MONTAGNE ARDÉCHOISE
L’agroforesterie au service des éleveurs de montagne

Mylène Coste
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MONTAGNE ARDÉCHOISE / La Chambre d’agriculture s’engage dans une opération pilote pour développer l’agroforesterie dans les élevages de la Montagne ardéchoise.

L’agroforesterie au service des éleveurs de montagne
En Ardèche, bon nombre d’élevages font déjà de l’agroforesterie sans le savoir, affirme Nicolas Beillon, conseiller Agroforesterie à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche.

Depuis une dizaine d’années, l’agroforesterie fait de plus en plus d’adeptes. Et pour cause ! Ses intérêts environnementaux sont multiples : réduction de l’érosion, capture du carbone, conservation des sols, biodiversité …Mais pas seulement ! Les bénéfices pour les agriculteurs sont nombreux. 

Certains éleveurs adoptent parfois, sans le savoir, certaines pratiques de l’agroforesterie. Mais afin d’en optimiser les bénéfices, la Chambre d’agriculture propose de les accompagner dans le cadre d’un projet pilote mené sur la Montagne ardéchoise. Suite à une formation qui s'est tenue en octobre, plusieurs éleveurs, intéressés par l’agroforesterie, vont ainsi se lancer dans la plantation de haies et d’arbres avec divers objectifs.

Les haies forestières, véritables partenaires pour la performance des élevages

« Les intérêts de la plantation de haies dans les prairies et parcours sont multiples, souligne Nicolas Beillon, animateur de projets biodiversité, énergie et agroforesterie à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. Elles peuvent servir d’abris pour les animaux face au vent ou au soleil, de brise vent pour les cultures fourragères, apporter un feuillage complémentaire pour l’alimentation du troupeau, servir de haies anti-congères, favoriser la rétention d’eau, consolider les berges des cours d’eau, constituer un refuge pour les prédateurs de campagnols… »

Dans les semaines à venir, des visites sur le terrain seront réalisées par le technicien pour étudier, avec les agriculteurs, le projet agroforestier le plus adapté à leur parcelle et leur exploitation. « Selon les objectifs visés par l’éleveur, seront définis les essences qui sont les plus adaptées, le lieu d’implantation et l’orientation les plus pertinents… », souligne Nicolas Beillon.

La Chambre d’agriculture accompagne aussi les éleveurs dans la gestion et l’entretien des nouvelles haies avec un suivi technique des jeunes plantations durant les trois premières années. 

De multiples aides mobilisables

Ce projet à destination des éleveurs de la Montagne ardéchoise bénéficie de subventions à l'investissement de la Région Auvergne Rhône-Alpes (Aura) dans le cadre du Contrat vert et bleu Devès, Mézenc, Gerbier. « Ces aides peuvent couvrir jusqu'à 50 % du montant éligible pour l'achat de plants, de matériel de protection contre le gibier, de mise en place de paillage... », expose Nicolas Beillon.

Des fonds de financement privés proposent aussi un soutien à la plantation de haies et autres aménagements agroforestiers, à l'instar du programme "Plantons France" géré par l'Afac-Agroforesteries (aides à l'achat de plants) ou celui, plus récent, coordonné par l'association française d'agroforesterie (Afaf).

D'autres aides devraient être mises en oeuvre dans le cadre du « plan de relance » du Gouvernement (voir ci-contre) ou de la future Pac (Feader).

Mylène Coste

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Le chiffre à retenir

7 000

C'est le nombre de kilomètres de haies que le plan de relance annoncé par le Gouvernement ambitionne de mettre en place sur deux ans (2021-2022), dans le cadre du Plan de relance. Les agriculteurs pourraient ainsi bénéficier d’une aide pour planter 2 km de haie sur leurs parcelles, est-il précisé. Par ailleurs, « un nouvel installé pourra bénéficier d'un accompagnement pour réaliser un bilan carbone de son exploitation et ainsi identifier les leviers agro-écologiques à sa disposition ».

 

De quoi parle-t-on ?

AGROFORESTERIE /

« L’agroforesterie désigne l’ensemble des pratiques qui associe une activité agricole (élevage, culture) à la plantation de haies, arbres ou arbustes, à l'intérieur ou autour de la parcelle productive », indique Nicolas Beillon.

« En Ardèche, bon nombre d’élevages font déjà de l’agroforesterie sans le savoir, affirme-t-il. On recense environ 25 000 ha de bois pâturés, soit 20 % de la surface pastorale du département ; ces pratiques ancestrales se rapprochent du sylvo-pastoralisme, une des formes d'agroforesterie parmi les plus répandues en France et dans le monde. » 

 

Plusieurs éleveurs de la Montagne ardéchoise ont participé à une formation Agroforesterie le 22 octobre à Coucouron.
Plusieurs éleveurs de la Montagne ardéchoise ont participé à une formation sur l'agroforesterie organisée par la Chambre d'agriculture, le 22 octobre à Coucouron.