COVID-19
L’arrêt des chantiers fait vaciller la filière bois-forêt

Pierre Garcia
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Covid-19 / Souvent oubliée, la filière bois-forêt a pourtant été durement touchée par la mise à l’arrêt forcée des chantiers français. En pleine phase de relance, les professionnels demandent aujourd’hui des mesures d’urgence afin de soutenir une activité stratégique pour le pays.

L’arrêt des chantiers fait vaciller la filière bois-forêt
En région Auvergne Rhône-Alpes, l’interprofession recense aujourd’hui 37 % de chantiers ouverts contre 9 % lors de la première semaine de confinement. ©pixabay

Touchée de plein fouet par la crise sanitaire, la filière bois-forêt n’aurait sans doute jamais imaginé déplorer un jour une telle baisse d’activité. D’après les indicateurs four- nis par l’interprofession Fibois, le taux d’activité national oscillait à la mi-avril autour des 36 %. Une baisse d’activité significative qui s’explique notamment par l’arrêt des chantiers qui repré- sentent à eux seuls plus de 50 % de la valeur ajoutée et des emplois pour la filière. Selon le comité stratégique de la filière bois, près de 90 % des chantiers français se trouvent aujourd’hui à l’arrêt à cause des réticences sécuritaires des maîtres d’ouvrages, d’un absentéisme important et de sérieuses difficultés d’approvisionnement hors bois. Cette situation a directement affecté l’activité de plusieurs secteurs comme les scieries dont certaines ont eu à gérer des problématiques d’engorgement. En région Auvergne Rhône-Alpes, l’interprofession recense aujourd’hui 37 % de chantiers ouverts contre 9 % lors de la première semaine de confinement. Un peu partout, l’activité commence à reprendre même si le flou règne encore autour de la réouverture des chantiers publics. En plus du bois destiné à la construction, la crise du coronavirus a également eu un impact sur d’autres activités comme celle des panneautiers, confrontés pour beaucoup à un manque de débouchés. Faisant face à une forte demande, les industries papetières ont, quant à elles, dû se réorganiser pour pouvoir continuer de fonctionner en cette période particulière.

 

Construire une économie de l’après crise

 

« Dans un premier temps, l’important est de faire un bilan des besoins en termes d’aires de stockage et de tréso- rerie. Ensuite, nous aurons besoin d’aides concrètes pour gérer la problématique des scolytes qui ravagent nos forêts d’épicéas et se développent d’autant plus en cette période de températures élevées », explique Marinette Feuillade de Fibois Auvergne Rhône-Alpes. En ce sens, le comité stratégique de la filière bois appelle à « soutenir pour six mois un flux d’exportation de sciages de sapins et épicéas issus de la transformation de bois secs et scolytés récoltés dans les forêts françaises atteintes de ces dépérissements pour éviter la dépréciation de cette matière première, dont les volumes et qualités ne pourront pas être absorbés par le marché domestique ». Plusieurs demandes de mesures de relance sec- torielles sont également formulées dans une note du 17 avril comme la réduction des contingents d’importation à droits nuls ou la prorogation automatique pour au moins trois ans des mécanismes et taxes anti-dumping arrivant à échéance en 2021 et 2022. Désireuse de se relancer à plus long terme, la filière bois-forêt appelle enfin à maintenir le cap d’une transition écologique et solidaire pour construire une économie de l’après crise. Le comité stratégique de la filière bois demande notamment un « développement de la promotion du fabriqué en France, une attention priori- taire pour la ressource bois française, une utilisation plus importante des produits manufacturés en France sur le sol na- tional et un recentrage des approvisionnements européens sur les productions européennes. »

 

Pierre Garcia