UNE EXPLOITATION PRÈS DE CHEZ VOUS
Le Gaec des Accacias se réinvente au grès des évolutions

Mylène Coste
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UNE EXPLOITATION PRÈS DE CHEZ VOUS / La ferme de la famille Aunave, implantée à Vernoux-en-Vivarais a déjà une longue histoire derrière-elle. L’exploitation n’a jamais hésité à bousculer ses pratiques et à se transformer au grès des évolutions de la société, sans pour autant renier ses fondamentaux.

Le Gaec des Accacias se réinvente au grès des évolutions
Laurent Aunave s'occupe de la partie maraîchère de l'exploitation, qui compte également un élevage bovin allaitant.

La ferme de la famille Aunave, située au cœur des collines vallonnées de Vernoux-en-Vivarais, a vu se succéder deux générations. Aujourd'hui, Laurent, Hervé et Sophie Aunave, l’épouse de ce dernier, conduisent avec passion l'exploitation héritée de leurs parents.

Laurent et Hervé Aunave créent dès 1994 le Gaec des Accacias. Héritiers de quelques vaches laitières et de quelques framboisiers, la fratrie développe dès 2003 deux troupeaux bovins: un atelier lait et un atelier de vaches allaitantes, à l’époque même où sont créés les quotas pour la production de viande bovine.

Durant un certain nombre d'années, ils cultivent également fraises et framboises. « Mais nous avons cessé cette activité lors de la fermeture de la coopérative locale : nous n’avions alors plus de débouchés pour nos petits fruits, et il était difficile de trouver de la main-d’œuvre », explique Laurent Aunave. 

Quelques années plus tard, les exploitants décident de tirer un trait sur l’élevage laitier, tandis que le marché se montre toujours plus fluctuant. « C’est à ce moment-là, en 2011, que nous avons implanté 3 ha de maraîchage ; une activité qui m’a toujours plu et que j’avais déjà expérimentée lors de mon installation. »

Maraîchage et élevage bovin, un combo gagnant

L’élevage allaitant ? C’est la partie d’Hervé. Il élève aujourd’hui 80 mères de race limousine. Le Gaec des Accacias est naisseur et engraisseur, et nourrit son troupeau avec 8 ha de maïs, 5 ha de céréales, 4 ha de luzernes, et 93 ha de prairies naturelles et pâturages. Tout est vendu à la coopérative Sicarev. Et en septembre, il y a du travail ! « Nous devrions avoir 60 naissances durant le mois », affiche Laurent Aunave. Les premiers petits veaux pointent déjà le bout de leur nez !

Le maraîchage, c’est Laurent : « Nous avons 4 ha de maraîchage : 3 ha de légumes labellisés agriculture biologique depuis 2016, et 1 ha de pommes de terre jaunes et de blettes charcutières en conventionnel ». Élevage et maraîchage sont pour lui deux activités qui se complètent parfaitement : « Nous sommes ici sur des terres sableuses. Notre fumier apporte de la matière organique au sol et nous permet de produire des légumes dans de bonnes conditions ». La viande bovine représente 60 % du chiffres d’affaires de l’exploitation, 40 % pour le maraîchage.

Un nouveau tournant avec la transformation

En 2016, Laurent et Hervé Aunave ont été rejoints sur l’exploitation par Sophie, l’épouse de ce dernier, « qui a fait une saison ici et n’a plus voulu repartir », s’amuse Laurent. La jeune femme a notamment pris en main la commercialisation des légumes, et fait partie des initiateurs du magasin de producteurs « L’Escale Paysanne » de la Voulte. Au même moment, le Gaec décide d’installer un atelier de transformation à la ferme dont s’occupe aujourd’hui Sophie Aunave. « Légumes cuisinés, soupes, tartinades pour l'apéritif, préparations à la châtaigne… Nous proposons différents produits. Les conserves se vendent bien et ont eu un regain de succès durant le confinement », explique Laurent Aunave. Sans oublier les cardons, un incontournable des fêtes de fin d’année ! Les produits issus du maraîchage sont vendus en magasins de producteurs, de l’Ardèche jusqu’en Isère.

Petite nouveauté pour 2020 : « Les asperges ! », précise Laurent Aunave. « Je les ai implantées il y a deux ans, et les regarde patiemment pousser en attendant avec hâte la première récolte. »

Mylène Coste

« Le manque d’eau n’est plus tenable »
Le Gaec des Accacias élève des limousines.

« Le manque d’eau n’est plus tenable »

VERNOUX / La demande ? Le Gaec des Accacias n’en manque pas. Pourtant, il pourrait en venir à réduire l’une de ces activités par manque d’eau pour l’irrigation.

« Si l’on ne résout pas le problème de l’irrigation, l’agriculture de notre territoire va mourir à petit feu. » Tel est le constat amer de Laurent Aunave, qui se heurte chaque jour au manque d’eau sur son exploitation. « Nous avons ici deux lacs collinaires et faisons également partie d’une association syndicale autorisée (Asa) localement pour l’accès à un troisième lac. Mais avec une surface équivalente en culture, nous avons doublé les besoins en eau depuis 10 ans à cause des sécheresses et des chaleurs de ces dernières années. »

« Si la politique ne change pas au sujet de l’eau, il n’y aura plus de maraîchage »

Laurent Aunave de confier : « Nous allons devoir réduire l’une de nos activités : soit le maraîchage, qui demande beaucoup d’eau, soit les bovins, qu’il est de plus en plus coûteux de nourrir par manque de fourrages. Aujourd’hui, on a de plus en plus de mal à lever les semis d’automne, et l’herbe a totalement crevé par endroit, sans que l’on puisse ressemer tellement les sols sont asséchés ».

Il s’inquiète pour les générations futures : « Beaucoup de jeunes maraîchers s’installent ici pleins d’espoir, et se cassent la figure en partie à cause du manque d’eau. Si la politique ne change pas à ce sujet, il n’y aura plus de maraîchage. »

En ce mois de septembre, une soixantaine de vêlages sont prévus au Gaec des Accacias. Certains petits veaux ont déjà pointé le bout de leur nez !
En ce mois de septembre, une soixantaine de vêlages sont prévus au Gaec des Accacias. Certains petits veaux ont déjà pointé le bout de leur nez !
Sophie Aunave, dans les rangs de haricots.
Sophie Aunave, dans les rangs de haricots.