MYRTILLE
Année noire pour la perle bleue

Mylène Coste
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Le gel d’avril a eu raison de la récolte des myrtilles sauvages dans les landes de pentes. Sur le plateau , toutefois, les producteurs ont eu davantage de chance. 

Année noire pour la perle bleue

« C’est la catastrophe, on ne peut pas le dire autrement », déplore Francis Giraud, producteur de myrtilles sauvages à Saint-Julien-du-Gua. Et pour cause : la récolte, cette année, est quasiment nulle. La faute au gel d’avril qui a endommagé les landes. « Sur les terrains les plus bas, les fleurs étaient déjà ouvertes, et on savait qu’on n’aurait pas de fruits. Mais plus haut, on pensait récolter quelque chose. En réalité, les bourgeons étaient déjà en sève, et n’ont pas résisté au gel. » Pour Francis Giraud, la récolte est anecdotique : « Même à plus 1100 m d’altitude, nous n’avons quasiment rien eu. Nous avons à peine ramassé 300 kg, contre 3 à 4 t pour une année normale. Et de relativiser : Quoi qu’il en soit, les rares clients que nous avons pu servir ont été très contents ! »

Course contre la drozophila suzukii sur les hauteurs

François Blache, producteur à Marcols-les-Eaux et président de l’association La Myrtille Sauvage d’Ardèche, qui regroupe une quinzaine de producteurs, indique : « Au-dessous de 1000 m, on a à peine 10 % de la récolte. Plus haut, c’est toutefois beaucoup mieux, avec de belles myrtilles en bonne quantité. Mais avec l’humidité et la chaleur, il nous faut aller vite pour ne pas se faire prendre de vitesse par la drosophila suzukii, surtout dans les parcelles ombragées ».

Expéditeur de myrtilles sauvages à Prades depuis les années 1930, la jardinerie Pontier & Fils vend des fruits à des particuliers, restaurateurs et pâtissiers locaux, ainsi qu’à une dizaine de transformateurs et confituriers. « Cette année, il est difficile de trouver de la myrtille chez nos fournisseurs traditionnels à Saint-Pierreville, Burzet ou Le Cheylard, souligne Lionel Pontier. Si la récolte est bien meilleure dans les hauteurs, on reste sur de faibles volumes : 30 à 50 t contre 100 à 150 t les meilleures années. »

Une déception pour les producteurs, à l’heure où la myrtille sauvage d’Ardèche n’a jamais été aussi convoitée. Une notoriété qui se traduit dans les prix, situés entre 9 et 10 €/kg.

M.C.

Reconquérir les landes à myrtille

« Ne pas laisser la forêt envahir la myrtilleraie » : telle est, des mots du maire de Loubaresse Julien Goube, l’objectif principal de l’opération qui doit être menée sur une parcelle communale de presque 3 ha, dans l’année qui vient. « Nous travaillons avec le Parc des Monts d’Ardèche pour nettoyer, remettre en état et réaménager cette parcelle qui peu à peu tend à disparaître sous la forêt, explique l’édile. Jusqu’ici, ce terrain est loué à des agriculteurs ; l’objectif est de maintenir son potentiel agricole. L’opération a également un intérêt patrimonial et environnemental. » 

La reconquête des landes à myrtilles est un enjeu majeur pour la filière. Ce qui est possible à Loubaresse, où ces landes sont majoritairement propriétés communales, n’est toutefois pas envisageable dans la majeure partie des cas, sur terrains privés. « Beaucoup de petites parcelles de myrtilles ne sont pas entretenues ni ramassées, faute d’intérêt de la part des propriétaires, privés, qui n’ont pas toujours conscience de l’enjeu, et ne sont pas intéressés », regrette François Blache, président de l’association La Myrtille Sauvage de l’Ardèche. 

Reconquérir les landes à myrtille, sur le modèle de ce qui a été entrepris pour la châtaigne ? Beaucoup en rêvent, mais le projet semble difficile à mettre en œuvre : « La filière n’est pas suffisamment structurée. Il y a pourtant un réel enjeu économique derrière ». Si un programme de reconquête à grande échelle semble difficilement envisageable, le Parc des Monts d’Ardèche travaille ça et là avec des élus qui souhaitent agir dans leur commune. 

Jusqu'à 1000 mètres, la récolte de myrtille sauvage a été quasiment nulle, emportée par le gel d'avril.

Jusqu'à 1000 mètres, la récolte de myrtille sauvage a été quasiment nulle, emportée par le gel d'avril.
Jusqu'à 1000 mètres, la récolte de myrtille sauvage a été quasiment nulle, emportée par le gel d'avril.
Le marché de Mézilhac est annulé

Le marché de Mézilhac est annulé

Comme chaque année, devait se tenir le traditionnel et convoité marché de la myrtille, à Mézilhac. Le Covid-19 en a voulu différemment… Prévu le samedi 7 août, l’événement a finalement été annulé par l’association La Myrtille Sauvage d’Ardèche. « Ce n’est pas de gaité de cœur, regrette François Blache, son président. Mais la mise en l’obligation du pass sanitaire est trop compliquée à mettre en œuvre, compte tenu du nombre de visiteurs. »