Un Plan Pastoral Territorial (PPT) vise à améliorer l’accès au pâturage et le travail des éleveurs.

Dans un contexte climatique de plus en plus instable, la reconquête des espaces naturels pâturés permet d’apporter des ressources alimentaires complémentaires aux élevages. Le Plan Pastoral Territorial (PPT) est l’un des outils qui permet d’impulser cette reconquête ! Ce dispositif propose aux agriculteurs une aide financière pour financer des équipements et travaux au pâturage à hauteur de 70% HT1 : clôture, abreuvement, contention, création ou amélioration de pistes, ouverture de milieux embroussaillés et équipements de multi-usages. Objectif : améliorer le travail des éleveurs au quotidien et l’accès au pâturage.
Un dispositif déployé sur divers territoires
Portés par des collectivités territoriales et d’une durée de cinq ans, des PPT ont été déployés en Ardèche ces dernières années. Le PPT des Monts d’Ardèche, mis en place dès 2011, est en passe de relancer un troisième programme. Celui du Coiron, débuté en 2017, est relancé en 2023. Celui du Nord Ardèche a été entamé en 2022. En sud Ardèche, l’association pastorale Bergigou a été créée également.
Le Nord Ardèche regroupe de nombreux éleveurs laitiers et des systèmes d’élevage dont les niveaux de production sont relativement hauts par rapport au reste du département, mais le PPT suscite de plus en plus d’intérêt chez les éleveurs. « Le nord est très impacté par la sécheresse. De nombreux investissements réalisés avec le PPT concernent la modernisation du matériel et l’équipement des surfaces pastorales, surtout liés aux clôtures et à l’abreuvement des animaux », explique Jessica Fressard, animatrice du PPT Nord Ardèche.
Sur le Coiron, 42 % des projets financés étaient relatifs à l’eau et à l’abreuvement. Dans les Monts d’Ardèche aussi, le besoin d’aménagement de points d’eau est grand, poursuit Melissa Fleury, animatrice du PPT, « mais aussi celui de réouverture des milieux face à la déprise agricole ». Le dernier PPT a permis de rouvrir 74 ha au pâturage et d’aménager 13 km de pistes d’accès sur ce secteur.
Dynamique collective
Pour bénéficier des subventions, les éleveurs ont la nécessité de se regrouper sous une forme collective : les associations pastorales. Une formule qui permet de créer du lien entre éleveurs : chaque exploitant devant présenter son projet à ses confrères lors des assemblées générales de l’association pastorale pour pouvoir financer son projet. Le PPT permet aussi de réunir éleveurs et propriétaires privés pour mobiliser du foncier à potentiel pastoral. Il soutient également des actions d’animation auprès du monde agricole mais aussi des collectivités et du grand public, notamment les scolaires au contact d’éleveurs.
La chambre d’agriculture de l’Ardèche tient un rôle clé dans ce dispositif. Elle participe à l’organisation des réunions d’informations et des assemblées générales des associations pastorales. Elle tient aussi un rôle d’appui à la réalisation et au dépôt des dossiers de demandes de subventions.
Milieux ouverts et économie vivante
Le recul des surfaces de pâturage conduit à des modifications paysagères, d’abord par la colonisation de broussailles, puis d’arbres, pour arriver à une fermeture parfois complète des milieux. Sur les zones les plus inaccessibles, particulièrement en montagne, les impacts sont réels sur le plan écologique : homogénéisation des écosystèmes, diminution de la diversité de la faune et flore locales, augmentation du risque d’incendies et de leur extension… Sur le plan économique, le pastoralisme contribue également au maintien d’un territoire vivant et d’une agriculture de qualité. En réunissant éleveurs et collectivités, le PPT sert également de dispositif cadre dans la conduite des opérations agricoles et environnementales d’un territoire. Dans les Monts d’Ardèche, il a permis au fil des années une montée en gamme de l’élevage ardéchois dans ses pratiques et d’initier de nombreux projets comme la marque Agneau d’Ardèche ou encore l’étude des traitements antiparasitaires sur les troupeaux ovins.
A.L. & M.C.
1. 35% de subventions européennes (Feader), complétées par la Région Auvergne Rhône-Alpes et le Département de l’Ardèche.
