ENTRETIEN
Chahuté, Sodiaal répond

Alors que des éleveurs ont manifesté le 4 août devant les bureaux de Sodiaal à Clermont-Ferrand, Sébastien Courtois, administrateur et référent bio à la coopérative et éleveur dans le Rhône, réagit au contexte de la filière bio.

 Sébastien Courtois, administrateur et référent bio chez Sodiaal
Sébastien Courtois, administrateur et référent bio chez Sodiaal. Crédit photo: Sodiaal

Comment faites-vous face à la situation critique en lait bio ?

S.C. : « Sodiaal a toujours lié sa politique de développement de la production de lait bio aux débouchés, et depuis 2019 nous avons fait le choix de ralentir les conversions bio, pour les arrêter en 2021, sauf pour un jeune agriculteur qui s’installe, dans une de nos zones de collecte bio. Nous avions dès 2019 envisagé une stagnation de la consommation bio, mais absolument pas une diminution. La baisse de conso s’est observée dès la fin 2020 sur tous les segments (lait de conso, ultra-frais, fromages...). C'est pourquoi nous avions mis en place en août 2020 un système de double prix avec une franchise de 10 % des volumes payés au sociétaire en lait de déclassement. Depuis février, les éleveurs ayant produit entre -3 et -10% par rapport à l'année précédente peuvent se faire rembourser ce prix de déclassement. Cela nous a permis de limiter la production ce printemps. Résultat, depuis le mois de juillet, nous revenons à un prix 100 % en bio, qui sera d'ailleurs en hausse par rapport au deuxième semestre 2021. C’est grâce à tous ceux qui ont joué le jeu de limiter volontairement leur production et je les en remercie ! »

Comment vous situez-vous du côté des prix ? 

S.C. : « Attention de ne pas tomber dans le piège de la saisonnalité. L’écart est de près de 100 €/1000 l entre les mois de printemps (environ 400 €/1000 l d'avril et mai) et les mois d'automne (plus de 500 €/1000 l de septembre à novembre). Si on observe les prix sur 12 mois complets, alors le prix du lait bio à la coopérative conserve une bonne avance, même si cet écart diminue avec la forte augmentation du prix du conventionnel. Le prix payé au producteur avait baissé de 3 €/1000 l en 2021, mais devrait se raffermir cette année.

Quant au prix du lait conventionnel, il va augmenter de plus de 60 €/1000 l par rapport à 2021 avec 40 % des volumes valorisés en GMS, 40% auprès d'autres clients industriels ou en RHD, et 20% en beurre poudre. »

Quels sont vos principaux débouchés ?

S.C. : « Nos clients sont très majoritairement la grande distribution française, très peu les magasins spécialisés et l’export. Nous avons aussi quelques industriels à qui nous vendons des ingrédients et quelques PME à qui nous vendons du lait cru. La restauration collective commence peu à peu à prendre de l'ampleur mais cela reste encore timide. »

Quelles sont les stratégies du groupe pour valoriser le lait ?  

S.C. : « Sur le court terme, l’objectif est de faire accepter des hausses de tarifs à nos clients de la grande distribution. C’est pour le moment plus difficile en lait bio qu’en conventionnel. Sur le long terme, il s’agit de pérenniser la filière bio. Notre démarche "Le Bio pré de vous » est au cœur de nos relations commerciales avec nos clients pour générer de la valeur. Il s’agit d’un nouveau référentiel pour aller encore plus loin que le label AB (pâtrurage, alimentation française des animaux, impact carbone, etc). »

Comment relancer la conso en bio ? 

 S.C. : « Nous sommes pleinement impliqués auprès de l'interprofession laitière et avec l’Agence bio pour communiquer positivement sur les produits laitiers bio. En interne, nous avons fait des vidéos et des communiqués sur nos produits bio. Il est clair que nous sommes très dépendants du niveau de consommation des Français des produits bio, et c'est bien là l'enjeu principal ».

Propos recueillis par M.C.

PRIX

Des manifestations devant les bureaux de Sodiaal

FDSEA et JA du Puy-de-Dôme ont manifesté le 4 août devant les bureaux de Sodiaal à Clermont-Ferrand, pour demander « à la coopérative d’assumer son rôle de leader et d’appliquer la loi » Egalim 2. Dans un communiqué, la FDPL du Puy-de-Dôme affirme: « Le prix du lait en France est plus bas que ses voisins européens ! Les augmentations arrivent mais beaucoup plus lentement que dans les autres pays. Et les transformateurs, petites PME ou grandes entreprises, ont l'air de se complaire dans cette habitude d'ajuster toujours au plus bas les prix payés ».  Sodiaal, première coop’ laitière française, a annoncé un prix du lait conventionnel à 420 €/1000 litres pour juillet, août et septembre.

 

 

Le bio chez Sodiaal
La société Candia, filiale de Sodiaal, et l'un des leaders du lait de consommation bio. Récemment, Sodiaal a également racheté Yoplait (Panier, Perle de lait, Yop, P’tits Filous, Câlin et Liberté).

Le bio chez Sodiaal

800 exploitations collectées en France

300 exploitations en Rhône Alpes