PLAN DE RELANCE
250 M€ pour les exportations agroalimentaires v2

FRANCE / Les entreprises agroalimentaires ont vu leur chiffre d’affaires à l’export fondre depuis la crise de la Covid-19. Le gouvernement entend les soutenir via un plan de relance pour les aider à reconquérir leurs parts de marché à l’international.

250 M€ pour les exportations agroalimentaires  v2
Les exportations agroalimentaires françaises ont représenté 64 milliards d’euros en 2019, au sixième rang des exportations mondiales.

Malgré la crise et l’annulation du Salon international de l’Alimentation (SIAL), il faut penser à la relance des exportations agroalimentaires. Le sujet est brûlant car ces dernières ont représenté 64 milliards d’euros en 2019, au sixième rang des exportations mondiales, mais un tiers des exportateurs du secteur ont suspendu leur activité export en 2020 à la suite de la crise de la Covid-19, soit deux fois plus que la moyenne des entreprises exportatrices. « La France a une image excellente en matière de qualité, de traçabilité des produits alimentaires, même si la crise sanitaire a beaucoup touché le secteur, a lancé le ministre de l’Agriculture, Julien de Normandie, le 22 octobre dans le cadre du Relance Export Tour. Je vois beaucoup de résilience et de solutions pour y faire face. Nous devons choisir l’action, car les opportunités sont là. Pour avoir une agriculture forte, il faut qu’elle exporte ». 

Ouverture de marchés

Le montant du plan de relance pour l’agroalimentaire s’élève à 1,2 milliard d’euros, dont 250 millions dédiés à l’export. Parmi les aides, coordonnées par Business France, depuis le 1er octobre, 2 500 euros sont versés à toute entreprise participant à une action « de projection » sous le Pavillon France, « afin de créer un climat de confiance et permettre de faire le pari de l’export » ; un chèque Volontariat international en entreprise (VIE) de 5 000 € est versé pour toute embauche d’un apprenti ; un nouveau site internet, Taste France, est lancé en plusieurs langues pour valoriser les filières vis à vis du BtoB (il existait déjà à destination des consommateurs) ; un livre blanc « Où exporter » avec une analyse des effets de la crise sanitaire, un focus sur les circuits de distribution et 50 fiches techniques pays, vient aussi d’être édité. Enfin, Julien de Normandie a souligné l'importance de la diplomatie économique, qui a permis d’ouvrir le marché de Singapour, les accords pour la viande bovine au Japon ou la protection des appellations en Chine.  

Brexit et taxes Trump

Mais le ministre s’inquiète beaucoup pour le Brexit. « Qu’il y ait accord ou pas, beaucoup de choses vont changer, on ne connaît pas les règles que le Royaume-Uni va mettre en place, il peut y avoir un afflux de produits européens dans l’Hexagone comme le bœuf irlandais ou le porc allemand si ces pays rencontrent des difficultés à exporter outre-Manche. Il faut s’y préparer. » Idem sur le dossier délicat des relations entre l’Europe et les Etats-Unis, avec l’autorisation de l’OMC de taxer les produits américains pour un montant de 4 milliards d’euros. « Il faut éviter l’escalade, les incertitudes sont colossales, mais nous serons là pour vous épauler », a lancé Julien Denormandie à destination des dirigeants d’entreprise qui ont déjà eu à faire face à une taxe de 25 % sur les vins et spiritueux. 

Des opportunités existent

Une table ronde avec des exportateurs a aussi permis de faire état de leur retour d’expérience, avec un secteur bousculé par la réduction des déplacements et la suppression des salons. Le « distanciel » s’est imposé et change la nature des relations. « La relation commerciale est devenue encore plus importante », a indiqué Aude Saillant, dirigeante de la société de légumes cuisinés Prosain, qui exporte désormais à Singapour. Le groupe Avril a augmenté ses exportations d’huiles en Chine, à la faveur de la tension sur les marchés des oléagineux, tandis que les produits comme le sucre, les œufs, les sauces ont de plus en plus de succès sous l’effet des confinements et couvre-feux qui fleurissent partout. Les opportunités existent, mais beaucoup s’inquiètent pour leur carnet de commandes export pour les mois à venir. D’où sans doute l’importance du plan de relance gouvernemental pour l’exportation de l’agroalimentaire français.