SANITAIRE
Le développement de ravageurs accéléré par le réchauffement climatique

Très sensibles aux variations du climat, les forêts subissent depuis plusieurs années les effets du réchauffement climatique. Dès aujourd’hui, les conséquences se mesurent notamment au niveau sanitaire avec le développement plus rapide de certains ravageurs.

Le développement de ravageurs accéléré par le réchauffement climatique
Les scolytes sur les épicéas représentent la première source d’inquiétude sanitaire pour nos forêts. ©Pixabay

Si notre planète a toujours connu des variations de climat, le réchauffement climatique mondial que nous connaissons aujourd’hui est sans précédent. Les forêts en sont le meilleur indicateur. « Qui dit réchauffement climatique dit sécheresses à répétition, mais aussi moins de neige et donc moins de réserve d’eau dans les sols », confirme Samuel Resche, chargé de mission pour l’amont forestier chez Fibois Auvergne-Rhône-Alpes (interprofession filière forêt bois). Cette hausse globale des températures entraine un manque de disponibilité en eau qui se traduit par la sécheresse des arbres. « L’arbre fonctionne comme un circuit d’eau : la sève circule grâce à un phénomène d’aspiration et si l’arbre manque d’eau, cette colonne de distribution se rompt et il sèche progressivement », détaille-t-il.

Les cycles des scolytes s’allongent

Une fois sec, l’arbre, affaibli, devient une proie facile pour des champignons comme le fomès des résineux et le chancre résineux du pin ou encore des insectes ravageurs comme le dendroctone du pin, la pyrale du buis et surtout le scolyte. Ce coléoptère, qui s’attaque principalement aux épicéas, se développe sous les écorces des arbres en creusant des galeries maternelles où il vient déposer ses larves, détruisant au passage toutes les fonctionnalités hydrauliques des arbres entrainant leur mort. En bout de cycle, les scolytes colonisent ensuite d’autres arbres.

« Les scolytes sur les épicéas représentent la première source d’inquiétude sanitaire pour nos forêts. L’épidémie est surtout présente dans les régions Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté mais la pression augmente progressivement dans notre région. L’Ain est le département le plus atteint, les Savoie sont aussi touchées », explique Olivier Baubet, chef du pôle santé des forêts à la Draaf Auvergne Rhône-Alpes (ministère de l'Agriculture en région). Conséquence supplémentaire du réchauffement climatique : l’augmentation du nombre de cycles des scolytes, ce qui contribue à leur développement à grande échelle. Faute de traitement phytosanitaire, la seule solution reste la surveillance précoce et l’abattage des arbres touchés pour éviter la propagation aux arbres alentours.

Des migrations en altitude

« Nous constatons aujourd’hui des sécheresses à des endroits encore jamais vus. On sait déjà qu’à terme, certaines espèces vont avoir tendance à remonter en altitude pour fuir la sécheresse et les ravageurs. En conséquence, ces espèces vont peu à peu disparaître à plus basse altitude ce qui pose des questions en termes de biodiversité », ajoute Olivier Baubet. Pour le maintien d'un bon état sanitaire des forêts, tout l’enjeu réside aujourd’hui dans notre capacité à maintenir une « ambiance forestière ». Cela passera notamment par une politique de repeuplement, soit artificiellement par la plantation d’arbres dans des zones dépeuplées, soit par régénération naturelle en effectuant des coupes qui permettront aux graines de pousser dans de bonnes conditions. L’implantation de nouvelles espèces représente une autre solution crédible. « A la vitesse à laquelle les choses vont, nous sommes obligés de réfléchir à 50 ou 100 ans. L’ensemble de la filière est mobilisée dans cette démarche », conclut Samuel Resche.

Pierre Garcia

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