SAINT-JULIEN-EN-SAINT-ALBAN
A Saint-Julien, un foncier dédié aux activités viti-vinicoles!
SAINT-JULIEN-EN-SAINT-ALBAN / La commune de Saint-Julien-en-Saint-Alban a acquis et viabilisé des parcelles qui sont destinées exclusivement aux professionnels viti-vinicoles. Une première en Ardèche !
Face à la pression de l’urbanisation, la commune de Saint-Julien-en-Saint-Alban s’est engagée dans une démarche innovante visant à participer au développement des vins de la vallée de l’Ouvèze, classés en AOC côtes-du-rhône. Elle a inscrit dans les orientations d’aménagement et de programmation (OAP) de son Plan local d’urbanisme (PLU) la création d’une zone d’activités « destinée à l’installation de chais afin d’éviter le mitage de la zone agricole qui aurait des conséquences paysagères importantes dans les pentes et impacterait les surfaces agricoles disponibles ». Ce projet entamé en 2016 est donc destiné exclusivement aux professionnels viti-vinicoles et à la mutualisation de leurs équipements. Objectif : accroitre leur rayonnement, favoriser l’installation et valoriser le patrimoine agricole.
« Cette démarche nous a paru prépondérante pour accompagner l’activité viticole du département et celle de la commune, souligne le maire Julien Fougeirol. Nous sommes persuadés que le vignoble de Saint-Julien-en-Saint-Alban est un atout et une vitrine qui peut accompagner des projets oenotouristiques, des supports de patrimoine, de randonnée, de gastronomie… », ajoute-t-il. « Depuis 2014, nous avons observé une réelle volonté d’exploiter le territoire, avec des installations, des vignes en plantation ou surgreffage. Nous nous sommes alors interrogés sur la création d’un foncier dédié dans l’idée de rassembler les outils bâtis sur un secteur déjà historiquement agricole et où se trouvaient des outils de travail. »
Deux parcelles de 2 500 m2 entièrement viabilisées
Cette zone d’activités se situe au quartier Les Roberts de Saint-Julien-en-Saint-Alban, à proximité immédiate du vignoble et des anciens caveaux. Acquises par la commune en 2018, les parcelles sont historiquement agricoles et présentent un faible potentiel agronomique et économique, a précisé Julien Fougeirol. Sur cette zone, deux lots constructibles de 2 500 m2 chacun ont été entièrement viabilisés, prêts à être exploités. Ils sont vendus 28 800 € et 25 000 €, soit entre 11 € et 12 € le m2. Dans le cadre du dispositif d’OAP, l’implantation des bâtiments devra accueillir un minimum de deux chais. Les hangars de stockage de matériel, cave et autres bâtiments qui seront construits, dépendront des projets des futurs acquéreurs. La commercialisation des produits de vinification sera autorisée.
Mutualiser les équipements
Viabilisée elle aussi, une troisième parcelle est réservée à la création d’une aire de lavage / remplissage et de gestion des effluents phytosanitaires. Elle permettra aux professionnels intéressés de mutualiser cet équipement réglementaire. La gestion et la mise en place de ces équipements sont encore à définir en concertation avec la profession agricole, a indiqué Julien Fougeirol. Reste le souci de l’accessibilité à la zone d’activités par la départementale 104 : « Pour le moment, nous sommes en contact avec la DDT pour améliorer cet accès », a ajouté le maire.
« Cette démarche donne une perspective à nos métiers »
Lors de cette visite de terrain, le président de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, Jean-Luc Flaugère, a salué un projet ambitieux pour l’avenir de la filière viticole dans ce secteur. « Le foncier est un objet de spéculation. Il faut savoir l’encadrer et s’organiser intelligemment pour le préserver car c’est un outil de travail capital pour les agriculteurs, a-t-il rappelé. Cette démarche donne une perspective à nos métiers, que l’on soit vigneron, éleveur, maraîcher… Et je félicite ce type de projet qui en donne aux agriculteurs ! »
C’est la première fois en Ardèche qu’un tel projet voit le jour. La seconde fois en France : la communauté de communes de la Grande Vallée de la Marne est engagée dans la création d’une même zone d’activités viti-vinicole au lieu-dit Trouilly sur la commune de Mareuil-sur-Aÿ (Champagne).
Gerben Tonkens : « Nous devons identifier notre vignoble »
VALLÉE DE L’OUVÈZE / La création de cette zone d’activités viti-vinicoles soutient le projet mené par le syndicat des Côtes-du-Rhône Saint-Julien-en-Saint-Alban depuis 2003 : intégrer l’appellation côtes-du-rhône nommés ou Villages.
Coincée entre le paysage calcaire des Cévennes et les sols granitiques et roches métamorphiques (gneiss, schistes et micaschistes) du massif central, la vallée de l’Ouvèze présente de beaux atouts pour le secteur viticole. « On se retrouve avec un sol similaire à celui des crus de la vallée du Rhône septentrionaux. Beaucoup de vignerons commencent d’ailleurs à acheter des parcelles ici et de plus en plus de vignes sont plantées car le foncier reste encore moins cher qu’ailleurs, a indiqué Gerben Tonkens, président du syndicat Côtes-du-Rhône Saint-Julien-en-Saint-Alban et propriétaire du Château de Cheylus à Flaviac pour lequel il exploite 28 hectares de vigne dont la moitié en AOC côtes-du-rhône. Mais le foncier reste un vrai frein pour le développement agricole de la vallée de l’Ouvèze car les familles veulent soit vendre très cher soit ne pas vendre du tout. »
Valorisation et installations
Depuis 2003, ce syndicat local cherche à mieux valoriser ses vins et intégrer l’appellation des côtes-du-rhône nommés ou Villages. « Nous devons identifier notre vignoble, surtout au niveau de l’encépagement, et que les clients s’y retrouvent plus facilement, explique Gerben Tonkens. Nous faisons partie de l’aire des appellations du sud mais nous produisons ici pratiquement que de la syrah. Avec un terroir comme le nôtre, nous avons tout intérêt à cultiver des cépages du nord comme le Roussanne et le Marsanne. Aujourd’hui, il y a une tolérance de l’Inao1 pour le Brézème sur des parcelles qui se situent juste en face. » Une étude menée par une commission d’experts de l’Inao devrait être communiquée en ce début d’année. Les communes de Flaviac, Rompon et Coux sont également concernées.
Sur l’aire de l’appellation côtes-du-rhône, 90 ha se situent à Saint-Julien-Saint-Alban dont 50 ha sont plantés. Les 40 ha restants appartiennent à la communauté de commune Privas Centre Ardèche qui projette, comme sur la zone d’activités viti-vinicoles créée à Saint-Julien-en-Saint-Alban, de dédier une grande partie de cet espace au développement de la filière viticole. Avec de tels projets, « j’espère qu’il y aura des installations rapidement et que nous trouverons la bonne formule pour identifier nos vins », a déclaré Gerben Tonkens.
1. Institut national de l’origine et de la qualité.
