AVICULTURE
« La mise à l’abri des volailles est indispensable »

Avec un premier foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) détecté le 26 novembre dans un élevage de poules pondeuses dans le département du Nord, les éleveurs s’inquiètent d’un possible reconfinement de leurs volailles. Le point avec Joël Limouzin, responsable du dossier gestion des risques à La FNSEA;

« La mise à l’abri des volailles est indispensable »
Joël Limouzin, responsable du dossier gestion des risques à La FNSEA.©Actuagri

Avec le retour de la grippe aviaire, des éleveurs s’inquiètent d’un reconfinement de leurs volailles. Que leur dites-vous ?

Joël Limouzin : « Notre ennemi est de retour. La grippe aviaire est revenue sur le territoire français. Jusqu’à encore récemment, la grippe aviaire n’avait été repérée en France que sur des animaux de basse-cour et des oiseaux sauvages, mais depuis le 26 novembre, nous avons un premier foyer d’influenza aviaire dans un élevage de 160 000 poules pondeuses avec environ 10 % de mortalité. L’annonce faite le 5 novembre par le ministre de l’Agriculture de placer l’ensemble du territoire métropolitain en risque « élevé » pour la grippe aviaire (H5N8) est une mesure de bon sens et doit inciter les éleveurs à être plus rigoureux. Ce foyer qui fait perdre à la France son statut indemne souligne l’importance de respecter les mesures de biosécurité et de respecter le protocole d’alerte sans délai en cas de suspicion. Je pense qu’aucun d’entre eux ne souhaite revenir au traumatisme des abattages massifs qui ont suivi la détection d’un cas dans un élevage. Car ce sont des pans entiers de la filière qui sont mis à mal, avec de nombreuses difficultés pour certains de s’en relever. Si les éleveurs n’appliquent pas les mesures de biosécurité, c’est malheureusement ce qui nous attend. »

Le confinement est-il « LA » solution ?

JL : « J’estime que la meilleure formule est effectivement le confinement des animaux. Nous savons pertinemment d’où viennent les contaminations : de la faune sauvage. Il convient donc de limiter au maximum les interactions entre les volailles d’élevage et les oiseaux sauvages. Je comprends les contraintes que certains éleveurs connaissent, notamment en raison des règles inscrites dans leur cahier des charges pour conserver, par exemple, leur signe officiel de qualité. J’ai aussi en mémoire les dérogations mises en place par un ministre de l’Agriculture qui, croyant répondre à cette attente, avait indiqué que les élevages de moins de 3 200 canards pouvaient être exemptés de ce confinement. Le résultat a été malheureusement très douloureux pour eux, en particulier dans le Sud-Ouest. »

Quelles solutions apporter à ces petits élevages ?

JL : « Le principe de mise à l’abri des volailles est et doit demeurer intangible tant que la grippe aviaire n’a pas complètement disparu. Bien entendu, il existe des solutions techniques permettant le confinement des volailles en plein air, avec par exemple, la mise en place d’enclos, disposant d’un toit et des grillages pour éviter tout contact avec la faune sauvage. Il est d’autant plus important de veiller au bon respect des consignes ministérielles et de biosécurité que la situation est en ce moment délicate pour les volailles festives. Je pense bien sûr aux palmipèdes à foie gras mais aussi aux chapons et volailles de Bresse. Les enjeux de biosécurité sont primordiaux pour la pérennité de ces élevages, quelle que soit leur taille. Et aussi des filières qui y sont liées. Notre pays perd à nouveau le statut indemne d’influenza aviaire, alors que nous l’avions retrouvé il y a à peine trois mois, le 2 septembre. Si pour le moment, grâce à la reconnaissance du zonage, les conséquences ne devraient pas aller au-delà de ce qui a été observé l’année dernière, le ministère de l’Agriculture ayant reçu l’assurance de nombreux pays qu’ils continueront à accepter l'introduction des productions françaises à partir des autres départements, il faut rester vigilant car l’export représente une part importante des débouchés, j’en appelle donc à la responsabilité des éleveurs. »

Propos recueillis par C Soulard