CASTAGNADES

La châtaigne : une identité ardéchoise retrouvée

La châtaigne est bien plus qu'un patrimoine en Ardèche, c'est une réelle économie. En moyenne, 5 000 tonnes viennent chaque année des châtaigneraies ardéchoises - dont 2000 en AOP -, soit la moitié de la production française. Loin de répondre à la demande nationale grandissante, cette agriculture continue de se développer et de mettre en avant le travail des producteurs locaux.

Castanéiculteur, métier méconnu

Sur le département, de nombreux acteurs font la promotion de la châtaigne, notamment le parc national des Monts d'Ardèche où Nicolas Klee est chargé de mission tourisme : « On mène un travail avec les Ardéchois et les touristes pour changer l'image de la châtaigne, souvent vue comme un fruit sauvage lié à une économie de cueillette. » C'est pourtant tout le contraire : culture à part entière, elle demande un travail régulier que ce soit pour l'élagage, la greffe, la gestion sanitaire, le nettoyage du sol ou encore la récolte.

Afin de présenter le métier de castanéiculteur au public, le parc s'est allié aux producteurs pour proposer des visites dans des châtaigneraies ardéchoises. L'un des premiers sentiers d'interprétation a été créé en 2005 sur l'ancienne exploitation de David Loupiac, à Désaignes. « On voulait montrer que la châtaigneraie n'est pas juste un patrimoine, c'est aussi un outil de travail hérité de loin », souligne le castanéiculteur à la retraite.

Une filière structurée

Un outil développé au XVIII^e siècle mais qui s'est peu à peu affaibli, au fil de l'exode rural et des maladies du châtaignier. Ce n'est qu'à partir des années 80, que la filière fait son retour sur le territoire. La culture se relance, les producteurs se regroupent, la transformation se diversifie et en 2014, consécration : la châtaigne d'Ardèche devient une appelation d'origine protégée (AOP). En moins d'un demi-siècle, la châtaigne est passée du plat du pauvre au plat de fête !

Mais cette valorisation est victime de son succès et les producteurs peinent à répondre à la demande. En 2017, pour développer encore la filière et réhabiliter les châtaigneraies abandonnées, un Plan chataigneraie traditionnelle est mis en place par les acteurs et soutenu par la Région, le Département et l'Europe. Cinq ans plus tard, la production de châtaignes AOP a augmentée de plus de 550 tonnes en Ardèche et des milliers d'arbres ont été plantés. A l'avenir la filière compte bien surfer sur cette dynamique avec un nouveau plan 2023-2027 qui intégrera notamment l'adaptation au changement climatique.

Bonne récolte en perspective

Pour l'heure, la châtaigne est à la fête et en cette période agitée elle semble tirer son épingle du jeu. « Cette année on aura sûrement une bonne récolte », anticipe César Marze, président du comité interprofessionnel de la châtaigne d'Ardèche. Hasard de la météo, la pluie est arrivée à point nommé à la mi-août. C'est avec anxiété que les castanéiculteurs ont observé les températures de l'été : « On ne connaît pas les limites de chaleur que peut supporter le châtaignier mais cet été il a pu transpirer et a résisté. On est content ! » 

Pauline De Deus