TRIBUNES
Les députés ardéchois présentent leur programme agricole

Marine Martin
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Parole aux trois députés élus en Ardèche le 7 juillet dernier, par ordre de circonscription : Hervé Saulignac, Vincent Trebuchet et Fabrice Brun. L'occasion d'exprimer leur perception de l'agriculture, de présenter leur programme agricole ainsi que les actions concrètes qu'ils envisagent de mettre en œuvre.

Les députés ardéchois présentent leur programme agricole
Hervé Saulignac, député de la 1ère circonscription de l'Ardèche
Hervé Saulignac.

Hervé Saulignac, député de la 1ère circonscription de l'Ardèche

« Avec l’accélération du changement climatique, nous faisons face à un défi inédit, qui rend la transition écologique d’autant plus nécessaire. Les agriculteurs ardéchois y sont pleinement engagés, au prix parfois de baisses de rendements, du fait de la réduction des produits phyto. Cela crée des distorsions de concurrence avec les pays voisins. C’est pourquoi la puissance publique se doit d’accompagner ces mutations pour compenser les pertes et encourager l’évolution des pratiques. Mais les choix politiques sont encore loin d’être à la hauteur.

Le changement climatique pose également la question de l’eau et de son partage. Les agriculteurs font déjà d’énormes efforts, avec des pratiques d’irrigation de plus en plus économes. Mais nous ne pourrons pas faire l’économie du stockage de l’eau, et je suis convaincu que nous pouvons édifier des retenues collinaires respectueuses des milieux aquatiques.

Face à des aléas climatiques de plus en plus fréquents, notre système d’assurance reste lacunaire. Nous devons inventer un régime public de gestion des risques plus solide, fondé sur la solidarité nationale. Les Français y sont prêts.

Garante de notre souveraineté alimentaire, l’agriculture ne peut pas être soumise aux lois de la concurrence comme n’importe quelle marchandise. Nous devons interdire strictement l’importation de produits ne respectant pas nos normes et suspendre les accords de libre-échange qui s’en extraient.

La puissance publique doit intervenir dans la formation des prix pour garantir l’équilibre des négociations commerciales. Sans la garantie de prix rémunérateurs, il n’y aura ni transition écologique, ni renouvellement des générations.

La pression foncière est un autre défi. Le législateur doit protéger les terres agricoles de l’artificialisation et des appétits de nouveaux acteurs, comme la filière photovoltaïque. Nous devons protéger et promouvoir le pastoralisme et l’agriculture familiale. Je m’y engage avec conviction. »

Vincent Trebuchet, député de la 2e circonscription de l'Ardèche
Vincent Trebuchet.

Vincent Trebuchet, député de la 2e circonscription de l'Ardèche

« En écrivant ces lignes, j’ai conscience que la parole législative sur l’agriculture est aujourd’hui fragilisée. Que dire, quand les premiers espoirs suscités par une PLOA âprement négociée, et pourtant cruellement insuffisante, se voient douchés en quelques secondes par l’arbitraire dissolution présidentielle ?

Comme nouveau député, profondément fier et attaché à notre ruralité ardéchoise, j’en tire trois conclusions pratiques pour mon mandat. Face à l’instabilité actuelle, il faut faire preuve :

- De détermination : c’est pour être en capacité de défendre efficacement notre agriculture que je deviens rapporteur spécial sur ce thème au sein de la commission des finances.

- D’écoute : c’est pour préconiser les solutions que les agriculteurs ont eux-mêmes identifiées que je commence dès maintenant à rencontrer longuement leurs représentants.

- De pragmatisme : c’est pour obtenir rapidement des avancées concrètes pour nos agriculteurs que je travaille sur ce sujet de manière transpartisane, et voterai toute loi qui ira dans le bon sens, d’où qu’elle vienne.

Cette méthode doit bien sûr être au service d’une vision de long terme. Les nombreux agriculteurs que j’ai rencontrés attendent qu’on rende à l’agriculture :

- Sa fierté : par la reconnaissance de l’intérêt vital de leur métier et une lutte ferme contre l’agri-bashing.

- Sa viabilité et sa compétitivité : par une aide concrète pour anticiper et gérer les mutations (techniques et climatiques) et par une protection face à toute pression et concurrence déloyales.

- Son attractivité et sa croissance : par un renouveau de la formation, par une profonde simplification et par un soutien à la transmission.

Chacune de ces ambitions appelle des mesures concrètes. Je serai heureux de les évoquer prochainement dans L’Avenir agricole de l’Ardèche, et dès demain avec vous dans vos exploitations !

Comptez sur mon engagement. »

Fabrice Brun, député de la 3e circonscription de l'Ardèche
Fabrice Brun.

Fabrice Brun, député de la 3e circonscription de l'Ardèche

Sécuriser le revenu des agriculteurs

« Moins de charges, moins de normes, moins d’interdictions et de contrôles, voilà les objectifs qui guident mon action sur le terrain et à l’Assemblée nationale en faveur de nos agriculteurs.

Pour des revenus dignes, des retraites décentes, pour des hommes et des femmes qui travaillent dur toute leur vie, qui nous nourrissent et dont les savoir-faire font la fierté de la France dans le monde entier. Mais comment parler d’avenir, comment installer des jeunes, sans sécuriser le revenu des agriculteurs ? Alors qu’une nouvelle fois l’Ardèche est victime d’aléas climatiques, cette question centrale résonne tout particulièrement. Tout d’abord au niveau de l’assurance récolte qui doit se transformer en assurance revenu. Avec la nécessité d’activer la solidarité nationale en urgence, je suis intervenu dès le 12 juillet en ce sens au niveau national. Ensuite au niveau du stockage hivernal de l’eau, car l’irrigation est la meilleure des assurances récoltes sur fond de dérèglement climatique. Oui, il faut économiser l’eau. Mais sobriété ne doit pas rimer avec décroissance. Je combattrai toujours cette forme d’idéologie verte décroissante déconnectée de la réalité du terrain. Enfin, sur la place centrale de l’homme au cœur du développement durable, avec l’exemple du loup qu’il faut prélever autant que nécessaire car sa présence est incompatible avec le pastoralisme.

Notre priorité doit également être de lutter contre toutes les formes de concurrence déloyale venant de l’étranger. N’importons pas l’agriculture et l’alimentation qui ne respectent pas les mêmes normes que nous. Travaillons sur la réduction des distorsions de concurrence comme nous l’avons fait sur le TO-DE pour l’exonération de charges pour la main-d’œuvre saisonnière qu’il est nécessaire d’élargir.

Et de grâce faisons confiance à la recherche et au progrès. C’est tout le sens du Plan châtaigne que j’ai obtenu au niveau national, convaincu que l’avenir de l’Agriculture passe aussi par l’innovation et la recherche. »