Les marques de distributeurs progressent en France et des producteurs s’interrogent sur l’impact qu’elles peuvent avoir sur le prix du lait payé à la production. Malgré leur positionnement prix, elles renouent depuis quelques années avec la qualité.
En France, les grandes et moyennes surfaces constituent le débouché de trois quarts des produits de grande consommation, où les marques de distributeurs (MDD) sont de plus en plus présentes. Ces MDD « représentent aujourd’hui 53 % des PGC et rien ne dit que ce mouvement va ralentir », explique Romain Le Texier, directeur des études économiques à l’interprofession nationale laitière (Cniel). Dans ce contexte, constituent-elles une menace ou une opportunité pour l’amont de la filière, s’interrogeait l’Institut de l’élevage lors d’une conférence organisée au Space de Rennes, le 19 septembre. « Si les marques de distributeurs ne se battaient que sur le prix, il pourrait effectivement y avoir une menace sur la valeur du lait à long terme, observe Yoann Serreau, président de l’Unell, une association de onze organisations de producteurs (5 200 fermes, 3,1 milliards de litres de lait) qui livrent leur lait à Lactalis. Or aujourd’hui, les MDD font valoir des arguments de qualité. » Aux yeux des consommateurs, ces marques d’enseignes ont « effectivement progressé en qualité depuis dix ans », poursuit Romain Le Texier de l’interprofession. Elles répondent aux attentes du marché et se positionnent en prix au-dessous des marques nationales.
Occasion de contrats long terme
Si elles venaient à progresser dans les prochaines années, ce pourrait même être une opportunité pour le maillon de la production, en faisant jouer la concurrence dans un contexte de baisse de production. Dans leur stratégie, les enseignes peuvent avoir un intérêt de signer un contrat tripartite (avec la laiterie et le producteur) pour sécuriser leur approvisionnement. « Lorsqu’il y a un cahier des charges, ce contrat peut générer de la valeur », poursuit Yoann Serreau (Unell). Romain Le Texier (Cniel) cite en exemple l’enseigne espagnole Mercadona qui établit « des contrats de dix à quinze ans », précise-t-il. Dans ce cas, « il peut y avoir de belles réussites », estime Yoann Serreau. C’est déjà ce que fait la coopérative U qui cherche à établir « des logiques partenariales sur le moyen et long terme, raconte Bertrand Morand, responsable des partenariats et des filières agricoles chez U. Elles donnent de la visibilité aux producteurs. Ce n’est donc pas une menace. » Il estime même que la diversité des organisations de producteurs permet la pluralité des savoir-faire et des qualités, poursuit-il.