Depuis le mois d’août, les syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs (JA) Ardèche se mobilisent pour accompagner les éleveurs confrontés à la crise sanitaire de la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8.
Alors que 520 foyers et 81 suspicions de fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8 étaient recensés début octobre dans le département, la FDSEA, le syndicat départemental ovin (SDO) et Jeunes agriculteurs (JA) Ardèche poursuivent leur mobilisation pour accompagner les éleveurs ovin, bovin et caprin en difficulté. Depuis le mois d’août, en concertation avec la chambre d’agriculture et le groupement de défense sanitaire (GDS), ils ont organisé des réunions à destination des éleveurs et sollicité l’aide de l’État à plusieurs reprises via la préfecture. « Cette crise a surpris tout le monde, par la vitesse à laquelle le département s’est fait contaminer. Peu de troupeaux étaient protégés quand elle a débuté. Même si on avait avec le GDS encourager à la vaccination en début d’année, de nombreux éleveurs pensaient que le problème restait loin et n’avaient pas vacciné leurs animaux », retrace Alain Crozier, membre du bureau FDSEA et président du SDO.
Des relais d’informations et de revendications
Trois réunions destinées aux éleveurs ont été organisées le 30 août à Saint-Victor, le 3 septembre à Mirabel et le 4 septembre au Béage, par le GDS et la DDETSPP avec la participation des syndicats. Ces derniers ont suivi également les visites de terrain avec la préfète de l’Ardèche, Sophie Élizéon, le 13 septembre au Béage, ainsi qu’avec le président du Département, Olivier Amrane, le 23 septembre à Gourdon. L’objectif de ces rencontres et réunions était d’apporter un soutien moral aux éleveurs. « Il est important que les éleveurs ne restent pas seuls dans leur coin, avec la maladie sur leur troupeau », rappelle Laurent Guerin, vice-président de JA Ardèche. Elles ont permis aussi de leur donner un maximum d’informations sur la maladie, les encourager à vacciner leur troupeau, sans oublier de répondre à la gestion de crise, notamment sur l’équarrissage et l’accès aux vaccins. « Notre rôle est d’accompagner les structures telles que la chambre et le GDS dans les réponses apportées aux agriculteurs. Des inquiétudes subsistaient sur les vaccins, que ce soient leurs coûts, l’approvisionnement et leur efficacité, le lien avec les pertes indirectes, puis la pénurie de vaccin s’est rapidement développée, ainsi que la flambée des prix », poursuit Alain Crozier. Face à cette situation aussi, les syndicats ont maintenu la pression pour qu’il soit mis rapidement à disposition des éleveurs suffisamment de vaccins contre la FCO-8 et à des prix correspondants à la normale.
Lors du comité de filière ovine (Cofil) du 24 septembre, les élus syndicaux ont effectué également diverses demandes auprès de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, visant à adapter le plan filière en apportant une aide à la recapitalisation du cheptel afin d’atteindre le plus rapidement possible un retour à la production. « La Région travaille à une stratégie d’aide au renouvellement des animaux perdus mais rien n’est fixé pour le moment », ajoute Alain Crozier. « Aujourd’hui seul le Département de l’Ardèche a mis en place un dispositif d’aides exceptionnel pour soutenir l’achat de vaccins, avec une aide de 2 euros par bête vaccinée pour les vaccins non remboursés. » Rétroactive depuis le 1er août 2024 et jusqu’au 1er août 2025, cette dernière est déployée dans la limite de 1 000 € maximum par élevage et soumise à des justificatifs d’achat des vaccins et ordonnance du vétérinaire.
« Ne pas mettre en péril de jeunes exploitations »
Face à des pertes directes et indirectes multiples, les syndicats demandent que des aides exceptionnelles soient apportées aux éleveurs. « Nous devons continuer d’alerter les services de l’État et de mettre la pression car il y a encore trop d’éleveurs en difficulté. Cette situation risque d’amener un certain nombre d’exploitations fragiles à se retrouver dans une situation irréversible, notamment les jeunes éleveurs installés depuis peu. » Laurent Guerin d’ajouter : « Il ne faut pas qu’il y ait trop de pertes pour ne pas mettre en péril de jeunes exploitations. Nous avons des éleveurs installés depuis moins de 5 ans qui ne savent pas encore s’ils vont continuer ou non leur activité. Il va leur falloir racheter des animaux pour retrouver un effectif à la normale, mettre en attente leur projet d’agrandissement de cheptel, tout en ayant des pertes de trésorerie. C’est un énorme manque à gagner. »
En fin de semaine dernière, le Premier ministre a annoncé une aide de 75 millions pour les éleveurs concernés par la FCO et des prêts garantis par l’État pour les exploitations en difficulté « mais rien pour la FCO-8 ». Une aide possible via le Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) est annoncée « mais qui est alimentée par les éleveurs puisqu’il fonctionne avec des cotisations sur les élevages », estime le président du SDO. « L’État s’est aussi engagé à demander le soutien d’un fonds européen de solidarité mais pas de certitude là encore. Pour le moment tout le monde apporte son soutien moral mais aucune aide n’est effective. »
Aujourd’hui le soutien apporté aux éleveurs par les syndicats FDSEA et JA ne faiblit pas : « Nous continuons de leur apporter un maximum de conseils. Nous les encourageons par exemple à faire des échographies systématiquement pour évaluer précisément le nombre de brebis vides et le cas échéant relancer la reproduction avec le bélier. » Ces échographies peuvent être effectuées par les deux coopératives déployées en Ardèche : XR Repro et Agneau Soleil.