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Bande dessinée : les oiseaux n’auront plus de secrets pour vous !

Alors que certaines espèces d’oiseaux sont menacées de disparition, « Les Oiseaux en bande dessinée » permet de vulgariser auprès du jeune public, mais pas seulement, les mystères de l’ornithologie.

Bande dessinée : les oiseaux n’auront plus de secrets pour vous !
Alain Sirvent, Drômois d’adoption, est un dessinateur autodidacte qui s’est découvert une véritable passion pour l’observation des oiseaux. ©Laurence Boury Clair

« À ce monde qui bat de l’aile, à tous ceux qui perdent des plumes, qui se font des prises de bec en se traitant de tous les noms d’oiseaux, lisez cet album. Et prenez-en de la graine. » C’est par ces mots qu’Alain Sirvent, illustrateur pour la série Les Oiseaux en bande dessinée aux éditions Bamboo, a conclu ses dédicaces dans le premier album sorti en 2020. Découvrir les oiseaux, leur environnement, leur nourriture… tel est l’objet de cette série dont le troisième album est sorti fin mars 2022. Lancée en 2020,  Les Oiseaux en bande dessinée est l’œuvre collaborative de Jean-Luc Garréra, scénariste, et Alain Sirvent, dessinateur. Une bande dessinée jeunesse qui a pour but de vulgariser le monde de l’ornithologie. Dans l’esprit cartoon, avec des couleurs vives, les deux créateurs ont souhaité mettre en avant le mode de vie de ces peuples des airs et les menaces auxquelles ils sont confrontés depuis des dizaines d’années. « Les oiseaux sont partout autour de nous », souligne Alain Sirvent, illustrateur de livres pour enfants. « En 2020, 1 482 espèces d’oiseaux (soit 13,5 % des espèces) étaient menacées d’extinction. Rien qu’en France, la population d’oiseaux dans les campagnes s’est réduite d’un tiers en 15 ans », alerte la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

Mieux faire connaître pour mieux protéger

Ainsi, à travers cette série de bandes dessinées, les lecteurs pourront comprendre l’intérêt de mettre l’accent sur la protection des oiseaux. « Les histoires et les dessins sont validés par la LPO afin d’éviter toute erreur, le but étant vraiment de faire passer un message », prévient Alain Sirvent. Dans les dernières pages de chaque tome, la LPO a d’ailleurs souhaité rédiger un contenu pédagogique pour permettre aux jeunes (et moins jeunes) lecteurs d’aller plus loin dans la découverte. Alors qu’une espèce d’oiseaux sur huit est menacée dans le monde, « il devient fondamental de les protéger », déclare la LPO. Ainsi, plusieurs thèmes sont abordés : la voix des oiseaux, leur anatomie, leurs plumes, les nids, les œufs, la migration, etc. « Cette façon ludique de parler des oiseaux ne peut que nous conduire à mieux les connaître, les apprécier, les aimer et donc à participer activement à la protection de ces citoyens du ciel qui souffrent tant actuellement », a déclaré Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, dans le tome 2.

Entre humour et vérité scientifique

Dans cette BD destinée aux jeunes générations, les deux hommes ont souhaité aborder de manière ludique et détournée l’importance de protéger ces espèces. Toutefois, quand le scénariste Jean-Luc Garréra a proposé à Alain Sirvent de le rejoindre dans l’aventure, le dessinateur n’avait pas de connaissances spécifiques sur les oiseaux. « Au début, dessiner des moineaux et des pinsons m’embêtait un peu… Je n’avais pas pensé à tous les oiseaux qu’il y avait autour (rires). » En effet, les trois tomes présentent une multitude d’espèces, parfois méconnues du grand public : le cincle plongeur qui peut rester sous l’eau quinze secondes, le pithécophage des Philippines qui se nourrit de singes, le nestor kéa qui est le seul perroquet carnivore connu, ou encore le pygargue à tête blanche, célèbre pour être l’emblème des États-Unis. Pour les mettre en lumière, l’illustrateur de la célèbre série Les Toubibs a d’abord dû s’imprégner du monde des oiseaux. « Une page de bande dessinée me demande une journée de recherches. Il est important de savoir dans quel environnement vit tel ou tel oiseau, de connaître la faune et la flore qui l’entourent, les différences entre les mâles et les femelles... pour pouvoir le mettre sur planche dans son espace naturel », déclare-t-il.

L’amour de la nature

Un apprentissage qui est finalement devenu une passion. « Depuis la série Les Oiseaux, je suis devenu un fou des oiseaux. Dès que je sors de chez moi, je prends l’appareil photo. Cela devient obsessionnel dès que j’en entends un passer », s’amuse-t-il. Drômois d’adoption, ce n’est donc peut-être pas par hasard qu’Alain Sirvent a eu un coup de cœur pour ce département. « J’ai dû déménager cinquante-six fois (rires) », avoue celui qui est né en Algérie en 1961. « Finalement, je cherchais un endroit où je me sente bien pour travailler. J’aime beaucoup observer les paysages, voir la nature, et la région entre rivières et montagnes s’y prête bien », se réjouit-il. C’est donc avec passion que le dessinateur va débuter l’illustration des planches du quatrième album. En parallèle, Alain Sirvent travaille sur une nouvelle série sur le thème des végétaux et de leurs particularités. « C’est vrai qu’un cercle autour de la nature s’est créé, sans que je ne le cherche vraiment. J’ai également réalisé des expositions sur le cycle de l’eau, les céréales… », se souvient l’illustrateur aux multiples casquettes.

Amandine Priolet

Les Oiseaux en bande dessinée
Éditeur : Bamboo Édition
Scénariste : Jean-Luc Garréra
Dessinateur : Alain Sirvent
Coloriste : David Lunven
Nombre de tomes : trois (dernière sortie en mars 2022)
Prix : 10,95 € l’unité
Couverture BD
©DR

ASSOCIATION / La Ligue de protection des oiseaux

Association de protection de la nature avec plus de 57 000 adhérents, la Ligue de protection des oiseaux (LPO), créée en 1912, œuvre pour la protection des espèces, la préservation des espaces et la sensibilisation à l’environnement. Régulièrement, la LPO publie ou participe à la rédaction d’ouvrages. Elle a publié en décembre dernier un nouvel atlas intitulé « Du Rhône au Mézenc, les rapaces d’Ardèche », écrit par Nicolas Duroure. L’association départementale de la Drôme a quant à elle déjà publié trois ouvrages : « Raconte-moi la forêt de Saoû », « Atlas préliminaire des reptiles et des amphibiens de la Drôme » et « Atlas des oiseaux nicheurs de la Drôme ». Par ailleurs, elle publie deux revues grand public, « L’oiseau mag » et « L’oiseau mag junior ». 

Plus d’informations sur le site internet : www.lpo.fr

EN CHIFFRES / Les oiseaux en voie de disparition

Après trente ans de suivi (1989-2019), la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) ont récemment publié un bilan inquiétant sur la population des oiseaux en France. En effet, une baisse de 30 % a été relevée (- 27,6 % en milieu urbain, - 29,5 % en milieu agricole et - 10 % en milieu forestier). En Auvergne Rhône-Alpes, la situation est identique au phénomène national. « Sur la période 2002-2019, les oiseaux des milieux bâtis et agricoles ont diminué de respectivement 15,9 et 15,7 %. Les espèces forestières et généralistes restent quant à elles assez stables (respectivement + 3,6 et + 2 %) », selon le relevé d’Arthur Vernet, ex-coordinateur Stoc (Suivi temporel des oiseaux communs) pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Toutefois, quelques disparités par rapport aux résultats nationaux sont à souligner : « Par exemple, le moineau domestique est en augmentation dans la région (+ 8,54 %) alors qu’il est stable en France (- 4,6 %) ; c’est le contraire pour la mésange charbonnière qui diminue en Auvergne-Rhône-Alpes (- 10,6 %) alors qu’elle est en légère augmentation en France »,  indique le chargé de mission.