CONGRÈS
Les chasseurs d’Ardèche s’érigent en « défenseurs de la ruralité »

M.D.C
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Le congrès de la Fédération départementale des chasseurs de l’Ardèche s’est déroulé, samedi 2 avril, à l’espace Lienhart d’Aubenas. Plusieurs centaines de chasseurs ont défendu « une chasse forte, populaire, rurale et moderne ».

Les chasseurs d’Ardèche s’érigent en « défenseurs de la ruralité »
Jacques Aurange, président de la Fédération départementale des chasseurs de l'Ardèche.

C’est devant une salle comble que s’est déroulé le congrès de la Fédération départementale des chasseurs (FDC) de l’Ardèche, samedi 2 avril. Plusieurs centaines de chasseurs ont répondu présent pour ce premier rassemblement en présentiel depuis deux ans, l'association ayant dû passer par la case visioconférence en 2021. « Enfin nous nous retrouvons ! La foule ici présente est la preuve de la vitalité et du dynamisme de la chasse populaire ardéchoise », s’est réjoui le président Jacques Aurange lors de son discours inaugural. « La chasse en Ardèche est beaucoup plus qu’un loisir, c’est un art de vivre, une communication avec la nature, un espace de liberté et un brassage sociologique hors du commun, a poursuivi celui qui est président de la FDC 07 depuis 1997. Les chasseurs ardéchois s’investissent dans la défense de cette ruralité qui fait partie intégrante de notre histoire. »

De ruralité, il en a été beaucoup question lors de ce congrès. Tout au long de la séance publique, les discours se sont concentrés sur la « crédibilité » de la chasse, qui aurait retrouvé ses lettres de noblesse ces dernières années, en Ardèche comme à l’échelle nationale. « Que de chemin parcouru depuis trente ans. Patience et travail ont redonné du crédit à la Fédération. Aujourd’hui, l’État et les élus sont à nos côtés pour rendre la chasse plus forte et lui donner une stratégie et un avenir », a déclaré le président Aurange. Les élus locaux s’étaient d’ailleurs déplacés en nombre pour ce congrès pour défendre la chasse et les chasseurs, avec la présence notable des parlementaires Anne Ventalon et Fabrice Brun, du président du Département Olivier Amrane et du vice-président de la Région Auvergne Rhône-Alpes en charge de la Chasse Philippe Meunier. Tous ont défendu une « tradition rurale », une « passion qui fait partie de l’ADN ardéchoise et qu’il faut préserver ». S’ils se sont défendus de faire de la politique, à une semaine de l’élection présidentielle, les différents intervenants n’ont pas manqué de conspuer les « écologistes », les « associations militantes » et les « donneurs de leçon ».

« Intégrer la biodiversité dans nos actions »

« La chasse doit néanmoins évoluer avec son temps », a concédé Rémy Cerny, vice-président de la FDC 07. Il a notamment salué la réforme structurelle de la chasse française de 2019, qui a confié aux fédérations départementales la gestion des ACCA (associations communales de chasse agréées), les changements de réserves de chasse, la formation décennale des chasseurs ou les procédures disciplinaire… « Cette loi nous a donné plus de moyens car nous sommes des acteurs engagés sur les questions environnementales. »

« Un objectif majeur est l’intégration systématique de la biodiversité dans nos actions, en favorisant le développement de la biodiversité dans le gibier est la clé de voûte, l’entretien des espaces aménagés par le pastoralisme, en favorisant la communication autour de ces actions avec nos partenaires », ont détaillé les représentants des chasseurs. Ils ont notamment indiqué que « la chasse doit s’insérer » dans le panel d’activités de manière plus sûre et respectueuse des autres usagers de nature (randonneurs, VTT…).

La FDC 07 a demandé une évolution de la loi de 1968, qui définit le paiement des dégâts agricoles à la charge des Fédérations départementales des chasseurs. « Cette loi n’est plus adaptée en 2022, où le tableau annuel frôle le million de sangliers tués à la chasse », a estimé le vice-président Rémy Cerny. En Ardèche, le nombre de prélèvement 2021-2022 est de 15 391 sangliers contre 17 736 l’année précédente. Une baisse de 15 %. Le chiffre annuel du niveau de dégâts estimé est de 100 000 €. « Ce serait le plus bas depuis 20 ans. »

« Valeurs rurales fortes »

Il a également été question de sécurité et des accidents de chasse. « La mobilisation permanente des fédérations a pour première conséquence la baisse drastique du nombre d’accidents et de morts à la chasse. Si l’action de chasse au grand gibier a été multipliée par dix depuis 30 ans, les accidents ont été divisés par quatre à l’échelle nationale », a déclaré Rémy Cerny.

Sur le volet formation, la formation décennale, commencée en octobre 2021, a formé près de 2 000 chasseurs. « La reconquête de nos effectifs perdus est sur la bonne voie, avec de plus en plus de jeunes chasseurs et adhérents. Cela montre que les valeurs rurales fortes portées par la chasse telles que le parage, la convivialité, l’échange, la tradition ou la transmission entrent en résonance avec la société », s’est félicité Jacques Aurange.

Le président Aurange a conclu en remerciant l’ensemble des présidents d’ACCA, des responsables de chasses privées et toutes les chasseresses et les chasseurs. « Nous avons de nombreux défis à relever en 2022. Continuer à faire revivre notre chasse, à la mettre dans le chemin de la modernité. Devenons des ambassadeurs de notre passion. »

Le Département annonce 150 000 € pour la chasse ardéchoise
Olivier Amrane.

Le Département annonce 150 000 € pour la chasse ardéchoise

POLITIQUE / Olivier Amrane a précisé qu’il allait retirer des subventions aux associations environnementales pour les redistribuer aux acteurs de la chasse.

Après avoir rappelé qu’il « fait partie de cette famille des chasseurs », le président du Département de l’Ardèche Olivier Amrane a annoncé qu’il avait l’intention de « réduire les subventions pour les associations écologistes du territoire pour les rediriger vers le monde de la chasse ». Sous les applaudissements, celui qui est aussi conseiller régional à la Ruralité a appelé à « ne rien lâcher sur les jours de chasse ».

Plus largement, Olivier Amrane a annoncé un plan chasse de 150 000 € sur les trois prochaines années, avec un volet pédagogique et un volet jeunesse. « Vous êtes la plus grande association ardéchoise avec près de 10 000 adhérents », a-t-il souligné avant de conclure : « Soyez fiers d’être ardéchois, soyez fiers d’être chasseurs ».

De son côté, Philippe Meunier, vice-président de la Région Auvergne Rhône-Alpes, a annoncé une augmentation de l’enveloppe de la Région pour la fédération ardéchoise, qui devrait dépasser les 300 000 € sur trois ans, fléchée notamment sur la rénovation des locaux de chasse. « Vous êtes écoutés, la ruralité peut être sereine pour les prochaines années. »

RETRAITE

Hommage à l’ancien directeur Alain Lignier

Un hommage a été rendu en fin de congrès à Alain Lignier, ancien directeur de la Fédération des chasseurs de l’Ardèche, à la retraite depuis février 2021. Arrivé en 1981 comme administrateur, il sera resté 40 ans à la FDC07. « Tu peux partir à la retraite avec la satisfaction du travail accompli », lui a lancé le président Jacques Aurange en lui remettant la médaille d’or de la FDC 07. Alain Lignier a été remplacé à la direction de la fédération par Fabrice Girard.