CRISE SANITAIRE
Bruxelles promet 15 milliards pour l’agriculture

A.G.
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CRISE SANITAIRE / Dans le cadre de son fonds de relance européen, la Commission européenne propose de débloquer une enveloppe supplémentaire de 15 Mrds € pour le deuxième pilier de la Pac afin, entre autres, de soutenir la transition verte du secteur.

Bruxelles promet 15 milliards pour l’agriculture
Le fonds de relance de 750 Mrds € pour soutenir l’économie européenne touchée par la crise du coronavirus, prévoit un financement de 15 Mrds € pour l’agriculture, qui viendrait renforcer le second pilier de la Pac.

La Commission européenne a présenté le 27 mai une nouvelle proposition pour le cadre finan-cier pluriannuel de l’UE pour la période 2021-2027, qui prévoit un fonds de relance de 750 milliards d’euros (Mrds €) pour soutenir l’économie européenne touchée par la crise du coronavirus. Et dans ce cadre, est prévu un financement de 15 Mrds €, qui viendrait renforcer le budget du Fonds européen agricole pour le développement rural, second pilier de la Pac.

Cette enveloppe supplémentaire doit permettre d’accompagner les agriculteurs dans la transition verte que souhaite engager la Commission européenne avec ses stratégies « de la ferme à la table » et « biodiversité 2030 ». En prix constants 2018, le budget total de la Pac atteindrait donc 348,3 Mrds €, dont 90 Mrds € pour le deuxième pilier (qui avait été fortement amputé dans le cadre de la précédente proposition de la Commission européenne) et 258 Mrds € pour le premier (paiements directs et mesures de marché). Hors plan de relance, la Commission maintient en réalité sa proposition de budget de la Pac, soit une baisse de 12 % en euros constants. Une fois pris en compte les 15 Mrds € supplémentaires, cette baisse est ramenée à un peu moins de 9 %.

Green deal et Covid-19

Le fonds de relance de 750 Mrds € de-vrait principalement profiter aux États membres les plus touchés par l’épidé-mie de coronavirus, dont l’Italie et l’Es-pagne. 500 Mrds € seront redistribués sous forme de subventions et le reste en prêts aux États. « La politique agricole commune et la stratégie « de la ferme à la table » aideront nos agriculteurs et notre secteur agricole à prospérer et à continuer à nous fournir les denrées alimentaires abordables, nutritives, sûres et durables dont nous avons besoin, tout en renforçant nos chaînes d’approvisionnement et en répondant aux problèmes qui ont été exposés pendant la crise», promet la Commission européenne.

Cet instrument de relance viendra s’ajouter aux 240 Mrds € de prêts du Mécanisme européen de stabilité, aux 200 Mrds € du fonds de garantie pour les entreprises et aux 100 Mrds € de l’instrument créé pour soutenir le chômage partiel. La Commission a par ailleurs donné son feu vert à plus de 2000 Mrds € d’aides d’État depuis le début de la crise, dont près de la moitié débloquée par le gouvernement allemand pour soutenir ses entreprises. Une situation qu’elle déplore mais contre laquelle, faute de budget jusqu’à présent, elle n’a rien pu faire : « Cette situation a des répercus-sions considérables sur le marché unique et accentue les divergences et les disparités entre les États membres. Cela se traduit par le fait que la récession sera proche de 10 % pour certains pays, contre une moyenne de 6 à 7,5% ailleurs ».

Des efforts encore insuffisants

« Je salue cette reconnaissance euro-péenne de l’engagement de nos agricultrices et agriculteurs », a déclaré le ministre de l’Agriculture français Didier Guillaume, dans un communiqué le 28 mai. Selon lui, cette proposition à la hausse « est un succès des actions menées par le président de la République pour que la Pac reste une politique eu-ropéenne prioritaire ». Pour les orga-nisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca), «l’augmentation de 15 Mrds € pour le développement est un premier pas positif, cependant, les agri-culteurs européens restent déçus par les montants alloués à la Pac dans le cadre de la proposition de cadre financier plu-riannuel révisé. La réduction de quelque 8,8 % des soutiens directs en termes réels dans une période où tant de pressions et d’attentes sont exercées est tout simplement inacceptable ». Le Copa-Cogeca de-mande donc le même soutien financier que dans le cadre financier pluriannuel actuel.

A.G.