TECHNOLOGIE
Vers une modulation du travail du sol en temps réel

Ludovic Vimond
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TECHNOLOGIE / Le capteur SoilXplorer de CNH établit des cartographies de variabilité intraparcellaire des sols et pilote en direct les outils de travail du sol.

Vers une modulation du travail du sol en temps réel
À la différence d’autres capteurs du marché, le SoilXplorer est Isobus-ready et non-invasif. Il évolue à une hauteur idéalement comprise entre 25 et 45 cm, ce qui permet de l’utiliser alors qu’une culture est en place. ©Geoporstectors

Positionné sur le relevage frontal du tracteur, le SoilXplorer de CNH (Case IH - New Holland) est un capteur mesurant la conductivité des sols à quatre profondeurs (0-25 cm, 15-60 cm, 55-95 cm et 85-115 cm), grâce à cinq bobines électriques, une émettrice et quatre réceptrices. S’appuyant sur un modèle agronomique, les mesures sont traitées instantanément par le logiciel SoilXtend, qui, combiné aux données de positionnement par satellites, permet d’établir des cartes de compaction des sols, de texture et de réserve utile, pour chacun des quatre horizons mesurés. Ces cartes définissent des zones « homogènes » au sein de la parcelle et permettent de positionner de manière pertinente les échantillons de sols pour des analyses plus poussées. « On en déduit des cartes de potentiels, explique Jérôme Ménétrier, chef produits agriculture de précision pour Case IH et New Holland. Ces dernières peuvent être intégrées dans le CropXplorer, le capteur de biomasse qui module en direct la fertilisation azotée. Il est inutile d’apporter une quantité importante d’intrant là où le sol ne pourra jamais l’exploiter intégralement. » Ce même raisonnement peut également être établi pour les apports d’eau par irrigation.

Les concessionnaires et prestataires comme cibles prioritaires

Pour rentabiliser ce capteur d’un peu plus de 30 000 euros, CNH cible les prestataires de services et son réseau de concessionnaires, qui seront à même d’analyser les cartes brutes ou de s’encadrer de partenaires avec des connaissances agronomiques pour y parvenir. Par ailleurs, CNH travaille sur une autre utilisation de ce capteur : le contrôle en direct des outils de travail du sol attelé à l’arrière du tracteur. Une seconde interface, baptisée DepthXcontrol, est en mesure de piloter la profondeur de travail de l’outil au travers d’un distributeur. « Quand nous passerons prochainement dans la version Isobus 4.3, nous pourrons nous abstenir de cette interface et pourrons piloter directement le relevage », poursuit Jérôme Ménétrier.

Le DepthXcontrol propose trois modes de fonctionnement. N’exploitant que deux bobines de mesure sur les quatre, le premier se concentre sur du travail superficiel et optimise la profondeur de travail en fonction de la compaction des sols, de la teneur en eau et de leur texture. Le second mode est utilisé dans les opérations de sous-solage. L’opérateur définit une profondeur de travail minimale et une maximale : l’outil travaillera à la profondeur minimale, sauf quand le SoilXplorer détecte une zone de compactage profonde à casser. Ce fonctionnement optimise le débit de chantier et minimise la consommation de carburant. Le troisième adapte la profondeur de sol aux variabilités de profondeurs des différents horizons, pour ne pas les perturber. Cela évite par exemple de remonter des pierres, dans les zones de la parcelle où la roche est plus affleurante. Dernier algorithme, le SeedXcontrol pilote la densité de semis en fonction de la teneur en eau et de la texture du sol. Ce logiciel est encore en phase de développement avec des agronomes pour le pilotage pertinent de la densité de semis.

Ludovic Vimond

Plusieurs cartes peuvent être établies à l'aide du SoilXplorer, comme ces cartes de profondeurs de sol travaillées (vert), de réserve utile (gris), de conductivité (rouge et jaune) et de profondeur de sol (orange et noir). ©Geoporstectors