LOUP
« Nous voulons que chaque loup qui s’attaque à un troupeau soit prélevé »

Sébastien Duperay
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LOUP / Audits auprès des élevages fortement prédatés, recommandation du préfet coordonnateur qui restreint les prélèvements de loups et chiens de protection : la profession reste vigilante alors que la pression de prédation ne faiblit pas. Le point avec Claude Font, secrétaire général adjoint de la FNO (éleveurs ovins), en charge du dossier loup.

« Nous voulons que chaque loup qui s’attaque à un troupeau soit prélevé »
Claude Font, secrétaire général adjoint de la FNO (éleveurs ovins), en charge du dossier loup.

Depuis le début de l’année, treize loups ont été prélevés en France1. L’an dernier, 98 individus avaient été détruits, atteignant pratiquement le plafond qui avait été fixé à 100 loups pour 2019. Sur le terrain, « la pression de prédation est toujours aussi insupportable pour les éleveurs et aussi forte dans les élevages », notamment dans les Alpes-Maritimes, en Isère et en Savoie, indique Claude Font, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale ovine (FNO), en charge du dossier loup.

Des audits sont actuellement menés par les services2 du préfet coordonnateur sur le loup et les activités d’élevage, auprès des cinquante éleveurs qui correspondent à 30 % de la prédation. Mais ces audits posent problème, indique Claude Font. « Nous étions plutôt d’accord » avec le principe d’analyser la situation d’éle-veurs qui concentrent la grande majorité de la prédation, confie-t-il, même si la profession est opposée à une « gestion différenciée ». Mais dans les faits, les éleveurs ressentent plutôt une remise en cause de « l’intervention » pour la défense de leurs troupeaux, rapporte le professionnel.

Une situation dénoncée lors du dernier Caf loup qui regroupe le syndicalisme agricole majoritaire et les Chambres d’agriculture, qui s’est réuni le 28 mai. « Lors du groupe national loup qui se tiendra le 8 juin à Lyon, nous allons demander une remise à plat de l’objectif de ces audits. Car s’il s’agit d’une remise en cause du travail de l’éleveur, on arrête tout de suite », prévient Claude Font, qui en attend plutôt « des procédures d’intervention plus efficaces pour se défendre du loup ». Attention aussi à ne pas oublier, pendant ce temps-là, ce qui se passe dans les autres territoires, alerte-t-il.

Une recommandation restrictive

Lors du prochain groupe national loup, le responsable souhaite également demander l’annulation de la recommandation adressée le 14 avril par le préfet coordonnateur aux préfets de départements, « de faire intervenir les lieutenants de lou-veterie sur des tirs de défense renforcée uniquement sur les élevages qui ont subi une attaque depuis le 1er janvier et qui ont des pertes importantes ». Une instruction qui restreint les possibilités de prélèvements, commente Claude Font. « Or, ce que nous voulons, c’est que chaque loup qui s’attaque à un troupeau soit prélevé. » Même si le préfet coordonnateur a laissé la possibilité aux chasseurs d’intervenir, ceux-ci n’ont pas la même expérience que les lieutenants de louveterie, ni le même équipement de tir, défend le res-ponsable.

Autre sujet à l’ordre du jour du dernier Caf loup, celui des chiens de protection. « Avec la création du cercle 3, qui ouvre le droit aux éleveurs d’être financés pour l’acquisition et l’entretien de chiens de protection sur l’ensemble du département prédaté, on multiplie leur nombre et les problèmes de cohabitation avec les popu-lations locales, voisins, touristes, collectivités », déclare l’éleveur. Les rappels à la loi à l’encontre d’éleveurs se multiplient : il faut reprendre le travail sur leur statut juridique, insuffle Claude Font. Le 8 juin à Lyon, le décompte du nombre de loups présents sur le territoire sera actualisé. Le dernier recensement de juin 2019 faisait état de 530 individus. Leur nombre devrait être supérieur à 500, selon le responsable professionnel. Cet effectif sera déterminant pour le nombre de prélèvements autorisé d’ici au 31 décembre 2020, le taux étant fixé à 17 %, augmenté de 2 % en cas de besoin, renouvelable une fois.

Sébastien Duperay

1. Chiffres au 10 avril du Protocole d’intervention sur la population de loups : http://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/mission-loup-r1323.html
2. Directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal), Directions régionales de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (Draaf) et Office français de la biodiversité (OFB).