ÉNERGIE
« La plus grande vigilance s'impose sur le foncier »

Propos recueillis par Marc Nicolle
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PHOTOVOLTAÏQUE AU SOL / Jean-Luc Fugit, député LREM du Rhône, auteur d'un rapport présenté cet été sur « l'agriculture face au défi de la production d'énergie », rappelle qu'il convient, à propos du photovoltaïque au sol, d'être « très attentif au changement de destination des terres agricoles ». Il promeut la solution de l'agrivoltaïsme.

« La plus grande vigilance s'impose sur le foncier »
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Jean-Luc Fugit, député du Rhône : « C'est cette cohabitation entre l'agriculture et le photovoltaïque qu'il faut encourager ». ©Agrapresse

On parle de 20 000 hectares de terres, dont des terres agricoles, qui pourraient être couvertes par des centrales photovoltaïques au sol à l'horizon 2030. Le photovoltaïque au sol représente-t-il vraiment un enjeu foncier ?

Jean-Luc Fugit : « Oui, c'est véritablement un enjeu foncier. D'une manière générale, il faut être très attentif au risque de changement de destination des terres agricoles. Or, le changement de destination des terres arrive inéluctablement avec le développement du photovoltaïque au sol. Je propose que l'on soit vraiment vigilant sur les panneaux au sol, parce que le risque d'occupation, et donc d'artificialisation d'une certaine manière, est trop important. »

Ne risque-t-on pas d'entrer en contradiction avec l'objectif de transition énergétique ?

J-L.F. : « Une voie qui fait cohabiter l'agriculture et le photovoltaïque existe, c'est l'agrivoltaïsme. Il faut privilégier les panneaux verticaux ou en hauteur. L'agrivoltaïsme est la solution qui doit être, selon moi, soutenue pour éviter l'artificialisation des sols. C'est cette cohabitation entre l'agriculture et le photovoltaïque qu'il faut encourager. L'énergie la plus disponible sur terre est celle des photons du soleil, à nous de nous en servir au maximum comme le font les végétaux pour leur photosynthèse, mais pas n'importe comment. »

Par quels outils pourrait-on soutenir l'agrivoltaïsme ? Par des tarifs d'achat plus incitatifs ?

J-L.F. : « Le soutien à l'agrivoltaïsme peut, d'une part, passer par des appuis à la recherche et aux démarches innovantes, comme cela peut être fait pour le nouvel éolien. Les moyens d'amélioration techniques existent. L'innovation sait, par exemple, prendre en compte ce que nous apporte l'intelligence artificielle pour notamment réduire la problématique de l'intermittence de certaines sources telles que le photovoltaïque. Mais le soutien peut passer, d'autre part, par des tarifs d'achat, mais pour cela, je plaide pour que les grandes orientations du domaine de l'énergie soient à l'avenir davantage discutées au Parlement. La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) ne fait malheureusement pas l'objet jusqu'à ce jour de discussions au Parlement. Toutefois, la loi Énergie-Climat promulguée début 2020 prévoit une discussion au Parlement à l'avenir à partir de 2023. La PPE étant un programme quinquennal (la prochaine PPE est fixée pour 2023-2028), le rôle du législateur ira, j'espère, au-delà des principes généraux... pour participer à fixer les objectifs par filières comme la filière agricole qui a un rôle majeur à jouer pour la production d'énergies renouvelables (agrivoltaïsme, mais aussi méthanisation...). La question des tarifs d'achat incitatifs pour l'agrivoltaïsme pourrait alors entrer dans ce cadre. »

Propos recueillis par Marc Nicolle