DÉPLACEMENT
L’Assemblée nationale sur le terrain sur le thème du climat

Une délégation de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale est venue dans le Rhône le 1er juillet sur le thème du changement climatique. L’agriculture a besoin du soutien des pouvoirs publics pour préserver ses filières, ont insisté les représentants professionnels.  

L’Assemblée nationale sur le terrain sur le thème du climat
Sous le verger du futur, le député Jean-Luc Fugit (au centre) avec : à sa droite, la présidente la commission Développement durable de l’Assemblée nationale, Laurence Maillart-Méhaignerie, et deux députés de la délégation ; à sa gauche, Gilbert Chavas, Pierre-Olivier Giroud et Patrick Reynard. ©SD

Les cerises sont magnifiques, prêtes à être cueillies sous leur double protection, anti-insectes et anti-pluie. Le verger expérimental de Saint-Laurent-d’Agny (Rhône), autrement appelé verger du futur, a été créé en 2017 « à l’initiative des producteurs du secteur », insiste Gilbert Chavas, président du comité stratégique fruits Auvergne-Rhône-Alpes, et lui-même arboriculteur dans le département. Devant des membres de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, en déplacement officiel ce jeudi 1er juillet sur le thème du changement climatique, le responsable a défendu les efforts faits par l’agriculture pour répondre à l’urgence climatique et lutter contre les effets dévastateurs de ses aléas. L’objectif du verger du futur est de « lier la technique à l’économie pour l’avenir de nos filières fruits », à condition, a-t-il complété, « que ces initiatives soient aidées. À Saint-Laurent-d’Agny, nous avons été soutenus à hauteur de 60 % ». Le projet est en effet porté et a été financé par plusieurs partenaires : l’Afrel (association fruits Rhône et Loire), la coopérative Sicoly, Califruit, Fruits Plus et la station d’expérimentation fruits Rhône-Alpes (Sefra), avec l’appui de la chambre d’agriculture du Rhône, de la Loire, plusieurs collectivités locales, le Département et la Région. L’investissement est à la hauteur : 100 000 euros l’hectare ! Dans ces conditions, « il faut absolument assurer une récolte », ont clamé l’ensemble des producteurs présents.

Lutte contre tous les « agresseurs » connus

Organisé avec le concours du député du Rhône, Jean-Luc Fugit (La République en Marche - LREM), le déplacement de la délégation, conduite par sa présidente, la députée d’Ille-et-Vilaine, Laurence Maillart-Méhaignerie (LREM), s’est concentré sur trois filières particulièrement touchées par le changement climatique : les fruits, les légumes et la vigne. Il a été question de « lutte contre tous les agresseurs » connus (pluie, grêle, gel, insectes ravageurs…), de limitation des intrants, d’essais variétaux et de gestion de l’eau. Sur ce dernier point, le verger du futur est équipé d’un réseau de sondes, « pour recueillir les données et les transmettre aux producteurs, afin d’adapter les apports d’eau aux cultures en fonction des besoins », a expliqué Patrick Reynard, président de Sicoly.

L’agriculture « a besoin de temps pour expérimenter », a commenté le député Fugit. Et d’ajouter : « elle a aussi besoin de simplifier pour que l’on ait des stockages d’eau durant l’hiver ». Car les faits sont là : les phénomènes exceptionnels (grêle, sécheresse, gel, vent) se multiplient, l’évapotranspiration a progressé de 25 % ces vingt dernières années par rapport au siècle dernier… Si le changement climatique n’est pas le fait de l’agriculture, la mobilisation est collective pour atténuer ses effets, a appuyé Gilbert Chavas : « La recherche et développement est indispensable pour aider les producteurs à progresser. » Du temps, une réglementation adaptée, des projets collectifs et des soutiens financiers : tels sont les conditions dont l’agriculture doit bénéficier pour avancer et préparer ses filières à répondre à l’évolution du climat mais aussi aux attentes sociétales.

Une spécialisation obligatoire

Mais tout ceci a un coût, ont témoigné les représentants de la profession, à l’image du verger de Saint-Laurent-d’Agny. Car « la spécialisation est aujourd’hui obligatoire pour pouvoir investir et sécuriser la production », a renchéri Patrick Reynard. « Nous avons compris qu’il allait falloir accompagner les agriculteurs, pour répondre aux enjeux climatiques et sociétaux », a analysé le député Jean-Luc Fugit. « Les agriculteurs sont les premières victimes du changement climatique mais ils sont aussi des acteurs sur le terrain. Le collectif permet de partager des solutions et de mutualiser les risques. Ces temps d’échange nourrissent nos réflexions en tant qu’élus, pour nous aider à construire une transition durable, avec des solutions législatives et financières », a conclu la présidente Laurence Maillart-Méhaignerie.

Sébastien Duperay