Section bovine de la FDSEA
Viande bovine : chaque éleveur doit être acteur

La situation de la filière viande bovine est complexe et les éleveurs ont du mal à croire en son avenir entre une décapitalisation du troupeau qui se poursuit, des importations qui augmentent et des prix, certes en hausse, mais qui ont du mal à couvrir les coûts de production. Retour sur les principaux sujets abordés lors de l’assemblée générale de la section bovine de la FDSEA de la Loire.

Viande bovine : chaque éleveur doit être acteur
Pour Jonathan Janichon, au fond à droite : « Chaque éleveur est acteur pour faire passer les messages auprès des élus. Nous sommes tous tributaires de la politique conduite en France » en faveur de l’élevage.

Vivre de sa production, tel est l’objectif visé par chaque éleveur. Le contexte économique ainsi que les choix fait par l’éleveur en tant que chef d’entreprise influent sur la rémunération. Sans oublier les politiques menées, qui ont une incidence non négligeable sur l’avenir de l’élevage. Ce sont ces éléments qui ont été abordés lors de l’assemblée générale de la section bovine de la FDSEA de la Loire, vendredi 24 février à Feurs. Les éclairages de Jonathan Janichon, président de la section bovine de la FRSEA et membre du bureau de la Fédération nationale bovine (FNB), ont été précieux.

Comme le veut la tradition, cette réunion a été l’occasion de faire un point sur la conjoncture de la filière viande. Les indicateurs de marché de l’année 2022 (publiés dans le journal du 3 février) mettent en évidence une augmentation des cotations des vaches allaitantes et la poursuite de la décapitalisation du troupeau français. « Ce n’est pas parce que les cours vont mieux que le nombre de vaches allaitantes n’a cessé de diminuer », remarquait Maxime Brun, président de la section bovine départementale.

Le marché européen volatil

En 2022, la consommation de viande a eu tendance à augmenter, avec une progression du haché. La différence est compensée par de la viande importée. « Je ne pense pas qu’à l’avenir les Français vont consommer moins de viande (ndlr : l’Idele prévoit une stabilité), mais plutôt que les importations vont augmenter. » Les cotations des jeunes bovins et des vaches allaitantes ont continué d’augmenter dans le courant de l’année 2022, pour rejoindre les prix européens (Irlande, Allemagne, Pologne) et même les dépasser sur le second trimestre. Maxime Brun trouve ici une explication à la progression des importations de viande.

Du côté du maigre (mâles et femelles), alors que les hausses s’étaient faites attendre fin 2021, elles ont été réelles sur 2022. Les signaux laissent envisager une augmentation sur début 2023, notamment en raison du manque d’animaux. Et Maxime Brun d’apporter une nuance : « il y a toujours eu le même écart entre les coûts de production et les prix de vente ».

La contractualisation, la solution ?

Pour François Garrivier, vice-président de la FDSEA, « tout passera par la rémunération des produits. C’est une bonne chose d’avoir Egalim, même si elle prend du temps à se mettre en place ». Mais le temps est compté pour la filière viande bovine : « La politique actuelle détruit le modèle : moins d’animaux et donc moins d’outils économiques, poursuivait-il. Si la décapitalisation se poursuit, c’est aussi parce que les acheteurs ne paient pas les animaux à la hauteur des coûts de production. »

Pour Jonathan Janichon, chaque éleveur doit gérer en chef d’entreprise et la contractualisation, issue de la loi Egalim, peut être une solution ». Maxime Brun rappelait alors que celle-ci est « obligatoire ». « Chaque éleveur a le devoir de proposer des contrats à ses acheteurs, mais peu ont fait la démarche. » « A chacun d’être acteur et de mettre la pression sur les marchands en bestiaux et en allant aux réunions des coopératives pour faire avancer progressivement l’intégration des coûts de production dans le calcul des prix, insistait le président régional. Il n’y a pas de petite victoire. »

Selon lui, « Egalim a fait évoluer les mentalités. Il y a trois ans, on n’entendait pas parler du coût de production. Désormais, cette notion est bien intégrée dans les esprits. Même si, bien évidemment, les prix ne sont pas à la hauteur des espérances. » Et de conclure : « Chaque éleveur est acteur pour faire passer les messages auprès des élus. Nous sommes tous tributaires de la politique conduite en France. »

Article complet à retrouver dans l'édition papier du 3 mars.

Lucie Grolleau Frécon