BIEN-ÊTRE ANIMAL
Living Lab Lapins : des logements innovants pour demain ?

Alors que la pression sociétale ne cesse de s’accentuer en termes de bien-être animal dans l’élevage, la filière cunicole étudie de nouveaux systèmes d’élevage socialement adaptés.

Living Lab Lapins : des logements innovants pour demain ?
Le projet Living Lab Lapins vise à concevoir des systèmes cunicoles qui prennent en compte le bien-être des animaux en élevages cunicoles. (Crédit : Xavier Remongin_agriculture.gouv.fr)

Tandis que la consommation de viande de lapin est en baisse depuis plusieurs années, les élevages cunicoles sont régulièrement pointés du doigt. En cause, les attentes sociétales de plus en plus fortes concernant le bien-être animal et les conditions d’élevage. Pour faire face à ces difficultés, les acteurs de la filière – ONG engagés dans la défense de la cause animale, éleveurs, abatteurs, distributeurs, vétérinaires, association de consommateurs – se sont réunis autour d’un même projet : Living Lab Lapins*. « Nous sommes dans une démarche participative. Ce projet vise à concevoir des systèmes cunicoles qui représentent une évolution notable pour le bien-être des lapins et perceptible par les consommateurs, de la conduite et des caractéristiques techniques du logement des lapins », souligne Laurence Fortun-Lamothe, chercheur scientifique à l’Inrae. Une évolution qui tend toutefois à maintenir la santé des animaux, le travail et le revenu de l’éleveur ainsi que le prix de la viande.
Ainsi, l’évaluation des conséquences socio-économiques de modifications de la conduite ou du logement des lapins se fait à travers des modifications élémentaires (une seule chose à modifier) ou des systèmes innovants qui combinent plusieurs modifications élémentaires.

Une meilleure expression des comportements naturels

Il convenait ainsi d’évaluer les effets de la taille du logement et de son agencement (hauteur, longueur), son enrichissement (matériaux à ronger, terriers), la taille du groupe et sa densité, etc. Dans ce cadre, le projet Living Lab Lapins a permis de se focaliser sur des innovations permettant aux lapins de mieux exprimer leurs comportements naturels (se dresser, ronger, bondir…) et donc, de favoriser le bien-être animal. Pour ce faire, de nombreux paramètres ont été pris en compte, notamment en termes d’investissement de bâtiments (besoin de surfaces supplémentaires, rénovation), de logements (logements additionnels ou rénovation), voire de petits matériels (repose pattes, support de bloc à ronger, terriers), etc. « Nous avons également tenu compte des modifications des performances techniques (mortalité, indice de consommation, taux de saisies sanitaires), des charges variables (consommation d’eau et d’énergie en fonction de la taille du bâtiment ou de l’enrichissement du logement), ainsi que du temps de travail pour l’éleveur (tâches additionnelles estimées), poursuit Laurence Fortun-Lamothe. L’ensemble de ces quatre niveaux de conséquences nous a permis de calculer le coût de production, les investissements et la rémunération possible de l’éleveur ».

Quel impact pour le consommateur ?

Les résultats de cette étude affichent des taux variables, en fonction des modélisations réalisées. Deux systèmes innovants qui représentent « d’une part le minimum des ONG, d’autre part l’optimum de la filière », ont été retenus pour être testés en conditions réelles sur des élevages au cours de l’année 2021. Le projet (2018-2021) avec un budget de 534 000 € est porté par le laboratoire « Génétique physiologie et systèmes d’élevage » (Inrae, INP-Ensat, ENVT) et soutenu par le comité interprofessionnel du lapin (Clipp). « Il faut désormais aller un peu plus loin dans la démarche pour essayer d’évaluer les conséquences sur le prix de la viande pour le consommateur. Cela va nous demander de réfléchir sur les marges abattoir et distributeur », conclut Laurence Fortun-Lamothe. Les innovations seront désormais testées en conditions réelles chez des éleveurs au cours de l’année 2021.

Amandine Priolet

* La méthode du Living Lab est préconisée par le ministère de l’Agriculture dans le rapport « Agriculture Innovation 2025 ». Elle consiste à mettre les utilisateurs au centre du dispositif de recherche pour aboutir à des innovations qui correspondent à leurs attentes.