ÉNERGIES RENOUVELABLES

L’agrivoltaïsme, au profit des énergies… et de l’agriculture !

Alors que l’accès au foncier est de plus en plus difficile, et freine tant le développement des installations photovoltaïques que celui du monde agricole, l’agrivoltaïsme permet ainsi de coupler énergie renouvelable et agriculture, sans conflit d’usage. Depuis quelques années, cette nouvelle technologie progresse en France et est de plus en plus prisée en agriculture. Elle fait ainsi l’objet de nombreuses expérimentations. Mais qu’en est-il concrètement ? Ce procédé consiste à couvrir certaines productions agricoles (viticulture, arboriculture, maraîchage) par un système de persiennes équipées de panneaux solaires amovibles et orientables, en fonction des nécessités d’ensoleillement ou d’ombrage des cultures. Ces panneaux jouent d’ailleurs un rôle de protection, et protège les cultures contre les intempéries de grêle ou l’exposition trop forte au soleil. L’appareillage est fixé à hauteur suffisante (4 m au-dessus du sol en moyenne) pour permettre le passage des engins agricoles dans les parcelles. « L’agrivoltaïsme vise à améliorer la performance agricole tout en apportant d’autres bénéfices comme la protection des cultures contre les aléas climatiques ou encore la diminution des consommations en eau. Véritable outil agricole, l’agrivoltaïsme dynamique permet également une production d’énergie solaire sans sacrifice des espaces dédiés à l’agriculture », explique Antoine Nogier, fondateur de Sun’Agri dans un communiqué de presse.

Sun’Agri, leader innovant sur le marché

La société Sun’Agri est le pionnier de cette technologie de rupture, qui a notamment été reconnue innovation de l’année par la filière viticole et arboricole mondiale en recevant la médaille d’or au Sitevi Innovation Awards en novembre 2019. En avril 2020, l’entreprise était également sortie grande gagnante de l’appel d’offres lancé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) à l’initiative du gouvernement. Cet appel d’offres portait sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité innovantes à partir de l’énergie solaire. La société a ainsi confirmé sa position de leader sur le marché.

Sun’Agri collabore notamment l’Inrae et Intelligence Technology Knowledge (ITK). C’est avec cette entreprise que la station expérimentale fruits de Rhône-Alpes (Sefra), basée à Etoile-sur-Rhône dans la Drôme, proposera une nouvelle expérimentation en fin d’année prochaine. Pour ce faire, quatre hectares de pêchers et d’abricotiers seront implantés début 2022, dont trois sous des panneaux agrivoltaïques et avec des filets anti-grêle. « L’idée est non seulement d’atténuer les aspects climatiques avec ce type de panneaux mobiles et pivotants, mais aussi d’assurer une certaine protection des cultures face au gel de printemps », explique Sophie Stevenin, directrice de la station. Il s’agira alors du premier verger de fruits à noyau en France à être équipé de ce système, ce qui permettra d’observer et d’analyser également le comportement global des arbres. « Un verger quelque peu futuriste, nous offrant la possibilité de produire des références objectives pour l’implantation de nouveaux vergers dans notre région », déclare la directrice.

Des expérimentations au niveau local

Par ailleurs, la compagnie nationale du Rhône (CNR) porte elle aussi un projet sur l’agrivoltaïsme, mené au sein de l’EPLEFPA de Lyon-Dardilly-Ecully. Financé à hauteur de 40 % par la région Auvergne Rhône-Alpes, ce projet (2021-2024), estimé à plus d’un million d’euros, repose sur 6 000 m² en plein champ et en pépinière, associant des cultures agronomiques et un système de panneaux solaires photovoltaïques mobiles. Durant ces trois années d’expérimentation, la moitié seulement de la superficie sera recouverte de panneaux photovoltaïques, l’autre moitié servant de zone témoin en vue d’en évaluer le rendement.

« Le projet de recherche vise à démontrer que la création d’un microclimat généré par les panneaux mobiles déployés au-dessus des zones de cultures permet de les protéger, d’en augmenter la productivité, tout en dépensant moins d’eau en répondant aux besoins essentiels de la plante, notamment en matière de luminosité », explique le producteur d’énergie. « Nous avons ici un projet très innovant pour lequel la Région a un intérêt tout particulier dans la mesure où il est tourné vers la préservation de l’environnement, qu’il favorise un modèle d’agriculture durable et qu’il implique nos lycéens dans la construction d’un projet d’avenir qui pourrait faire jurisprudence », a déclaré Éric Fournier, vice-président de la Région délégué à l’Environnement, au Développement durable, à l’Énergie et aux Parcs naturels régionaux, dans un communiqué. Initialement prévu en 2020, le projet sera finalement lancé l’an prochain. L’expérimentation, quant à elle, débutera à l’automne 2021.

Amandine Priolet