VITICULTURE
Cave de Tain : solide malgré les épreuves

Christophe Ledoux
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COOPÉRATION / Violents orages de grêle en 2019 puis crise sanitaire au premier semestre 2020, l’exercice écoulé a été éprouvant pour la cave de Tain, qui affiche néanmoins sa solidité.

Cave de Tain : solide malgré les épreuves
Sur l’exercice écoulé, la Cave de Tain a réalisé un chiffre d’affaires de 26,4 millions d’euros, en retrait de 4,7 % par rapport à l’exercice précédent.

Compte tenu de la crise sanitaire liée à la Covid-19, la Cave de Tain a tenu son assemblée générale à huis clos, le 23 novembre. L’occasion de revenir sur douze mois marqués par deux évènements. « Avec une seconde partie de l’exercice 2019-2020 impactée par la crise sanitaire et économique, sans oublier les conséquences de la récolte 2019 grêlée, la Cave de Tain se félicite de ses choix stratégiques et continue à aller de l’avant », ont déclaré les dirigeants de la cave coopérative de Tain-l’Hermitage. Ainsi que l’a expliqué le directeur adjoint, Ludovic Beau, « la crise sanitaire
du second semestre a entraîné une baisse des ventes sur certains réseaux de distribution et une activité partielle entre le 15 mars et le 15 mai 2020 ». Au 31 juillet, date de clôture des comptes annuels, le chiffre d’affaires s’élevait à 26,4 millions d’euros, en recul de 4,7 % par rapport à l’exercice précédent.

Hausse des rémunérations

Malgré les impacts de la grêle puis de la Covid-19, « les résultats financiers sont très bons, les ventes ont été dynamiques - hormis les segments de marché de la restauration et les compagnies aériennes, et ce dans un monde du vin en crise profonde, a expliqué Xavier Gomart, directeur. La puissance de la Cave et ses bons résultats permettent l’amélioration du paiement de la récolte 2018 et le maintien du calendrier de paiement, y compris son raccourcissement décidé l’année dernière. » Par ailleurs, il a remercié Daniel Brissot, responsable du vignoble à la Cave de Tain désormais à la retraite et personnalité emblématique. Dans son intervention, la dernière en tant que président de la Cave de Tain, Jacques Alloncle s’est félicité du travail des commissions, notamment dans les domaines du foncier, de l’oenotourisme et de la formation certifiante liée au vin, « des vecteurs essentiels de croissance et de notoriété pour la cave ».

C. L.

PORTRAIT / Damien Badel, nouveau président de la Cave de Tain
Damien Badel, nouveau président de la Cave de Tain.

PORTRAIT / Damien Badel, nouveau président de la Cave de Tain

Lundi 30 novembre, le conseil d’administration de la Cave de Tain a élu son nouveau président. Il s’agit de Damien Badel, viticulteur à Gervans (EARL des pervenches). Il s’est installé en 2003 et son exploitation compte 11 hectares de Crozes-Hermitage - en label « vignerons engagés » - répartis sur quatre sites (Erôme, Gervans, Crozes-Hermitage, Pont-de-l’Isère) ainsi qu’une petite surface arboricole (abricotiers et cerisiers). « Je représente la quatrième génération y compris à la Cave de Tain où mon arrière grand-père, Louis Champion, fut l’un des premiers adhérents en 1933, avant mon grand-père, mon père et moi », confie-t-il. Agé de 46 ans, Damien Badel succède à Jacques Alloncle. « Je suis entré à la Cave en tant qu’administrateur en 2006 puis membre du bureau à partir de 2009, raconte le nouveau président. Ces dix dernières années, je les ai passées aux côtés de Jacques Alloncle que je remercie pour son implication. Son bilan est éloquent (lire ci-dessous) et il marquera brillamment l’histoire de la Cave de Tain. »

Poursuivre des ambitions en fédérant

Damien Badel inscrit son mandat dans la continuité de son prédécesseur. Il souhaite ainsi apporter encore plus de visibilité à la Cave de Tain, poursuivre la montée en gamme dans la qualité des vins. « Nous avons la chance d’avoir des terroirs magnifiques, non délocalisables, et je crois beaucoup à la capacité des gens à se fédérer pour poursuivre des ambitions », souligne-t-il. Parmi celles-ci, il cite l’oenotourisme avec Terre de Syrah, les formations certifiantes en 2021 avec TerraRhôna, l’arrivée de nouveaux jeunes. « Il faut aussi poursuivre la transition environnementale lancée en 2007 avec l’association “vignerons engagés”, qui a été mon premier dossier lors de mon arrivée à la Cave de Tain, ajoute Damien Badel. Sur ce point, notre travail est aussi de nous projeter pour mieux appréhender ce que sera notre vignoble mais aussi notre outil de vinification avec la montée en puissance depuis quelques années de l’agriculture biologique. »

Très attaché à la force du collectif, le nouveau président veut « garder les coopérateurs au centre de la Cave de Tain. Ce sont les valeurs mêmes de la coopération, celles qui apportent une dynamique exceptionnelle et qui, en ces
temps d’incertitude, sont plus que jamais essentielles. » Les collaborateurs de la Cave continueront à être associés aux réflexions, notamment dans les diverses commissions : foncière, technique, bio, communication, jeunes. « La Cave de Tain est avant tout une histoire d’hommes et de femmes, un travail d’équipe qui apporte une belle dynamique humaine », insiste Damien Badel.

Christophe Ledoux

Jacques Alloncle : une décennie à la Cave de Tain
Jacques Alloncle salue « la politique claire et l’ambition forte et collective, dans le respect des hommes, qui permettent aux équipes de la Cave de Tain d’exceller. »

Jacques Alloncle : une décennie à la Cave de Tain

Dix ans se sont écoulées depuis l’arrivée de Jacques Alloncle à la tête de la Cave de Tain. Après avoir été administrateur en 1998 (sous la présidence de Jean Faure), puis vice-président de 1992 à 2010 (sous les présidences successives de Jacky Léchenard et Amaury Cornut-Chauvinc), il est élu président en 2010. « Je m’étais dit que je ferai dix ans car cela permet de mener à bien des projets, sans ronronner », confie-t-il. Parole tenue, donc. À l’heure du bilan, ce viticulteur (16,5 ha de Crozes-Hermitage) et arboriculteur (5,5 ha d’abricotiers Bergeron) de Chanos-Curson peut revendiquer de beaux succès à la Cave de Tain. À commencer par l’installation d’une nouvelle cuverie, un investissement de 10 millions d’euros inauguré en novembre 2014. « Grâce à ces équipements, nous avons pu faire un bond en avant sur la qualité en accroissant les capacités de vinification à la parcelle, terroir par terroir », fait-il remarquer.

Des projets aboutis

L’année suivante voit l’agrandissement et la rénovation de la boutique. « Nous avons été parmi les premiers à créer au sein même du vignoble un circuit d’oenotourisme », rappelle Jacques Alloncle. D’ailleurs, cela aboutira en 2016 à constituer Terres de Syrah, une filiale de la Cave de Tain entièrement dédiée à l’oenotourisme. Cette même année voit la création d’un groupement foncier viticole. « Dans un contexte d’augmentation des prix du
foncier, son but consiste à louer des vignobles à de jeunes coopérateurs n’ayant pas de terres, afin de leur mettre le pied à l’étrier pour leur installation », explique-t-il. En 2017, la Cave acquiert la maison Caroube, belle demeure située à proximité de la coopérative, pour y organiser des événements et, à compter de l’automne 2021, des formations à la dégustation. Enfin, dans une volonté d’autonomie commerciale, la Cave de Tain quitte la structure des Vignerons de Rasteau Tain l’Hermitage (VRT) en 2018. « Sur les stratégies de vente en grande distribution, nous avons souhaité voler de nos propres ailes », précise-t-il.

Une ambition pour exceller

« Grâce à tous ces investissements, la notoriété de la Cave de Tain a progressé, devenant en 2015 la meilleure cave de France », se félicite Jacques Alloncle. Quant à l’installation de jeunes, autre cheval de bataille, en plus du groupement foncier viticole, la structure aide à hauteur de 20 000 € les plantations de vignes. Au moment de quitter la présidence, Jacques Alloncle salue « la politique claire et l’ambition forte et collective, dans le respect des hommes, qui permettent aux équipes de la Cave de Tain d’exceller. » Ils souhaite à son successeur de travailler dans la logique qui a toujours prévalue, à savoir « la meilleure rémunération possible aux producteurs et le maintien de fonds propres pour toujours investir. »

Christophe Ledoux