COIRON
Loup : gestion de crise face au risque de prédation

La préfecture de l'Ardèche a confirmé, mardi 5 octobre, la présence d'un loup sur le plateau du Coiron, photographié dans la soirée du 28 septembre. Des autorisations de tirs de défense pourraient être accordées aux éleveurs qui le souhaitent, dès lors qu'ils aient mis en place des mesures de protection de leur troupeau.

Loup : gestion de crise face au risque de prédation
Le réseau des observateurs du loup, qui vise à surveiller l’animal et à recenser des indices tangibles sur sa présence à proximité des élevages, a été activé sur le massif du Coiron.

Depuis le début de l’année 2021, 9 élevages du Coiron ont subi des attaques sur leurs troupeaux, ovins essentiellement. La responsabilité du loup n’est pas écartée pour 5 attaques, annoncait la préfecture la semaine dernière dans un communiqué, ouvrant des droits d’indemnisation aux éleveurs. Mardi 5 octobre, elle a confirmé la présence de l'animal sur le plateau du Coiron, suite aux recherches d'indices de présence réalisées par les agents de la direction départementale des territoires (DDT) et de l'Office français de la biodiversité (OFB) qui avaient installé 4 pièges photos à proximité des élevages attaqués. Le cliché d'un de ces appareils, pris dans la soirée du 28 septembre et relevé le 1er octobre, montre un canidé présentant la morphologie d'un loup, indique la préfecture.

Des autorisations de tirs de défense données sur 1 à 2 communes

Le dernier indice de la trace du loup en Ardèche remontait à mars 2016 où une empreinte a été découverte au Cellier-du-Luc. Des photographies de loup, prises en avril 2020 à Astet puis à Bourg-Saint-Andéol en mai dernier, laissaient envisager sa présence également. Le préfet Thierry Devimeux avait réuni le comité départemental grands prédateurs de l’Ardèche1 le 29 septembre pour mettre en place des actions de protection. « Les services de l’État disposent de stocks disponibles immédiatement (filets de 80 cm avec un électrificateur) qui peuvent être donnés à chaque agriculteur de la zone concernée qui en fera la demande. Les éleveurs peuvent aussi réaliser des tirs d’effarouchement. Des tirs de défense à proximité des troupeaux seront accordés sur demande des éleveurs, dès lors que les mesures de protection sont effectives. » Ces autorisations de tirs de défense pourraient être données sur une à deux communes du massif du Coiron.

Un appui sera apporté aux éleveurs « volontaires », ajoute la préfecture. Animée par le sous-préfet de Largentière Patrick Levérino, référent loup en Ardèche, une première réunion technique avec les éleveurs les plus concernés se tiendra le vendredi 8 octobre sur le plateau du Coiron, pour expliquer l'ensemble des dispositions prises par le préfet selon les gradations prévues par le plan national d'actions loup et activités d'élevage. Des études de vulnérabilité pourraient être réalisées dans des élevages, dans le but de proposer des mesures de protection adaptées. Des conseils sur les moyens de protection du troupeau, la préservation des indices et des cadavres notamment, peuvent être apportés aux éleveurs. 

« Construire une stratégie à moyen terme »

Lors du comité départemental grands prédateurs, Thierry Devimeux a rappelé le soutien et la mobilisation des services de l’État pour aider les professionnels concernés par la prédation du loup. Il souhaite « construire une stratégie à moyen terme afin de respecter l’équilibre nécessaire entre la protection du loup et la continuité des activités d’élevages ». Les éleveurs ont rappelé « l’incompatibilité du loup avec le pastoralisme en Ardèche et le maintien de la biodiversité et des paysages ouverts. Les mesures de protection représentent une charge de travail supplémentaire et ont un impact sur la santé, le mental, le travail, mais aussi le salaire… », indique la FDSEA. Ils demandent la révision au niveau national du statut d’espèce protégée du loup.

A.L.

1. Rassemblant le préfet, les services de l’État (DDT, OFB, lieutenants de louveterie), des élus locaux, de la Chambre d’agriculture, des syndicats agricoles, des éleveurs, des élus de la fédération de chasse et de la fédération Rhône-Alpes de protection de la nature, et le préfet Jean-Paul Celet, référent national pour le plan loup et activités d’élevage.
En cas d’attaque, contacter l’Office français de la biodiversité (OFB) au 04 75 65 50 58 (astreinte soir et week-end).
NOTEZ-LE / Caractéristiques des tirs d’effarouchement et de défense
Crédit photo Pixabay

NOTEZ-LE / Caractéristiques des tirs d’effarouchement et de défense

Les tirs d’effarouchement et de défense excluent la recherche du loup, le fait de l’appâter ou de le piéger. Le loup étant une espèce protégée, sa destruction est passible d’une amende de 150 000 € et d’une peine de trois ans d’emprisonnement.

Le tir d’effarouchement est un tir non létal1, un moyen olfactif, visuel ou sonore, mis en oeuvre pour éviter les tentatives de prédation du loup, uniquement à proximité immédiate du troupeau, pendant la durée du pâturage. Il peut être réalisé par l’éleveur concerné par une attaque ou une ou plusieurs personnes déléguées par l’éleveur, sans autorisation administrative. L’intervention de nuit est possible.

Le tir de défense simple intervient durant l’exposition du troupeau à la prédation du loup, dès lors que le troupeau est protégé. Il peut être mis en oeuvre à proximité du troupeau, par un seul tireur. L’intervention de nuit est possible après identification formelle de la cible et de son environnement à l’aide d’une source lumineuse. Seules peuvent être utilisées des armes de catégorie C (permis de chasse valide pour l’année en cours obligatoire). Le tir de défense est soumis à autorisation préfectorale avec vérification de la protection effective du troupeau : autorisation délivrée au nom de l’éleveur bénéficiaire, qui peut déléguer la mise en oeuvre du tir à un ou plusieurs chasseurs, dont les noms et prénoms figurent sur l’arrêté préfectoral délivré ou sur un mandat écrit de l’éleveur bénéficiaire. La date et le lieu des opérations de tir de défense réalisées, et les mesures de protection du troupeau mis en place lors de l’opération, doivent être inscrites dans un registre par l'éleveur. Les demandes d’autorisation de tir de défense se font auprès de la DDT et doivent décrire les mesures de protection mises en oeuvre contre la prédation (parcs électrifiés, chiens de protection, etc.) et leurs localisations. Si un éleveur ou un délégataire est amené à tirer en direction d’un loup, atteint ou non, il doit en informer sans délai l’OFB.

1. Seules peuvent être utilisées des munitions en caoutchouc ou à grenaille métallique d’un diamètre inférieur ou égal à 2,25 mm.

Une délégation ardéchoise s'est rendue à la manifestation du 5 octobre à Grenoble

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