Aide exceptionnelle
Laurent Wauquiez aide à la lutte collective

Suzanne Marion
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Sensibilisé à la détresse des éleveurs du Mézenc, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes s’est rendu le 3 avril au Gaec des Bouines à Saint-Front (Haute-Loire) où il a annoncé la mise en place d’une aide exceptionnelle pour les achats de fourrage.

Laurent Wauquiez aide à la lutte collective
Pour encourager la lutte collective, la Région s'engage aussi à prendre en charge 500 € sur les 550 € de cotisations au FMSE qui finance à hauteur de 75% produits et interventions. ©HLP

À l'initiative du syndicalisme, Laurent Wauquiez s'est rendu le 3 avril sur la ferme du Gaec des Bouines, chez Fabienne et Joël Demars, afin de prendre la mesure des dégâts causés par les campagnols ou rats taupiers. « Une catastrophe ! », a souligné le président de la Région Aura en observant la parcelle jouxtant l'exploitation, en présence des présidents de la FDSEA, JA et des Chambres d'agriculture de Haute-Loire et d'Ardèche, des maires de plusieurs communes du secteur et de nombreux agriculteurs. Sous leurs pieds, le sol est habité par des milliers de rats taupiers. La parcelle, d'ordinaire prairie de fauche, ne permettra pas la moindre récolte. « Un paysage lunaire », a souligné Yannick Fialip président de la Chambre d’agriculture
de Haute-Loire. Pour Fabienne et Joël Demars qui chiffrent la perte due aux campagnols à 50 000 € sur l’année 2020, « on a perdu 70 000 l de lait sur une production annuelle de 430 000 litres. On a dû acheter 100 tonnes de fourrages pour 20 000 €, et on a fait du sursemis pour 4 500 € avec le coût de l'entrepreneur ». Plusieurs éleveurs envisagent de quitter le métier si la situation ne s'éclaircit pas dès ce printemps. L'urgence est de trouver du fourrage pour nourrir les bêtes.

La Région s'engage

Si son déplacement sur le terrain a été apprécié par les agriculteurs du secteur et les responsables professionnels soucieux de l'avenir de ces éleveurs, Laurent Wauquiez n'est pas venu en faiseur de miracles. Il a néanmoins annoncé quelques mesures qui devraient apporter un soutien direct aux exploitants et
surtout une aide à la lutte collective, seule alternative pour tenter d'endiguer l'hémorragie. « C'est le modèle d'exploitations qu'on veut défendre », a-t-il indiqué. Il a affirmé un engagement fort de la Région pour une aide dirigée sur différents axes, pour les départements. Il a d'abord rappelé l'investissement dans le cadre de la recherche avec l'Inra et Vetagrosup, avec 250 000 € engagés depuis déjà 3 ans.

Sur ces secteurs, le président de Région a également annoncé une aide exceptionnelle pour des achats de fourrages à destination des exploitations qui subissent au moins 30 à 50 % de pertes, avec transparence pour les Gaec quand il y a 50 % de pertes. Une aide simple et rapide engagée sur 5 ans et allant
jusqu'à 2 000 €. Pour encourager la lutte collective, la Région s'engage aussi à prendre en charge 500 € sur les 550 € de cotisations au FMSE (Fonds national agricole de mutualisation sanitaire et environnemental) qui, lui, finance 75 % des produits et interventions. La profession a insisté pour que la lutte soit collective et obligatoire. Laurent Wauquiez mais aussi Laurent Duplomb, sénateur de Haute-Loire, et Philippe Delabre, conseiller départemental, ont demandé au préfet, en charge des dossiers sanitaires, de rendre cette lutte obligatoire. Pour cela, il faudra faire sauter quelques verrous notamment pour les agriculteurs bio, afin que tous puissent traiter. Tous les participants se sont engagés à aller dans ce sens.

Enfin, Laurent Wauquiez a précisé qu'il aidait à hauteur de 25 000 € à financer la surveillance au travers de la Fredon et des FDGDON, et il demande aux départements touchés par la problématique, Haute-Loire, Ardèche mais aussi Cantal et Puy-de-Dôme, de faire de même. Au sortir de cette rencontre, les agriculteurs
du Mézenc se sont sentis entendus et soutenus par leurs élus et les instances agricoles. Tous restent persuadés que la seule porte de sortie de cette crise sanitaire, c'est la lutte collective.

Suzanne Marion

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Ils ont dit /

« Il faut créer un collectif autour du FMSE »

Christel Cesana, présidente de la FDSEA Ardèche

« Le désarroi des agriculteurs du plateau a été entendu. C'est par la lutte collective que nous arriverons rapidement à quelque chose d'efficace. Il y a urgence ! Il faut créer un collectif autour du FMSE. »

« La Région nous apporte un soutien moral »

Benoit Claret, président de la Chambre d'agriculture de l’Ardèche

« Nous vivons un réel traumatisme… La Région nous apporte un soutien moral dont nous avons vraiment besoin pour redémarrer une lutte collective. Il faut aussi avoir une prospection très active pour, dès à présent, engager une lutte même sur des territoires moins contaminés. »