VIE LOCALE
Agriculteurs, ils endossent l’écharpe de maire

Mylène Coste
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VIE LOCALE / Dans les années 1950, un maire sur deux était agriculteur. Si le déclin du nombre d’exploitants a fait chuter ce chiffre, ces derniers restent fortement représentés dans les conseils municipaux. En Ardèche, certains d’entre eux endossent même la fonction d’édile. Nous en avons rencontré quelques-uns.

Agriculteurs, ils endossent l’écharpe de maire
Philippe Creston, maire d’Issamoulenc (110 habitants)
Christophe Monteux.

Philippe Creston, maire d’Issamoulenc (110 habitants)

Son exploitation : « J’élève 320 brebis et cultive 10 ha de châtaignier en AOP et bio. »

Son engagement : « J’ai d’abord été conseiller municipal avant de me proposer comme maire, un peu par défaut, faute d’autres volontaires. J’aborde aujourd’hui mon quatrième mandat en tant que maire : il y a toujours des projets inachevés à la fin d’un mandat, et il nous en faut toujours un autre pour pouvoir les mener au bout ! »

Ses ambitions : « Défendre ma commune et l’intérêt des habitants. Issamoulenc est une petite commune, qui compte 48 % de retraités, la plupart étant des retraités agricoles avec un faible revenu : nous veillons à ce que les impôts n’augmentent pas pour ces petits revenus. Notre équipe essaie également de favoriser la vie dans le village : à chaque fois qu’une maison se vend, nous veillons à privilégier l’installation de nouveaux habitants plutôt que de résidences secondaires. Deux familles se sont installées au village l’an dernier. »

L’agriculture : « J’ai évidemment à cœur de faire en sorte que les terres agricoles restent aux agriculteurs. Nous comptons huit exploitants dans la commune. »

François Soubeyrand, maire de Désaignes (environ 1 100 hab)
François Soubeyrand.

François Soubeyrand, maire de Désaignes (environ 1 100 hab)

Son exploitation : « En Gaec avec mon fils Aurélien, nous cultivons 23 ha de cerisiers, 1 ha de pommiers pour la vente directe et 7 ha de châtaigniers. »

Son engagement : « C’est mon premier mandat de maire, mais j’ai été conseiller municipal et adjoint par le passé. Je suis animé par la volonté de mettre ma connaissance et mon amour pour mon village au service de ses habitants. »

Ses ambitions : « Faire vivre le village, qui jouit depuis plusieurs années déjà d’un vrai dynamisme avec l’accueil de nouveaux habitants qui font bouger les choses, dans le bon sens du terme. Par son animation culturelle et ses services (écoles, commerces de proximité…) Désaignes attire aussi des urbains qui s’intègrent relativement facilement à la vie locale. Il peut y avoir des conflits d’usage, mais ils finissent toujours par se résoudre dans le dialogue. L’objectif est donc de poursuivre cette belle dynamique : conserver et développer les commerces, mais aussi l’attrait culturel et touristique du village. »

L’agriculture : « La commune est la meilleure échelle pour promouvoir le dialogue entre agriculteurs et non-agriculteurs. De mon côté, j’ai toujours été transparent par exemple sur mon usage des produits phytosanitaires, en expliquant pourquoi et comment je les utilisais. Les gens ont un regard plutôt positif sur l’agriculture, qui crée des emplois saisonniers sur la commune. La question foncière est aussi importante, à l’heure où on ressent une pression sur les prix. »

Sébastien Vernet, maire de Rochessauve (environ 450 hab)
Sébastien Vernet.

Sébastien Vernet, maire de Rochessauve (environ 450 hab)

Son exploitation : « J’élève 50 vaches allaitantes de race charolaise et cultive un peu de semences de tournesol. »

Son engagement : « Si je suis élu maire pour la première fois, j’ai été adjoint durant un mandat puis premier adjoint. L’engagement des agriculteurs est important : nous travaillons sur le territoire, et sommes les premiers concernés par les problématiques des routes, des accès, etc. Bien que très proche de Privas, notre commune reste très rurale et agricole, avec une quinzaine d’exploitations. Trois agriculteurs sont conseil municipal. »

Ses ambitions : « Notre équipe a pour objectif de favoriser l’attrait du village, qui n’est pas situé sur les axes routiers principaux. Nous souhaitons pour cela impliquer au maximum les habitants via des assemblées citoyennes pour discuter des projets : plan local d’urbanisme (PLU), aménagement de la place du village, création de sentiers de randonnée… »

L’agriculture : « Contrairement à ce qui se passe dans certains territoires, à Rochessauve les habitants ont une image positive de l’agriculture et de nos exploitations, qui font de l’élevage extensif et jouent un rôle dans la préservation de l’environnement. En tant qu’agriculteur, j’ai forcément une attention particulière sur le foncier ; je veux veiller à promouvoir un développement de l’habitat respectueux de l’agriculture et de l’environnement. »

Jean-Luc Flaugère, maire de Valvignères (470 hab)
Jean-Luc Flaugère.

Jean-Luc Flaugère, maire de Valvignères (470 hab)

Son exploitation : « Je cultive 27,5 ha de raisin de cuve pour la cave coopérative de Valvignères et 2,5 ha de raisin de table. Bientôt à la retraite (31 décembre 2020), je transmets mon exploitation à ma fille : c’est une vraie fierté. »

Son engagement : « C’est la première fois que je prends des responsabilités au sein d’un conseil municipal, un peu par défaut faute de candidats. J’arrive à la retraite, j’aurai donc plus de temps ! J’ai toutefois toujours été engagé pour ma commune : dans la vie économique en tant que président de la cave coopérative durant 16 ans, et comme citoyen, car je suis né à Valvignères et que j’aime mon village, ses habitants, ses paysages. »

Ses ambitions : « Nous sommes tous réunis autour d’une priorité : maintenir nos deux classes au sein de l’école. L’école est une institution centrale dans le village, un lieu de vie et de rencontre. Je veux œuvrer à l’intérêt commun du village : il est parfois difficile de faire comprendre aux gens que leur intérêt personnel passe par l’intérêt collectif : le tout est d’avoir une posture de dialogue, d’écoute et de respect, c’est seulement à ce prix qu’on arrive à résoudre les conflits. »

L’agriculture : « Bien évidemment, du fait de ma sensibilité agricole, j’ai un œil attentif sur les sujets qui concernent la nature, l’alimentation de proximité, l’environnement… »

Baptiste Teyssier, maire de Mézilhac (une centaine d’habitants)
Baptiste Teyssier.

Baptiste Teyssier, maire de Mézilhac (une centaine d’habitants)

Son exploitation : « Elle compte 30 à 40 ha de landes à myrtilles sauvages mais également une production de pommes de terre bio et un troupeau d’ovins. Je fais aussi du bois de chauffage. »

Son engagement : « Je me suis porté volontaire à la fonction de maire, car personne ne voulait vraiment endosser ce rôle. Il est important de s’engager à l’échelle locale. Je connais bien mon village, et j’avais envie de me mettre au service de ses habitants, de faire bouger les choses. »

Ses ambitions : « Dynamiser le village. Mézilhac a toujours accueilli des touristes et des visiteurs, mais depuis quelques années nous accueillons de nouveaux habitants qui ont fait le choix de vivre ici. C’est important que la commune puisse vivre toute l’année Aujourd’hui, il y a moins de neige en hiver et Mézilhac est donc moins enclavé pour ceux qui y vivent et travaillent à Privas, par exemple. Nous avons accueilli cette année deux nouvelles familles avec enfants ; il faut pouvoir leur apporter les services dont ils ont besoin et continuer à attirer de nouvelles personnes. »