AUDITION
Julien Denormandie esquisse une feuille de route

M.R.
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AUDITION / Le nouveau ministre de l’Agriculture se fixe quatre axes : la souveraineté alimentaire, l’accès à l’alimentation saine et durable, la transition agroécologique et le renouvellement des générations. Il s’est également positionné sur plusieurs controverses.

Julien Denormandie esquisse une feuille de route
Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture. ®Cheick Saidou

À l’occasion de son audition par les députés de la commission des affaires économiques le 29 juillet, le nouveau ministre de l’Agriculture a présenté des orientations principales, qu’il prendra par la suite le temps de détailler « à la rentrée ». Julien Denormandie se fixe quatre axes : le premier est de « reconquérir la souveraineté alimentaire et agricole », dans lequel il situe « le plan protéine » et les « agriculteurs payés au juste prix » ; le deuxième axe est « l’accessibilité pour tous à une alimentation saine et durable », incluant les circuits courts, l’accès aux aliments frais et produits près de chez soi et l’information des consommateurs. Troisième axe : « faire face aux transitions à un horizon de 20-30 ans », en investissant dans l’agroécologie et dans l’adaptation au changement climatique (retenues d’eau, assurance). Enfin, le quatrième axe est la « jeunesse et la transmission » (aides à l’installation, foncier). Ces quatre axes sont notamment repris dans les propositions qu’il a transmises au Premier ministre dans le cadre du plan de relance.

Mercosur, NBT, eau, aide à l’actif

Parmi ces quatre axes, Julien Denormandie veut afficher la « santé » (2e axe), comme un « marqueur » de sa politique. Et au-delà de ces quatre axes, le ministre cite plusieurs défis : la forêt, la condition animale « en particulier les animaux de compagnie » et les « filières d’excellence » (ex. aquaculture). Au fil des questions des parlementaires, il s’est aussi positionné sur plusieurs controverses. Au sujet de la négociation de l’accord UE-Mercosur, il a rappelé la position du gouvernement (« la France s’oppose à l’accord du Mercosur ») et affiché sa détermination à la faire respecter à l’échelon européen : « La France a montré qu’elle savait naviguer dans les dédales européens pour défendre ses intérêts ». Concernant les nouvelles biotechnologies (NBT), il n’y est « pas opposé […], absolument pas » et les « distingue totalement des OGM ». Et de prendre en exemple la betterave : « La solution, c’est la recherche sur les semences, qui doit avoir accès à toutes les techniques », quoique avec « parcimonie » pour intégrer les questions de « santé ». Sur le stockage de l’eau, il souhaite investir, via le plan de relance, dans les petites structures, les « bassines », pour les généraliser ; et simplifier la création des retenues d’eau, plus importantes, par la voie réglementaire (voir ci-contre). Sur le loup, il a souhaité « continuer de la même manière sur notre méthode d’accompagnement et de concertation ». Enfin, concernant le passage à des aides Pac à l’actif, il prend le dossier « avec beaucoup de précaution », évoquant d’un côté l’importance pour lui de l’aménagement du territoire, et de l’autre des conséquences sur le financement et des différences de définition de l’actif à l’échelon européen.

M.R.

RETENUES COLLINAIRES / Le ministre veut simplifier les procédures

Invité de l’émission L’invité politique dans la matinale d’Europe 1, le 31 juillet, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a indiqué vouloir « simplifier un peu les procédures » pour construire des retenues d’eau. « En France, ça prend entre huit et dix ans parce qu’on a une palanquée de recours toujours plus forts », a-t-il affirmé, indiquant « qu’il y a un non-sens » sur cette problématique. « En hiver, on reçoit beaucoup d’eau et l’été on en manque. Il faut donc capter l’eau en hiver pour l’utiliser pendant l’été », a-t-il expliqué. Le ministre s’inscrit aussi dans une démarche de dialogue « parce que c’est le dialogue qui permet de balayer les inquiétudes des uns et des autres », a-t-il ajouté.

À côté des retenues collinaires, Julien Denormandie propose que les exploitations puissent bénéficier de « petites subventions pour permettre des captations d’eau à l’échelle de l’exploitation pour faire boire » les animaux d’élevage (vaches, moutons…) « avec l’objectif de pérenniser nos élevages ». « Je compte bien passer beaucoup de temps sur ce sujet » des retenues d’eau, a-t-il affirmé. 65 départements font aujourd’hui l’objet de restrictions d’eau.

Interrogé sur le plan de relance économique, il a estimé que ce plan « est nécessaire pour éviter une crise sociale ». Sur les 100 milliards d’euros que le gouvernement va débloquer, une partie ira à l’agriculture, a confirmé le ministre. Il n’a pas précisé le montant de l’enveloppe attribuée au secteur agricole « car les arbitrages sont toujours en cours » chez le Premier ministre. Ces fonds serviront à « consolider notre modèle agricole et préparer l’agriculture des 20, 30, 40 prochaines années », a déclaré le ministre de l’Agriculture. « Le plan protéines sera dedans », a-t-il certifié car il contribuera à redonner « de la souveraineté agricole et alimentaire ». Interpelé sur la jaunisse de la betterave, le ministre tient sa ligne : « Soit un soutien financier au secteur ; soit une solution technique […] juridique ou agronomique ». Mais pas question pour lui de réintroduire les néonicotinoïdes. « Je ne laisserai jamais tomber cette filière », a-t-il répété.