EMPLOI
Légère augmentation des déclarations d’embauche

Anaïs Lévêque
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EMPLOI / Entre janvier et avril derniers, la MSA Ardèche Drôme Loire a constaté une augmentation de 2 % des déclarations d’embauche par rapport à 2019.

Légère augmentation des déclarations d’embauche

Cette sensible augmentation est marquée par de fortes évolutions d’un mois sur l’autre, notamment celles des mois de janvier (+ 19 %) et de mars (- 9 %). En avril où le confinement était total, l’embauche déclarée à la MSA Ardèche Drôme Loire a augmenté de 0,6 %. Pour l’heure, la typologie des contrats de travail et le nombre d’heures travaillées concernés ne sont pas connues.

Des travaux en avance mais réduits

La vigne et les vergers sont en avance de 8 à 15 jours cette année. Cette avance s’est un peu plus accentuée avec les récentes alternances de pluies et de soleil. Les embauches pour réaliser les chantiers ont donc été réalisées plus tôt dans la saison.

Pour autant, le besoin de main-d’œuvre est très réduit dans les vergers, les cultures maraîchères et les vignes impactées par les épisodes de gel fin mars. L’éclaircissage des arbres fruitiers a été effectué sur une semaine par endroits, habituellement réalisé sur un mois. À la Voulte-sur-Rhône, Christophe Louis a recruté quatre salariés, au lieu d’une quinzaine en temps normal pour ses vergers d’abricots, pêches et pommes. « Cette année, nous en recruterons au maximum 10, mais pas au-delà de 15 jours. Nous ne ramassons rien, nous n’aurons pas davantage de fruits sur les deux prochaines semaines. »

Surcharge de travail en vente directe

En vente directe, les nouvelles méthodes de travail liées au contexte sanitaire devraient se poursuivre au moins jusqu’à la fin de l’été. L’accroissement de la demande et des recettes s’y maintient, avec des prix actuellement plutôt satisfaisants en fruits et légumes. L’embauche est globalement en progression. « Le nombre de vendeurs a augmenté en moyenne de 30 % depuis mi mars », estime Benoit Nodin, responsable de la section Emploi à la FDSEA.

À la différence des chantiers dans ses vergers, Christophe Louis a doublé le nombre de ses salariés dédiés à la vente directe pour assurer le service de vente par livraison qu’il a mis en place pendant le confinement. Ses embauches concernent des contrats courts et se poursuivent actuellement car la demande ne désemplit pas. Il a aussi recruté un salarié pour le nettoyage et la désinfection des ses points de vente en fin de journée.

Néanmoins, il est parfois difficile de trouver un équilibre financier permettant d'enbaucher, notamment pour les producteurs arboricoles qui connaissent de grandes pertes de production suite au gel et s’approvisionnent en extérieur pour maintenir leur offre en magasin.

Gestion de l’exploitation et vie familiale

Face à la fermeture des écoles, la majorité des agriculteurs ont assuré leur travail et l’école à la maison mais certains travaux ne peuvent plus être retardés, la saison des fourrages n’ayant rien arrangé. C’est le cas d’Aurélie Braesch, installée avec son mari en élevage caprin fromager et castanéiculture à Genestelle, mère de deux enfants de 4 et 10 ans. Le travail en élevage ne s’arrête pas depuis février : « Mon mari s’est occupé de l’école à la maison mais il est indispensable pour les foins depuis deux semaines. Nous avons deux mois de travail en retard : entretien, clôtures, débroussaillage, réparations mécaniques, transport de chèvres à l’abattoir... Ce n’est plus possible ! » Située sur un sentier de randonnée, elle transforme et vend ses fromages et ses glaces en direct à une clientèle venue pour le week-end ou les vacances qu’elle espère retrouver prochainement. Dès que la MSA a mis à disposition une aide pour être remplacé (112 € / jour), elle a recruté deux Tesa pour l’aider sur l’exploitation. « Leurs horaires sont calculés selon cette aide car nous sommes limite en trésorerie, mais nous les garderons jusqu’à la fin du statut de crise sanitaire, le 15 juillet. »

Anaïs Lévêque

« Un appui immédiat »
Sabine Palisse.

« Un appui immédiat »

QUESTIONS À / Sabine Palisse, co-présidente de la fédération départementale du service de remplacement (SR) en Ardèche.

Avez-vous constaté une augmentation des demandes de service de remplacement ?

Sabine Palisse : « Oui et non, nous avons constaté une baisse d’activité sur mars et avril, et prévoyons une reprise en mai mais cela ne veut pas dire que les exploitants n’ont pas eu besoin d’embaucher. Il y a des réticences sur le coût d’un remplacement dans les exploitations qui ont eu des baisses de production et de revenus. »

À quels types de besoin correspondaient-elles ?

S.P. : « De garde d’enfants ou de maladies principalement, autres que celle du Covid-19. Depuis 3 mois, les exploitants ont eu besoin de réponses concrètes, difficilement accessibles vu que les bureaux de la MSA étaient fermés. Nous avons fait le lien pour les orienter et trouver des solutions adéquates, notamment financières. »

Pensez-vous que cette situation se poursuivra dans les prochaines semaines ?

S.P. : « Tant que des enfants ont école à la maison, ces demandes risquent de se poursuivre, sans doute jusqu’à mi juillet. Avec l’accumulation de travail, les exploitants ont aussi pris du retard sur certains travaux qu’ils devront rattraper. Face à la surcharge de travail, dans des conditions très difficiles parfois, ils auront également besoin de souffler et de s’évader ailleurs qu’à la maison et du travail quotidien, en élevage notamment. »

Y-a-t-il assez de salariés aux SR ardéchois pour répondre à leurs besoins ?

S.P. : « Nous avons 15 salariés en CDI et faisons appel à une centaine de CDD. Quelque soit les difficultés que rencontrent les exploitants adhérents au SR, nous pouvons leur apporter un appui immédiat car nous avons une structure qui couvre tout le département et des services locaux sur le terrain. Nous pouvons effectuer rapidement toutes les démarches d’embauche, documents d’évaluation des risques de nos adhérents, fiches de salaires, etc. Nos salariés connaissent souvent l’exploitation où ils travaillent, par l’intermédiaire de stages par exemple, et sont opérationnels. »

Propos recueillis par A.L.

Plus d’infos sur www.servicederemplacement.fr

« Nous n’arrivons pas à dépasser les 7 kg / heure »

« Nous n’arrivons pas à dépasser les 7 kg / heure »

RECRUTEMENT SAISONNIER / Certains employeurs ont reçu de très nombreuses candidatures. « Nous recevons des appels et des mails tous les jours », indique Christophe Louis, arboriculteur à La Voulte-du-Rhône, « mais nous n’avons pas de récolte donc nous ne pouvons pas embaucher pour le moment ». Arboricultrice à Orgnac-l’Aven, Christel Cesana a recruté, quant à elle, une trentaine de salariés locaux pour la récolte des cerises, soit « le double de personnes que d’habitude, pour ramasser deux fois moins de fruits. Nous n’arrivons pas à dépasser les 7 kg / heure », indique-t-elle. « La majorité d’entre eux sont très volontaires bien qu’ils n’aient jamais fait ce travail. Les mesures sanitaires nous retardent beaucoup mais je ne préfère pas embaucher plus de monde sinon ces mesures seront trop difficiles à mettre en place. »