est courbé.

La salle de traite est le premier outil obligatoire dans un élevage laitier. Représentant généralement un lourd investissement, elle est utilisée la plupart du temps deux fois par jour, sept jours sur sept. Celle-ci a connu de fortes évolutions. Laissant place parfois aujourd’hui à de grandes installations telles que la salle de traite en roto ou les robots de traite. Malheureusement on s’aperçoit encore trop souvent que celle-ci n’est pas adaptée au trayeur mais, à l’inverse, c’est le trayeur qui s’adapte à la salle de traite. Penser ergonomie devient alors essentiel pour préserver la productivité et la santé des trayeurs.

L’ergonomie est l’étude de la relation entre l’homme et le travail, qui vise à maximiser le confort, la sécurité et l’efficacité. C’est-à-dire identifier les risques, estimer leur fréquence et leur dangerosité afin de proposer des mesures correctives à la situation (atténuation, adaptation et protection).

Rendre sa salle de traite ergonomique

L’installation idéale en matière d’ergonomie n’existe pas, car souvent compromise par des contraintes techniques, économiques ou autres. Cela vient compromettre les plans de la salle de traite idéale, mais il est très important d’adapter le matériel aux trayeurs et au troupeau et non l’inverse. L’ergonomie à la salle de traite se réalise en cinq points.

Une bonne posture de travail est l’élément clé pour aider à préserver sa santé. Les répétitions des mouvements de traite doivent respecter la posture de la personne, afin d’éviter à long terme les risques de TMS. Pour cela, il faut une hauteur de quai adaptée au trayeur principal (hauteur de hanche), afin de travailler avec un buste droit et sans flexion. Ainsi qu’une hauteur de mamelle entre les coudes et les épaules et une mamelle le plus près du trayeur, afin de travailler avec les bras en dessous des épaules et d’éviter toute flexion du dos ou du cou. Mais encore, l’emplacement du matériel doit être réfléchi, afin d’éviter de se pencher ou de se courber pour le saisir (souvent le cas des plateaux de lavage). Il ne faut pas qu’il soit trop haut aussi, car il nécessite de travailler au-dessus des épaules et diminue les champs de vision.

Une bonne luminosité pour assurer un travail agréable, efficace et visible. Cela empêche d’adopter des mauvaises postures pour éviter les zones d’ombre.

La gestion des ports de charges : il est important de réduire ses charges (bidons sur roulettes…) ou de les alléger au maximum (systèmes de contre-poids…). Tout port de charge doit se faire correctement en pliant les genoux et non le dos s’il faut les prendre au sol. De plus, il est très important d’équilibrer ses charges afin de garder son dos droit.

Le bruit doit être géré aussi, afin qu’il ne soit pas trop fort car il peut entraîner des problèmes auditifs. Parallèlement un bruit régulier sans sons « inédits » peut stresser les vaches et donc les agiter, ce qui rallonge la traite ou créé un accident.

Une bonne circulation des personnes et des animaux : de plus en plus de salles de traite sont de plain-pied pour les deux parties, ce qui permet d’être plus en sécurité. Si la présence d’un escalier ou de marches est nécessaire, il est important qu’ils soient sécurisés (main courante, antidérapant…).

Trucs et astuces

L’étude ergonomique réalisée par deux apprentis du contrôle laitier a permis de constater deux choses. Premièrement, beaucoup d’installations n’ont pas été réfléchies en termes d’ergonomie, ainsi beaucoup d’éleveurs s’exposent à des risques pour leur santé. En revanche, nombreux sont ceux qui prennent conscience que leur installation ne garantit pas un travail en sécurité et trouvent des alternatives pour rendre leur salle de traite plus sécurisante, plus ergonomique.

Voici quelques « trucs et astuces » :

- L’utilisation de la paille de bois, afin de réduire le temps de préparation des vaches, mais aussi les gestes répétitifs avec un passage au lieu de deux en lavage humide (attention : cette technique n’est envisageable qu’à condition qu’il n’y ait aucun problème de qualité du lait).

- La suspension du matériel nécessaire dans la fosse (seau de lavettes, paille de bois, papier, etc.) permet à la fois de limiter les obstacles mais aussi évite de se baisser à répétition.

- L’investissement dans un système de ventilation et / ou de brumisation, afin de rendre plus agréable la traite en période estivale : moins de mouches pour des vaches plus calmes.

- L’investissement dans un plancher mobile pour s’adapter aux tailles des différents trayeurs, lorsque l’écart de taille est important (+ 10 à 15 cm).

Il est très important pour la préservation de la santé du trayeur que la traite soit un moment agréable et non une contrainte, ce qui accentue les risques d’accidents. L’ergonomie à la traite est très importante c’est pourquoi il ne faut pas la négliger sur le reste de l’exploitation. Même de tous petits changements peuvent être très bénéfiques pour la santé de l’éleveur et/ou le confort en salle de traite. La traite représente la plus grosse astreinte des éleveurs laitiers. Prendre le temps de choisir son installation est primordial pour rendre cette astreinte confortable.

Rachel Durand (Adice) et Baptiste Laffay (Acsel)

Bonne position ergonomique du trayeur : dos nos courbé ; mains en dessous des épaules

Bonne position ergonomique du trayeur : dos nos courbé ; mains en dessous des épaules
Bonne position ergonomique du trayeur : dos nos courbé ; mains en dessous des épaules.

Une fosse ergonomique, sans obstacle

Une fosse ergonomique, sans obstacle
Une fosse ergonomique, sans obstacle. Pour ne pas négliger la bonne circulation des vaches ou du trayeur, il important d’éviter tous les risques de glissades qui pourraient engendrer des blessures (sol non glissant, absence d’obstacle dans la fosse ou sur les quais…).