NORD-ARDÈCHE
L’agroforesterie prend racine à Sécheras

Mylène Coste
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NORD-ARDÈCHE / En maraîchage aussi, l'agroforesterie présente bien des intérêts. Pour s'en convaincre, il suffit de se rendre à la Ferme des Marettes, à Sécheras.

L’agroforesterie prend racine à Sécheras
Joël Lecocq compte implanter des haies brise-vent et quelques arbres méditerranéens sur sa parcelle, afin de créer de l’ombrage.

Maud Arquillière et Joël Lecocq se sont lancés il y a un an dans le maraîchage en créant la Ferme des Marettes, à Sécheras, qui comprend 7 000 m2 en maraîchage bio. L’exploitation compte aussi quelques chèvres, une dizaine de poules, un cochon nain et bientôt un âne, à vocation plutôt pédagogique : « Nous accueillons régulièrement des familles et des écoles ».

Des haies brise-vent pour protéger les cultures

Dès leur installation, le couple décide de se lancer dans l’agroforesterie : « Faire pousser des arbres et des haies prend du temps, autant s’y mettre le plus tôt possible ! » Lauréate d’un appel à projet de l’association française d’agroforesterie (Afaf), l’exploitation bénéficie de subventions pour l’implantation de haies et arbres. « Le principal objectif est de protéger les cultures du vent, affiche Joël Lecocq. Nous allons installer des haies brise-vent au Nord et au Sud de nos planches de maraîchage (1 arbre / 1 m). La théorie veut qu’un mètre de haie protège au moins 10 m au sol. Nous avons donc choisi des haies basses, de 2,5 m de hauteur pour protéger 25 m de cultures au sol, sans créer trop d’ombrage. » 

« Une autre haie à l’ouest de la parcelle doit protéger les cultures des tempêtes, mais aussi dissuader la faune d’attaquer les cultures, notamment les lièvres qui se régalent avec nos choux », poursuit-il. Pour toutes ces haies, le maraîcher a opté pour des noisetiers, sureaux, groseillers, mûriers blanc et noir, ou encore églantiers pour favoriser la biodiversité en attirant des oiseaux, crapauds, hérissons… Il entend aussi installer des protections contre les sangliers.

Tout au nord, une haie haute (20-25 m) composée de frênes, charmes et arbustres va être plantée pour atténuer les effets du vent sur au moins 250 m. « Il faudra attendre une vingtaine d’années avant d’en connaître les bénéfices. »

Attirer les auxiliaires et atténuer la sécheresse

« Sécheras porte bien son nom : l’été est terriblement sec, affirme Joël Lecocq. Nous avons même été envahis par les criquets, sans doute à cause de la sécheresse : ils viennent chercher de l’eau là où il y en a, dans les légumes, et grignotent tout au passage. » Avec la plantation de haies mais aussi de couverts végétaux, le jeune maraîcher espère répartir l’hygrométrie sur la parcelle et dévier les criquets vers d’autres sources d’eau (baies, engrais verts). « À proximité des cultures, une mare et une haie sèche composée de branches mortes en décomposition, doivent attirer reptiles, amphibiens et autres auxiliaires qui puissent nous aider à réguler les ravageurs, et surtout les criquets ! »

Des oliviers et amandiers vont être plantés à divers endroits pour créer de l’ombrage. Les planches sont également paillées pour maintenir l’humidité des sols. Du côté du poulailler, des arbres fruitiers vont être plantés et ainsi bénéficier du fumier des poules. 

Pour tous ces aménagements, et notamment l’achat de plants, la Ferme des Marettes bénéficie d’une prise en charge à 100 % des investissements, soit environ 1600 €. « Seuls les protections anti-gibier et le système d’arrosage pour les premières années des haies sont à notre charge », indique Joël Lecocq. Il nous donne rendez-vous dans quelques années pour en évaluer les premiers résultats !

Mylène Coste

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