INITIATIVE
Budget participatif de la jeunesse : votez pour vos projets préférés

Mylène Coste
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INITIATIVE / Ardéchoises, ardéchois, exprimez-vous ! Depuis le 5 octobre, vous pouvez voter pour les projets que vous trouvez les plus pertinents pour le territoire. Le tout dans le cadre d’une initiative nouvelle : celle d’un budget participatif pour lequel la jeunesse ardéchoise est le principal protagoniste.

Budget participatif de la jeunesse : votez pour vos projets préférés
Le budget participatif de la jeunesse a pour objectif d'aider à financer les projets ardéchois qui recueilleront le plus grand nombre de votes. Crédit photo: Association l’École Buissonnière.

Ils sont sociaux, écologistes, solidaires, créateurs d’emplois… Des dizaines de projets ont été présentés et présélectionnés par le Département de l’Ardèche dans le cadre de son appel à projet Ajir (Ardèche, Jeunesse, Innovation, Ruralité). Le principe ? Un budget participatif pour la jeunesse, dont le règlement a été élaboré par de jeunes ardéchois âgés de 11 à 30 ans. Avec une ambition : permettre de donner vie à des projets portés par la jeunesse pour le territoire.

Le vote final vous revient !

Mobilité, emploi, expression artistique, sport, création d'entreprise, environnement… Une vingtaine de projets ont ainsi été présélectionnés. Désormais, et jusqu’au 5 novembre, tous les Ardéchois quel que soit leur âge sont invités à voter pour élire les projets qu’ils jugent les plus pertinents pour le territoire. Les dix projets lauréats se verront attribuer une subvention pour leur permettre de voir le jour.

Comment voter ?

Pour voir les 23 projets présélectionnés et voter pour vos projets favoris : https://https://jeparticipe.ardeche.fr/

L’implantation d’une forêt fruitière à Chambonas
L’implantation d’une forêt fruitière intègre une forte dimension pédagogique. Crédit photo : Elise Roche

L’implantation d’une forêt fruitière à Chambonas

Association créée il y a dix ans avec pour mission de reconnecter les enfants à la nature, « L'école Buissonnière » porte le projet d’implanter une forêt fruitière de près de 300 m2, par et pour les enfants ! « L’association a acquis un terrain de 2000 m² au bord de la rivière Sure. L’idée est d’y implanter une forêt fruitière ainsi qu’un petit chemin ombragé pour se rendre à la rivière, explique Elise Roche, fondatrice de l’association. L’objectif est que les enfants de Chambonas et des communes voisines puissent participer à la plantation des arbres, et de faire de cette forêt un réel outil pédagogique sur la biodiversité, la saisonnalité des fruits… Nous prévoyons la plantation de 700 végétaux ! Il s’agirait aussi d’en faire un lieu de rencontre, de créer du lien, avec des espaces de jeu comme des cabanes ou encore un tipi végétal. »

Le développement d’un atelier associatif bois à Chirols
L’atelier Grand-Mère scie veut promouvoir la filière bois auprès du grand public. Crédit photo : Grand-Mère scie.

Le développement d’un atelier associatif bois à Chirols

« Notre atelier associatif bois a été créé il y un peu plus d’un an et compte déjà une quinzaine d’adhérents, individuels ou associatifs, qui viennent régulièrement à l’atelier pour tous types de travaux, de la confection d’une petite étagère à la réalisation de menuiseries !, explique Frédéric Scellier, président de l’association « Grand-Mère scie ». Notre objectif est de permettre à tous les Ardéchois de découvrir la filière bois, depuis la forêt et l’abattage jusqu’à la transformation. L'association a aussi pour ambition de revaloriser le patrimoine arboricole local et de relancer l'usage de toutes les essences présentes sur le territoire Ardéchois. » Le budget participatif du Département ? « C’est pour nous une opportunité de développer et pérenniser notre atelier, et notamment d’investir dans l’aménagement du local et dans du matériel propre et performant. Nous souhaiterions aussi acquérir une machine à commande numérique pour pouvoir offrir des techniques plus modernes aux utilisateurs. »

La création d’une crêperie sociale et itinérante autour de Jaujac
« Roule galette » est conçu comme une crêperie itinérante qui tienne lieu de rencontre et de jeux pour les enfants et les familles.

La création d’une crêperie sociale et itinérante autour de Jaujac

Le projet de Léa et Marion, toutes deux issues du milieu de l’éducation et de l’animation, est d’aménager un petit camion en crêperie itinérant. Nommé « Roule galette », le véhicule ambulant proposerait des galettes et crêpes élaborées avec des produits bios et locaux à des tarifs accessibles. « Il ne s’agit pas seulement d’une crêperie, mais d’un lieu de rencontre aménagé et ludique avec des livres et jeux pour les enfants, insiste Léa Grisselmann, co-porteuse du projet. Nous souhaitons aussi donner une dimension pédagogique au projet quant au tri sélectif, etc. L’idée est aussi de proposer des petits événements culturels pour les familles, comme des contes, de la musique, des petits spectacles… Elle poursuit : « Notre volonté est de sillonner des villages isolés qui perdent de leur dynamisme à l’intersaison, avec la fermeture de nombreux restaurants et commerces ». « Roule galette » pourrait ainsi tenir des permanences chaque semaine dans de petits villages tels que Burzet, Meyras, Jaujac ou encore Pont-de-Labeaume, en privilégiant les créneaux horaires où jeunes et familles sont disponibles (mercredis et week-ends).

La création d'un jardin d'insertion à Aubenas
L’association Atouts Bout d’Champs veut créer un jardin d’insertion pour la réinsertion de personnes éloignées de l’emploi. Crédit photo : Atouts Bouts d’Champs.

La création d'un jardin d'insertion à Aubenas

Créée en 2019, l’association albenassienne « Atouts Bouts d’Champs » s’inscrit dans l'insertion par l’activité économique, ici, par l’agriculture comme vecteur de réinsertion. « Pour cela, nous souhaitons créer une ferme d'accompagnement social à Aubenas, qui comprendrait 3 à 4 ha de maraîchage bio (notamment légumes d’hiver et de printemps), mais aussi à plus long terme des plantations de petits fruits, de raisins de tables et des pommiers en variétés anciennes, explique Sylvain, de l’association Atouts Bouts d’Champs. Le but est d’accueillir des personnes éloignées de l’emploi afin de les réinsérer dans le monde du travail et de leur offrir une formation et un suivi. L’idée est ensuite de vendre nos produits localement, et pourquoi pas en restauration collective, en veillant à ne pas faire de concurrence aux producteurs déjà en place. » Il souligne par ailleurs : « L’initiative départementale de budget participatif de la jeunesse, avec un vote citoyen, nous paraît vraiment intéressante. Si nous sommes sélectionnés, nous pourrions financer une bonne partie du matériel agricole ».

« Faire participer les jeunes à l’élaboration des politiques publiques »
Laurence Allefresde. © Matthieu Dupont

« Faire participer les jeunes à l’élaboration des politiques publiques »

TROIS QUESTIONS À / Laurence Allefresde, vice-présidente du Département en charge de la jeunesse, de la vie associative et du devoir de Mémoire.

Comment a été conçu ce budget participatif jeunesse ?

Laurence Allefresde : « Il s’agit d’un projet expérimental, et c’est une première en matière de budget participatif pour le Département de l’Ardèche ! Ce budget, ainsi que l’appel à projets Jeunes, s’inscrivent dans le cadre du programme Ajiir (Ardèche, Jeunesse, Innovation, Ruralité) dont l’objectif est simple : intégrer la jeunesse à l’élaboration des politiques publiques qui les concernent ! L’appel à projets Jeunes est né à la suite d’une grande enquête en ligne à travers laquelle près de 200 jeunes ont pu exprimer leurs besoins, leurs visions et leurs ambitions pour l’Ardèche de demain. Un certain nombre d’entre eux se sont ensuite réunis et ont élaboré eux-mêmes le règlement intérieur du budget participatif. Ils ont ainsi décidé d’ouvrir l’appel à projets à tous les porteurs de projets, quel que soit leur âge. La jeunesse est donc réellement aux manettes de ce budget, nous sommes dans une vraie démarche de co-construction des politiques publiques. »

Comment ont été sélectionnés les projets ?

L.A. : « Plus de 80 projets ont été présentés et ont préalablement été présélectionnés en ligne par les Ardéchois. Puis, un jury composé de jeunes, mais également de professionnels de la jeunesse et de l’éducation populaire, de responsables d’associations et d’élus se sont réunis le 3 octobre pour échanger avec les porteurs de projets et discuter ensemble des différents dossiers. La décision finale a été donné à un jury composé uniquement de jeunes de moins de 30 qui ont choisi 23 projets pour un budget de 433 651 euros. C’est désormais aux Ardéchois de les départager, jusqu’au 5 novembre !

Selon vous, les jeunes ont-ils des préoccupations différentes de leurs aînés ?

L.A. : « On s’est, en tout cas, rendu compte que la transition écologique était au centre des préoccupations des jeunes ardéchois. Les projets qui ont été retenus ne sont pas tous centrés sur la transition, mais intègrent tous d’une manière ou d’une autre l’impact environnemental. Chaque projet devait aussi accorder une place à la jeunesse. Pour le Département, il est très intéressant de pouvoir faire participer les jeunes à l’élaboration des politiques publiques ; ce sont eux qui feront l’Ardèche de demain, et on veut leur faire confiance ! »

Propos recueillis par M.C.