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Enseignement agricole : les sénateurs lancent une mission d'information

La mission d’information du sénat sur « l’enseignement agricole, outil indispensable au cœur des enjeux de nos filières agricoles et alimentaires » a démarré le 2 mars. Le point avec son président Jean-Marc Boyer, sénateur du Puy-de-Dôme. 

Enseignement agricole : les sénateurs lancent une mission d'information
Jean-Marc Boyer, sénateur du Puy-de-Dôme et rapporteur de la mission d’information du sénat sur « l’enseignement agricole, outil indispensable au cœur des enjeux de nos filières agricoles et alimentaires ». (Crédit : CR)

Le 3 février dernier, les sénateurs officialisaient la création d'une mission d'information sur l'enseignement agricole. Pourquoi cette démarche ?

Jean-Marc Boyer : « L’enseignement agricole est un sujet particulièrement important pour nos jeunes, pour nos territoires et pour l'avenir de nos filières agricoles et alimentaires. Il constitue un véritable atout pour notre pays. Au regard des enjeux qui s’imposent aux professionnels de l’agriculture, aux filières agricoles et alimentaires, il nous est apparu important de voir comment l’enseignement agricole pouvait y répondre. Nous avons pour cela besoin de disposer d'un panorama précis de l'enseignement agricole aujourd'hui et de recueillir des éléments d'analyse prospectifs. Tous les établissements agricoles (lycées, enseignement supérieur, MFR…) sont visés par la démarche. Cette mission d’information est aussi l’occasion de (re)situer la place de l'enseignement agricole dans le système éducatif français. Sur le plan pédagogique comme en matière d'organisation, l'enseignement agricole a toujours été précurseur. Son fonctionnement par spécialités, axé notamment sur l’alternance, les stages et l’immersion dans le monde professionnel, est « envié » par l’Education nationale qui régulièrement cherche à copier son fonctionnement.  Ainsi par exemple, la réforme du Baccalauréat ne fait que transposer ce qui existe depuis une vingtaine d'années dans l'enseignement agricole. » 

Concrètement comment va se dérouler cette mission d’information ?

J-M.B. : « L’idée est de partir des besoins des filières pour définir la nature d’un enseignement agricole qui soit adapté et capable de relever les défis qui font face à l'agriculture. Nous allons commencer par auditionner différents acteurs : l’INRAe, la DRAAF, les représentants des syndicats agricoles, les coopératives, les établissements d’enseignement agricole, des anciens élèves ingénieurs… la liste est longue ! Nous avons débuté le 2 mars avec l’audition de la Déléguée régionale de l’Enseignement et de la Recherche afin de faire un premier tour d’horizon et voir ses orientations pour l’enseignement agricole. Un questionnaire va également être envoyé dans tous les établissements agricoles afin qu’ils se prononcent sur leurs filières et sur l’avenir qu’ils souhaitent donner à leurs structures pour répondre aux nombreux défis :  réchauffement climatique, transition écologique et énergétique, bien-être animal, demandes sociétales, nouvelles consommations, etc. »

Allez-vous faire des propositions à l’issue de ces auditions ?

J-M.B. : « Idéalement, nos travaux devraient aboutir d'ici la fin du mois de juin. Nous présenterons alors nos préconisations en assemblée afin qu'elles puissent être prises en compte dans la préparation du projet de loi de finances pour 2022. Cela nous laisse environ trois mois pour mener des auditions et effectuer des déplacements sur le terrain, sous réserve de l'évolution de la situation sanitaire. »

Dans une vie antérieure vous avez été enseignant au sein du système éducatif agricole. Vous connaissez donc bien le sujet. Qu’attendez-vous de cette mission d’information ? 

J-M.B. : « Je souhaite que ce travail aboutisse à davantage de cohésion entre l’enseignement et les attentes de la société. Il existe souvent un décalage entre l'orientation donnée et les besoins réels. De nombreux titulaires de certains cursus de formation ont du mal à trouver un emploi, faute de débouchés à l'issue de leur formation. Il faut donc travailler sur l'adéquation entre les besoins anticipés et le contenu des formations. Plus globalement, j'attends de cette mission qu'elle accompagne demain les jeunes dans les différents métiers issus de l'agriculture et de ses filières en proposant des évolutions dans l'enseignement agricole. »

Propos recueillis par Charlotte Rolle  

Un maillage dense

La mission d'information sur l'enseignement agricole a été créée à l'initiative du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (RDSE). Elle est constituée de 23 membres issus de plusieurs groupes parlementaires. Jean-Marc Boyer sénateur du Puy-de-Dôme en est le président, et Nathalie Delattre, sénatrice de la Gironde, la rapporteure. En France on compte près de 800 établissements scolaires agricoles dont 216 lycées agricoles publics, 214 lycées agricoles privés et 365 maisons familiales rurales (MFR). « Cela témoigne de l'importance de l'enseignement agricole en matière d'aménagement du territoire », souligne Jean-Marc Boyer. 

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