NORD-ARDÈCHE
À Nozières, « Les paysannes rient » et transforment vos produits !

Marin du Couëdic
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Un atelier de transformation végétale vient d'ouvrir ses portes sur la zone artisanale du Serre de Ladret, à Nozières. Conçu pour valoriser les petites productions locales, principalement la châtaigne, l'outil porté par la Sarl « Les paysannes rient » rencontre déjà un franc-succès.

À Nozières, « Les paysannes rient » et transforment vos produits !
La société « Les paysannes rient » est composée de neuf associés, agriculteurs sur les cantons de Lamastre et de Saint-Félicien.

Une bonne odeur de fruit cuit s'échappe du laboratoire. Ce lundi, l'équipe des « paysannes rient » s'occupe d'un lot de 450 kg de châtaignes livré trois jours plus tôt par un agriculteur de Désaignes. En quelques heures, 800 bocaux de purée et de châtaignes cuites au naturel sortent de l'atelier de transformation flambant neuf. « On a commencé à transformer fin octobre et on ne s'est pas arrêtés depuis », lance Morgane Gagnage, éleveuse de chèvres à Saint-Félicien et l'une des dix associés de la société. « Nos carnets de commande sont complets pour plusieurs semaines. On n'a même pas eu le temps d'inaugurer l'outil ! » complète Pierre-Manuel Rouxel, éleveur de porcs plein air à Lamastre, lui aussi associé des « paysannes rient ».

Voilà près de deux ans que le groupe de producteurs locaux, organisé en Sarl, travaille d'arrache-pied pour qu'un atelier de transformation végétale puisse voir le jour sur la zone artisanale du Serre du Ladret, tout près du bourg de Nozières, au nord du parc naturel régional des Monts d'Ardèche. Le résultat, c'est ce bâtiment de 250 m² conçu pour calibrer, éplucher et transformer entre 350 et 500 kg de châtaignes par jour. Une légumerie permet aussi la transformation de petits fruits et légumes en confitures, compotes, soupes et tout produit prêt à la vente. « Avec cette unité, on donne l'opportunité  aux agriculteurs du canton et aux particuliers de valoriser leur production en la transformant. Il y avait une demande importante en ce sens sur le territoire », reprennent les associés.

À partir de 100 kg

En atteste les neuf tonnes de châtaignes réservées avant même le lancement de l'outil ! Plus largement, un travail d'enquête mené dès l'année 2018 auprès du tissu agricole local a permis de mesurer cette attente forte pour un atelier de transformation végétale ouvert aux petits volumes. Pour y répondre, « Les paysannes rient » acceptent des lots qui vont de 100 kg à 1,5 tonne, avec la possibilité de calibrer et d’éplucher le produit de la récolte sur place et le stocker en chambre froide. « À flux tendu, on peut faire 20 tonnes de châtaignes par saison », précise Morgane Gagnage. Pour autant, les petites productions ne sont pas mélangées et chaque prestation est individualisé selon le souhait du producteur (taux de sucre, cuisson, etc). « Nous souhaitons conserver la spécificité de chaque ferme. »

Au vu de l'intérêt suscité sur ce territoire où la châtaigne est reine, « Les paysannes rient » ont calculé que l'atelier serait économiquement viable dès cet hiver 2022. Pour faire tourner la machine à plein régime, la Sarl a immédiatement embauché deux salariés. Les dix associés, eux, viennent prêter main forte à tour de rôle.

430 000 € d'investissement

Le projet a nécessité un investissement financier important. Au total, l'atelier a coûté 430 000 €. L'équipement, d'un montant de 220 000 €, a été financé à hauteur de 40 % par des subventions publiques de l'Europe et de la Région et pour le reste sous forme d'emprunt bancaire. Quant au coût du bâtiment – 210 000 € – il  a été pris en charge par la Sas Noz'Ateliers, propriétaire du terrain et à qui « Les paysannes rient » verse un loyer.

Devant le succès de l'atelier, les associés fourmillent d'idées pour la suite. Avec notamment l'envie de développer une gramme de produits sous la marque « Les paysannes rient ». Pour cela, la société envisage d'acheter la production de jeunes qui s'installent et cherchent un débouché commercial rapide. L'objectif est aussi de continuer à recruter dans les mois à venir. « En quelques semaines on voit déjà le potentiel de notre outil. C'est motivant pour la suite. »

Marin Du Couëdic

Le fruit d'un travail collectif et local

Le fruit d'un travail collectif et local

ÉCONOMIE SOCIALE / Cet atelier fait partie intégrante du projet défendu par la structure Noz'Ateliers pour faire vivre le réseau économique agricole et artisanal local.

Sitôt le permis de construire obtenu, l'atelier de transformation végétal a mis moins d'un an à sortir de terre. Le bâtiment a été construit par les « Charpentiers du coin », les menuiseries par la société Arkétoile et le bois (Douglas et châtaignier local) a été découpé à la scierie de Nozières. Quant aux machines, notamment l'éplucheuse, elles ont été fabriquées par la métallerie MINCAA. Le point commun entre ces différentes entreprises ? Elles sont toutes basées sur la zone artisanale du Serre de Ladret, à deux pas du nouvel outil porté par « Les paysannes rient », et s'inscrivent au cœur d'un projet à long terme pour faire vivre le réseau économique agricole et artisanal local.

« Accompagner les initiatives privées »

Ce projet, c'est la Société à actions simplifiées Noz'Ateliers qui le porte depuis plusieurs années. Cette structure, qui inscrit son action dans le cadre de l'économie sociale et solidaire, a pour objectif d’« accompagner et de compléter les initiatives privées ou individuelles existantes avec des projets portés collectivement ». En pratique, elle est à l’initiative de projets pour tenter de répondre aux besoins des particuliers et des professionnels (exploitants forestiers, menuisiers, charpentiers, agriculteurs). Une volonté qui s'est notamment concrétisée par l'achat d'une nouvelle scie à grumes en septembre 2020 pour remplacer celle, vieillissante, de la scierie implantée depuis 2013 sur la zone artisanale. Outre l'atelier de transformation végétal, dont le fonctionnement est assuré par la Sarl « Les paysannes rient », Noz'Ateliers porte aussi un projet d'atelier bois destiné aux professionnels qui peuvent avoir un besoin ponctuel d'équipement fixe et aux particuliers avec des projets de construction de meubles ou d'habitats légers. La construction pourrait débuter en 2022. La Sas souhaite également créer un lieu baptisé Maison du Serre, qui servirait à la fois de magasin de vente, d'espace de travail partagé, de cantine et de salle de réunion.