EAU
Premier bilan pour l’accord-cadre sur la gestion de l’eau en agriculture
Mardi 31 juillet, en présence de nombreux acteurs locaux, a été célébré le premier anniversaire de la signature de l’accord-cadre pour une gestion concertée de l’eau, à l’Earl des Minières à Talencieux. L’occasion de faire un premier bilan et de se concentrer sur les actions à venir.
Que de chemin parcouru depuis la première pierre posée en 2021 autour de l’accord-cadre pour une gestion quantitative concertée de la ressource en eau. Pour rappel, cet accord entre la chambre d’agriculture d’Ardèche, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et la préfecture de l’Ardèche, a pour ambition de concilier les prélèvements agricoles avec le bon état des masses d’eau, dans le respect de l’équilibre des milieux aquatiques et des autres usages.
Un bilan « impressionnant »
La préfète Sophie Elizéon a ouvert cet anniversaire en saluant les progrès réalisés grâce à un travail collégial. « Je salue ce travail collectif, initié en 2021, portant sur la création de retenues et la mise aux normes des retenues existantes, sans prélèvement en période d’étiage. Depuis 2021, 19 retenues à usages agricoles ont été créées, mises aux normes ou élargies, pour un total de 160 000 m3. Nous poursuivons ce travail en améliorant notre connaissance des prélèvements », s’est félicitée la préfète de l’Ardèche. Un bilan également salué par Nicolas Alban, directeur régional de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse pour qui, « le bilan au bout d’un an est impressionnant, car prenant en compte dans sa globalité, la conciliation des usages ».
Un accord qui « vise à garantir la place de notre agriculture sur le territoire »
Benoit Claret, président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, retrace-lui aussi cette année écoulée : « Un an après la signature de l’accord-cadre pour une ambition partagée, nous constatons la capacité d’action de plusieurs acteurs autour de l’eau et de la protection des environnements. Cet accord vise à garantir la place de notre agriculture sur le territoire en permettant de démontrer, anticiper et prévenir les changements. Il permet à l’agriculture de se mobiliser, de développer des stratégies efficaces et de sécuriser la ressource en eau. L’adaptation à travers cet accord porte déjà ses fruits ».
Le premier volet de l’accord-cadre se déploie à travers le diptyque « s’adapter et économiser ». « 94 % de l’agriculture ardéchoise est non irriguée », rappelle Lucia Latre, cheffe du service économie et filières à la chambre d‘agriculture de l’Ardèche. « Nous travaillons sur le choix des cultures et des variétés, des itinéraires les plus adaptés et favorables à la résilience, mais aussi au travers d’expérimentations et de la mise en stress hydrique artificiellement en station, pour acquérir les compétences afin d’accompagner les exploitations. En culture irriguée, nous travaillons pour prodiguer des conseils techniques et agronomiques. »
Des sondes pour mieux connaître les sols et les besoins en eau
Depuis un mois, des analyses agronomiques sont réalisées à l’aide de sondes tensiométriques, capacitives et dendrométriques installées sur 13 parcelles du territoire. Ces sondes mesurent la capacité d’eau disponible et l’énergie employée par les racines pour l’absorber. Elles produisent un bulletin hebdomadaire de gestion du stress hydrique pour quatre filières : maraîchage, viticulture, arboriculture et fourrages. « Cela permet de concevoir de nouveaux itinéraires, envisager de nouvelles cultures, ainsi que d’adopter des pratiques favorisant la résilience et des systèmes de production plus économes en eau. Ces références nous aident, à terme, à mieux piloter l’irrigation, car pour optimiser l’eau, il est essentiel de connaître la capacité du sol et les besoins des plantes », précise Lucia Latre.
Un outil bienvenu pour Franck Stinmeste et son associé, Alexandre Forel, qui ont sur une parcelle de pommiers installé trois sondes. « Le problème de l’eau est devenu crucial : une mauvaise gestion peut entraîner des conséquences désastreuses. Une irrigation inefficace impacte gravement les vergers, y compris les pommiers, pourtant résilients. L’année dernière, le lac de Vert n’était rempli qu’à un tiers, soulevant de nombreuses questions sur notre avenir sans eau », témoigne Franck Stinmeste.
Le deuxième volet de l’accord-cadre s’intéresse avant tout à sécuriser la ressource en eau par la mise aux normes de 127 retenues prioritaires dans le bassin-versant du Doux, dont 69 ayant un usage agricole. Le troisième volet se concentre sur l’amélioration et la sécurisation de la ressource en eau.
De nombreux défis pour demain
Des avancées concrètes, mais aussi de nombreux défis à relever, notamment pour moderniser les associations syndicales autorisées (ASA) d’Ardèche. Ces ASA ont un rôle crucial à jouer dans la gestion de l’eau pour les exploitations agricoles. Un projet est en cours pour mettre en place une fédération départementale des ASA, visant à renforcer leur organisation et garantir leur durabilité. Concrètement, un accompagnement a été lancé pour permettre à l’ASA du Merlet à Charnas de se moderniser. Cette ASA est actuellement sur un réseau d’eau potable et des solutions sont recherchées pour trouver une autre source d’approvisionnement.
Marine Martin
Signature de la convention Terr’Eau07
Un organisme unique de gestion collective (OUGC) a aussi été créé pour gérer les prélèvements d’eau à usages agricoles, à travers le nouvel outil informatique Terr’Eau07.
La convention d’utilisation signée en ce jour d’anniversaire engage les parties à partager un outil commun de gestion des données relatives aux prélèvements d’eau destinés à l’irrigation agricole. « Nous avons besoin d’indicateurs, de suivi et d’actions concrètes. Cela se traduit par le travail collaboratif à travers la signature de la convention pour l’outil Terr’Eau07, qui permet de visualiser la disponibilité des données relatives à l’eau dans le département. C’est la concrétisation de l’action nécessaire pour les agriculteurs et tous les partenaires », souligne Benoit Claret, président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche.
Les missions de l’outil sont de recenser tous les besoins en eau sur le territoire pour composer une carte qui reflète la ressource en eau et pouvoir mettre en place des mesures en cas de crise. Sur le département, près de 1 400 points de prélèvements, sont connus. « Cela permet de demander aux agriculteurs concernés leur consommation d’eau en période d’étiage, de connaître les volumes prélevés et d’estimer leurs besoins pour l’année suivante. Cela contribue à une meilleure compréhension du milieu et facilite l’attribution des ressources », complète Lucia Latre, cheffe de service économie et filières à la chambre d’agriculture de l’Ardèche.