PLAN DE RELANCE
Le gouvernement donne la priorité à la conversion écologique

PLAN DE RELANCE / L’agriculture est éligible au plan de relance de l’économie à hauteur de 1,2 milliard d’euros (Mrd€) sur les 100 Mrd€ annoncés par le Premier ministre. Il sera principalement affecté à la conversion vers une agriculture plus écologique et au développement des circuits courts ainsi qu’au plan protéines et à la forêt.

Le gouvernement donne la priorité à la conversion écologique
Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lors de la présentation du volet agricole du plan de relance de l’économie, le 3 septembre.

Sur les 100 Mrd€ du plan de relance annoncés par le Premier ministre, Jean Castex, 1,2 Mrd€ est affecté à la filière agro-alimentaire en donnant la priorité à l’agroécologie. Comme l’a précisé le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lors de sa présentation le 3 septembre, cette enveloppe vise, certes, à renforcer l’indépendance et la souveraineté de l’agriculture française mais surtout à accélérer la transition agroécologique et à lutter contre les effets du changement climatique.

Modernisation des abattoirs

Sur le premier volet, l’indépendance et la souveraineté alimentaire qui « sera le fil rouge » de son action, le ministre a évoqué le plan protéines, attendu depuis longtemps et qui sera doté de 100 millions d’euros (M€). Objectif principal : réduire les importations de soja en doublant notamment la superficie en légumineuses d’ici 2030. La filière bénéficiera également du Plan d’investissements d’avenir (PIA) recherche et développement, a précisé le ministre. Sur ce volet, 250 M€ seront affectés à la biosécurité et au bien-être animal. Le ministre a justifié cette enveloppe par « la sensibilité sociétale vis-à-vis des abattoirs ». Elle servira essentiellement à accompagner ces derniers dans leur modernisation de façon à concilier « les injonctions sociétales aux réalités économiques de terrain », ainsi que les agriculteurs qui font des efforts en ce sens.

Dans ce volet, Julien Denormandie a aussi insisté sur le renouvellement des générations en agriculture. Son ministère va lancer une grande campagne de communication sur l’attractivité des métiers du vivant, de l’agriculture et de l’alimentation. Les jeunes qui s’installent bénéficieront gratuitement d’un diagnostic carbone de leurs sols qui permettra d’identifier les leviers d’amélioration.

Prime à la conversion des agroéquipements

Dans le deuxième volet, l’accélération de la transition écologique passe surtout par le bio et l’agriculture à haute valeur environnementale (HVE). Le fonds bio sera doté de quelques dizaines de millions d’euros supplémentaires et les agriculteurs engagés dans la HVE seront éligibles à un crédit d’impôt. Surtout, les circuits courts, « qui ont été plébiscités pendant le confinement », selon le ministre de l’Agriculture, seront encouragés. Le même jour sur RTL, le Premier ministre, Jean Castex, a évoqué le développement des programmes alimentaires territoriaux ainsi qu’un assouplissement des règles de la commande publique et des incitations financières aux collectivités locales pour s’approvisionner en local. Julien Denormandie a annoncé un plan de soutien aux cantines scolaires pour atteindre l’objectif déjà fixé de produits bio ou de proximité dans les menus ainsi qu’une enveloppe de 80M€ pour la structuration des filières en circuits courts. Sur ce même chapitre, 50M€ seront également affectés à la plantation de haies qui permettent de stocker le carbone. Une prime à la conversion des agroéquipements chez les agriculteurs vers des matériels plus adaptés aux exigences environnementales sera également créée (135M€).

50 millions d’arbres

Le troisième volet, sur la lutte contre les effets du changement climatique, vise à accorder une aide aux investissements, aux arboriculteurs et aux viticulteurs pour se protéger contre les aléas tels que des filets anti-grêle. 100M€ y sont consacrés. A cela s’ajoutent 200M€ pour le renouvellement et la plantation de 50 millions d’arbres sur une superficie de 45 000 ha. Alors que la forêt piège le carbone, elle est aujourd’hui sinistrée par un certain nombre de ravageurs et par la sécheresse. Toutes ces opérations seront dotées « d’un financement additionnel », a tenu à préciser le ministre de l’Agriculture. Elles seront inscrites essentiellement dans le projet de budget de l’agriculture 2021 qui sera présenté dans quelques semaines, ainsi que celui de 2022. Elles bénéficieront pour certaines d’entre elles d’un soutien européen.

Réactions

FNSEA : objectif souveraineté alimentaire

Le syndicat agricole majoritaire s’est dit satisfait, tant par la présence du volet agricole dans le plan de relance du gouvernement que par les moyens qui lui sont réservés. « Un milliard d’euros sont dédiés à l’agriculture et il faut y ajouter les mesures transversales du plan de relance qui vont impacter très directement le secteur : relocalisation des industries agro-alimentaires dans les territoires, investissements dans les technologies d’avenir, investissements dans les énergies décarbonées, plan de soutien à l’export, lutte contre l’artificialisation des sols… », a déclaré la FNSEA. Au final, « les mesures du plan de relance constituent donc, non pas un aboutissement, mais une étape pour tendre vers l’objectif de souveraineté », poursuit le syndicat.

Coopération agricole : un plan de sortie de crise

La Coopération agricole, satisfaite de ce plan de « sortie de crise pour les filières agricoles et agroalimentaires », retrouve plusieurs propositions qu’elle avait présentées dans le cadre de sa plateforme de 30 mesures d’avenir pour restaurer la souveraineté alimentaire et accélérer la transition agroécologique de la France et de l’Union européenne. Parmi lesquelles : l’ensemble du volet « transition agricole », la baisse des impôts de production, l’abondement à la formation aux métiers stratégiques, l’axe « relocalisation des approvisionnements stratégiques » ou encore le soutien aux filières industrielles à l’export.

L’Apca veut passer à l’action

L’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (Apca) estime que « le temps est à l’action », indique-t-elle dans un communiqué. Les Chambres d’agriculture veulent utiliser les outils dont elles disposent en termes de maillage territorial et d’expertises pour « assurer la relocalisation des filières stratégiques », pour « développer une alimentation durable, saine et locale », mais aussi pour favoriser la biodiversité, développer l’agriculture urbaine et accompagner le plan protéines. « Ce plan de relance reprend des éléments portés par les Chambres d’agriculture dans leur projet stratégique ainsi que dans les propositions de sortie de crise présentées en mai dernier », a indiqué le président de l’Apca, Sébastien Windsor.