RÉCOLTE

En Sud-Ardèche, la châtaigne retrouve ses couleurs

« Entre le cynips et les années de sécheresses, cela faisait longtemps que je n’avais pas fait une telle récolte. » Producteur à Vesseaux, Bernard Habauzit en est presque étonné : « J’étais inquiet en début de saison, car les premières variétés, hybrides, étaient véreuses et ont demandé un gros travail de tri. Le voilà rassuré : La bouche rouge, plus tardive, présente un bel aspect, un assez bon calibre (G2 à G3) et des volumes. Je devrais en récolter entre 4 et 5 t, contre 2,5 à 3 t les années passées. »

Un climat propice à la châtaigne

Il ne faut pas y voir un miracle. Les raisons de cette bonne récolte sont simples : « Il a fait chaud, mais surtout il a plu en quantité suffisante ! Nous avons eu 82 mm en mai, 58 mm en juin, 108 mm en juillet, 30 en août et 80 mm en septembre. De plus, mes parcelles sont situées à l’ubac, et profite du soleil levant », précise Bernard Habauzit. Une bonne nouvelle pour ce producteur qui cultive 0,5 ha de bouches de bétizac et 1,5 ha de bouches rouges en AOP et en conversion bio, entre 400 et 500 m d’altitude. La châtaigne représente en effet 25 % de son chiffre d’affaires, un complément non-négligeable à ses autres activités (cerise, abricot, mirabelle et figue).

À Antraïgues là-aussi, quantité et qualité sont au rendez-vous. « Nous avons tiré la langue durant deux ans, avec de gros problèmes de pourritures. Mais cette année, en comballe comme en bouche-rouge, la récolte est bonne », se réjouit Emilien Aymard, du Gaec du Régal. Associé à sa mère Béatrice et à son frère Gabin, il cultive 6 ha de garrinche et comballe et 7 ha de bouche rouge en AOP bio. « Le climat a été clément cette année, indique-t-il. On peut toutefois déplorer une perte de récolte dans les parcelles touchées par la grêle de l’an dernier. »

Des volumes bien supérieurs à l'an passé

Fin octobre, chez Vivacoop, la récolte encore loin d'être achevée atteignait déjà les niveaux de volumes collectés l'an dernier : « La production sera nettement supérieure à l'an dernier, et qualitative, avec de bons calibres, affiche Stéphane Allix, directeur administratif et financier de la coopérative. Elle est hétérogène selon les territoires : au Sud, certaines zones sont fragilisées par les sécheresses, l'encre et l'endothia, avec des dépérissements de châtaigniers. Certains secteurs à bouche rouge ont également été touchés par des coups de gel de fin septembre. Mais de Largentière à Vals-les-Bains en passant par Prunet et Jaujac, on a là une très belle récolte. »

Un bilan moins réjouissant pour les variétés précoces

Les variétés précoces n’ont pas profité des pluies, arrivées trop tardivement en saison pour contrer le stress hydrique. Bien que le bilan soit contrasté selon les secteurs, la bouche de bétizac, et plus encore la précoce des Vans, se sont faites rares.

Dans certains secteurs, comme à Vesseaux, les producteurs ont dû faire face à des phénomènes de pourriture sur ces variétés. « Nous avons eu près de 70 % de pertes en bétizac, principalement causées par la tordeuse, et dans une moindre mesure le carpocapse. Une grande quantité de châtaignes étaient véreuses », déplore Bernard Habauzit. Il irrigue pourtant ses vergers au microjet dès le mois de juin, de l’ordre de 800 m³ sur la saison.

Pour autant, « la saison commerciale pour ces variétés précoces s'est bien déroulée », affirme Stéphane Allix, directeur commercial chez Vivacoop . « Côté volumes, on est sur des niveaux similaires à l'an passé », précise-t-il encore.

Mylène Coste