CLIMAT
Comment relancer la production des prairies après la sécheresse et la canicule ?

Les dégâts causés par la sécheresse sur les prairies en 2020 auront des conséquences en 2021, indépendamment des conditions climatiques de cette nouvelle année. C’est pourquoi il est essentiel d’intervenir sur les prairies affaiblies en introduisant de bonnes espèces fourragères, conseille l’interprofession semencière Semae (ex-Gnis) dans un communiqué le 21 janvier.  

Comment relancer la production des prairies après la sécheresse et la canicule ?
Il est essentiel d’intervenir sur les prairies affaiblies par la sécheresse et la canicule en introduisant de bonnes espèces fourragères. (Crédit : Semae-Gnis)

L’année 2020 a été à nouveau marquée par la sécheresse et la canicule qui ont impacté gravement, non seulement la production des prairies de l’année, mais aussi les perspectives d’un bon redémarrage au printemps 2021. Cette situation a eu de lourdes conséquences économiques pour l’élevage. Chaque kilo (kg) de matière sèche en moins correspond à 1 litre (l) de lait perdu. Une perte de 2 500 kg de matière sèche (chiffre approximatif qui varie beaucoup selon le type de sol, de flore, la zone géographique et le système d’élevage) correspond à une perte de 2 500 l de lait, soit 700 à 1 000 € de chiffre d’affaires par hectare en moins.

Ainsi, les dégâts causés en prairies en 2020 auront également des conséquences en 2021, et ce, indépendamment des conditions climatiques de cette nouvelle année. C’est pourquoi il est essentiel d’intervenir sur les prairies affaiblies en introduisant de bonnes espèces fourragères, explique Semae, l’interprofession semencière (ex-Gnis) dans un communiqué diffusé le 21 janvier.

De nombreuses conséquences économiques

Quelles que soient les exploitations d’élevage, celles-ci seront impactées. En production de viande bovine ou ovine, l’impact est également préoccupant. En effet, l’amaigrissement et la reprise de poids des reproductrices sont consommateurs d’énergie pour métaboliser et mobiliser les réserves corporelles (source Inra 2007). Souvent, la pénurie de fourrage pâturé engendre la consommation des stocks initialement prévus pour l’hiver ou demande des achats à l’extérieur. Or le coût du fourrage récolté et stocké est le triple par rapport au fourrage pâturé.

Quelles conséquences sur la flore ?

Ces événements climatiques impactent non seulement la production globale, mais aussi la mortalité de certaines plantes et une invasion d’adventices, comme la capselle et le pissenlit. Les graminées qui apparaîtront sont des graminées pionnières comme les pâturins. Certes les pâturins (communs ou annuels) sont de bonnes valeurs alimentaires et appétents, mais leur productivité est faible et surtout ils ne sont présents qu’au printemps à cause de leur enracinement peu profond. 

Comment booster les prairies affaiblies ?

Les ressemis ou les sursemis s’imposent comme la solution la plus rapide, économique et efficace. Un accompagnement de conseils sur le choix des espèces et des variétés et sur les soins à apporter lors de l’implantation permet de rentabiliser l’achat des semences. Il est également nécessaire d’adapter son mode d’exploitation en prenant en compte les caractéristiques de cette nouvelle flore.

Les questions clés pour choisir la ou les bonnes espèces sont au nombre de six. Il est nécessaire de se les poser avant toute implantation :

ŸDans quel type de sol : humide ou sain l’hiver, séchant ou frais l’été ?

ŸPour quel usage : pâturage, fauche, alternance fauche et pâturage ?

ŸPour combien d’années souhaite-t-on conserver la flore ?

ŸPour quelle période de production : tôt au printemps, en été, tard à l’automne ?

ŸPour quels types d’animaux et quel degré d’exigence des animaux ?

ŸPour quelles conditions climatiques ? 

Identifier les causes de dégradation

Bien sûr pour être complet, il est également important d’identifier les causes de dégradation de la prairie. En effet, les aléas climatiques ne sont pas forcément les seuls responsables. Pour bien choisir, il convient donc de connaître les caractéristiques de chacune des espèces dont on dispose. Pour cela la documentation et les sites de conseils de Semae/Gnis sont disponibles pour tous. Sur simple demande à Semae/Gnis, vous pourrez obtenir la réglette choix des espèces et variétés. La bonne recette consiste à associer des espèces aux caractéristiques complémentaires tout au long des saisons, des années et des usages… et qui auront la capacité de s’adapter aux contrastes climatiques connus.  

Les clés pour la réussite de l’implantation

Pour réussir l’implantation d’un ressemis ou d’un sursemis, cinq points clés sont préconisés.

ŸLa densité de semis : objectif 1 000 graines / m². Semer moins dense risque de faire la part belle aux adventices, semer davantage met les plantes en concurrence, au détriment de la pérennité. La réglette de Semae/Gnis sur le choix des espèces et variétés informe les utilisateurs des PMG.   

ŸLa profondeur de semis et un bon contact terre-graine : l’objectif est de semer à 1 cm, dans la terre et non dans la matière organique que l’on peut trouver en surface. Il est nécessaire de bien rappuyer le sol pour faciliter la germination des graines et l’ancrage des jeunes racines (rouler ou faire piétiner).  

ŸUne bonne température : attendre d’obtenir au moins 10°C et bien sûr, ne pas semer lorsque l’on peut encore craindre des gelées. Pour les semis d’été, attendre le 15 août dès que les canicules ou sécheresses sont passées.  

ŸUn minimum d’humidité : lors de l’implantation, les jeunes plantules sont sensibles au sec tant que les talles ne sont pas complètes. Ce stade est atteint environ 4 à 6 semaines après la levée. 

ŸFaire le point sur la fertilité et le chaulage : pour que le potentiel de production des espèces sélectionnées s’exprime au mieux. En matière agronomique, le contrôle du pH est nécessaire. De même, il est intéressant de vérifier si le sol est suffisamment pourvu en phosphore et potasse. 

Pour maintenir la pérennité de la prairie

Les préconisations pour maintenir la pérennité de la prairie sont inchangées depuis les publications d’André Voisin (1957). Déprimage, étêtage, respect des hauteurs d’herbe au pâturage, hersage-ébousage, mode d’exploitation, aménagement parcellaire, assainissement ont fait leurs preuves et sont toujours d’actualité. L’élevage est une activité économique pour l’ensemble du territoire français. Les aléas climatiques l’impactent fortement. Il est donc important de maintenir des prairies productives. D’autant plus que ces espaces constituent une richesse de notre diversité paysagère et permettent de maintenir une biodiversité floristique et faunistique.

Avec Communiqué Semae (ex-Gnis)

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ZOOM SUR / Les questions clés pour le choix des variétés

Environ 650 variétés pour une vingtaine d’espèces sont disponibles en graminées et légumineuses. Pour avoir le meilleur, face à une situation précise, le site www.herbe-book.org est à la disposition de tous. Pour chaque espèce, il existe des variétés qui, bien évidemment, sont différentes ! Les critères variétaux ne sont pas les mêmes d’une espèce à l’autre. Le site internet permet non seulement de prendre connaissance des critères variétaux de l’espèce, mais aussi, selon la situation de chacun, de choisir la ou les variétés les mieux adaptées. Sur ce site, il suffit, après avoir choisi l’espèce, de classer par ordre d’importance les critères qui vous semblent les plus intéressants à prendre en compte pour votre exploitation. Les variétés vont alors se classer selon vos critères de sélection.

CONTACTS / Délégation régionale Sud-Est

Ÿ Philippe Roux – Délégué Régional - 04 72 18 51 13 – [email protected]

Ÿ Thierry Dumergue – Animateur Interprofessionnel - 06 89 33 77 38 – [email protected]

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