PROTECTION
Le verger national menacé par les impasses techniques

Comme pour de nombreux secteurs agricoles, en particulier les betteraves, les arboriculteurs commencent à subir les conséquences du manque de protection de leurs cultures, en raison d’interdictions, mettant en péril une partie de la production.

Le verger national menacé par les impasses techniques

Les producteurs du Collectif Sauvons les fruits et légumes ont fait récemment le point sur les nombreuses impasses techniques dans la lutte contre les maladies et les ravageurs, notamment en arboriculture. Ainsi, « 40 % des usages en arboriculture sont des usages orphelins », rappelle Josselin Saint-Raymond, directeur de l’Association nationale pommes poires. Pour certaines « petites » productions, les homologations coûtent trop cher pour espérer une rentabilité et les firmes ne déposent pas les demandes nécessaires. « Nous avons de grandes impasses sur nos vergers », confirme Patrice Vulpian, producteur de pêches, nectarines, et abricots à Saint-Martin de-Crau, dans les Bouches-du-Rhône. Parmi les ravageurs ou les maladies impossibles à traiter aujourd’hui, il cite la cicadelle verte et la cloque. « La lutte contre le puceron est de plus en plus difficile depuis la fin des néonicotinoïdes, ajoute-t-il. Or le puceron est le vecteur de la sharka ». De nombreux vergers et exploitations sont ainsi en train de disparaître. La situation est semblable, et peut-être pire, en cerise. Sur ce fruit, « le fléau majeur est la Drosophila Susuki », rappelle Jean-Christophe Neyron, président de l'AOP cerises de France et producteur à Malemort-du-Comtat (Vaucluse).

Surcoût : + 15 %/ha

Depuis l’interdiction du diméthoate, qui avait une réelle efficacité contre cette mouche arrivée en France dans les années 2010, « il n’y a pas aujourd’hui de solution ». « Son produit de remplacement nous a permis de tenir, mais il va lui aussi disparaître en 2022 ou 2023 », ajoute-t-il. La seule solution aujourd’hui est d’installer une barrière mécanique comme les filets. Mais c’est un investissement important. Ainsi, ne pourront rester en production que les arboriculteurs qui ont des surfaces importantes. « Les petites parcelles vont disparaître. On va perdre beaucoup de surfaces ». La situation n’est pas meilleure dans les vergers de pommes et de poires surtout depuis l’interdiction, en France, des néonicotinoïdes, alors qu’ils sont autorisés dans 18 pays de l’UE. « Les produits de substitution ont un niveau d’efficacité moindre. Il faut traiter 3 à 4 fois plus qu’avant avec des conséquences dommageables pour la faune auxiliaire, l’exposition du personnel. Sans oublier les problèmes de voisinage. ». Cette multiplication des traitements a également un surcoût : + 15 % à l’hectare environ. « Entre 2006 et 2016, nous avons détruit 60 % des exploitations arboricoles en France. Aujourd’hui, nous importons plus de 70 % de notre consommation de fruits (y compris les fruits exotiques). Notre autonomie alimentaire est clairement remise en cause ».