BOVIN
2020, une année chargée pour le GDS de l'Ardèche

Mylène Coste
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BOVIN / Les traditionnelles réunions de secteur organisées chaque année par le GDS ont dû s'adapter au contexte sanitaire. Elles se sont tenues en visioconférence, l'occasion toutefois de passer en revue les réalisations et les projets du GDS de l'Ardèche.

2020, une année chargée pour le GDS de l'Ardèche
Le dépistage de la BVD avec pose de boucle à prélèvement de cartilage est désormais obligatoire.

L'année n'a pas été de tout repos pour le GDS et ses adhérents. La filière bovine, en particulier, a dû rapidement s'adapter à de nombreux changements en matière de prévention et de lutte sanitaire... Et en Ardèche, elle a sû le faire !

Le kit intro, devenu obligatoire le 1er octobre 2020 suite à un vote en ce sens des adhérents, est désormais généralisé sur le département. En 2019-2020, 4,41 % des kit intro ainsi réalisés sur des bovins achetés ont détecté des individus positifs à une maladie au moins. 

Besnoitiose : de plus en plus d'élevages engagés dans la gestion collective

La lutte contre la besnoitiose continue d'avancer en Ardèche, département pionnier en la matière. « Une lutte d'autant plus importante que les symptômes sont difficiles à déceler et diffèrents d'un animal à l'autre », souligne le président du GDS Mickaël Richard. 80 élevages ardéchois sont aujourd'hui en plan besnoitiose.

Dans le cadre du plan besnoitiose, les bovins de plus de six mois sont systématiquement dépistés. Lors de la confirmation d'un foyer, deux possibilités de gestion existent. Si moins de 10 % des animaux sont positifs, ils sont alors éliminés sous trois mois. « Au-delà de 10 %, la gestion en lots séparés s'impose, explique Fabrice Méjean. Les animaux en cas clinique sont réformés tandis que les autres séropositifs sont éliminés progressivement, sous un à deux ans. » Outre ces mesures, la réalisation d'une enquête épidémiologique, notamment auprès du voisinage, permet d'éviter la propagation de la maladie dans la zone. En sortie d'élevage, les animaux sont systématiquement dépistés.

Près de 10 ans après la création d'un groupe « pilote » sur le Coiron, une nouvelle action collective a été engagée en 2019 avec une centaine d'exploitations contactées, dont 70 ayant accepté de dépister leur troupeau. Environ 14 % des analyses effectuées se sont révélées positives à la besnoitiose, soit un peu plus que sur l'ensemble de l'Ardèche (7 à 8 %). « Parmi les 39 élevages ayant des bêtes positives, 22 sont déjà entrés en plan d'éradication, indique Fabrice Méjean. Le GDS fournit une aide financière aux analyses en laboratoire », rappelle-t-il. Une initiative similaire a été lancée sur le plateau ardéchois, où une centaine d'exploitations vont procéder à un dépistage. 

Lutte contre la BVD : les Ardéchois ont joué le jeu

Autre nouveauté de 2020, le dépistage de la BVD1 a été rendu obligatoire dans toute la France. « Malgré la Covid-19 et le confinement, 89 % des naissances ont été dépistées en Ardèche, ce qui est très satisfaisant, insiste Margot Brie, conseillère en santé animale au GDS. Les éleveurs ont joué le jeu ! » 68 % du cheptel ardéchois a ainsi pu être qualifié, pour une prévalence moyenne de 0,5 %. 134 bovins ont ainsi été détectés positifs, dont 89 Ipi. « Il est important de boucler les animaux très rapidement, sous 48 h, pour éviter les « faux positifs », poursuit Margot Brie. En effet, un bovin garanti non Ipi peut toutefois être porteur de la BVD ; on parle alors de virémique transitoire. Attention aux vaches gestantes qui peuvent s'avérer positives au contrôle anticorps, et doivent dans ce cas être isolées à tout prix. » Autre point de vigilance : « Les regroupements d'animaux (estives, pensions, marchés...) peuvent être vecteur d'infestation ». La technicienne appelle également les éleveurs à être rigoureux dans leur déclaration (date de prélèvement, etc), les anomalies pouvant entraîner des retards dans la génération des Asda2.

Dans le cadre du plan BVD du GDS, le dépistage des veaux naissants est suivi de l'élimination des Ipi dans un délai de 15 jours, avec un recontrôle possible dans un délai de 4 à 6 semaines. L'analyse du cheptel reconnu infecté doit avoir lieu sous un mois pour pouvoir bénéficier d'aides financières du GDS. Margot Brie souligne par ailleurs : « En avril 2021, la loi de Santé animale pourrait imposer des dépistages de la totalité du troupeau – et plus seulement des individus – pour valider les mouvements d'animaux au sein de l'Union européenne. Il est donc important d'être prêts pour ces nouvelles règles ».

IBR : un quasi 20/20 pour l'Ardèche

« En Ardèche, nous avons mis en place la recherche de l'IBR3 dès 1992, rappelle Sylvie Gleize, technicienne du GDS. Nos efforts ont payé, puisque nous avons obtenu l'an dernier le classement en zone épidémiologique favorable : il ne reste plus que quatre bovins concernés dans deux exploitations, à Coucouron et Colombier-le-Jeune. » Le nombre de bovins à prélever en prises de sang reste néanmoins inchangé, soit 100 % de ceux âgés de plus de 24 mois (12 mois si présence de non négatif IBR). 

Sylvie Gleize alerte cependant : « Si l'Ardèche est aujourd'hui très avancée en matière d'IBR, il faut être vigilant quant à l'introduction de bovins issus d'autres départements qui le sont beaucoup moins, comme la Lozère ou le Sud de la France. Pour se protéger, n'oubliez pas que les contrôles à l'introduction sont à réaliser entre 16 et 30 jours, avec isolement préalable ». Aussi des discussions avec la Lozère et la Haute-Loire sont engagées afin d'harmoniser les règles quant à l'IBR pour prévenir des risques lors des estives, pensions et transhumances. La preuve que la bataille n'est jamais totalement gagnée, et que le GDS maintient sa vigilance en toute circonstance !

Mylène Coste

1. Diarrhée virale des bovins.
2. Attestation sanitaire à délivrance anticipée.
3. Rhinotrachéite infectieuse bovine.

Le kit de prélèvement pour la BVD.

Le kit de prélèvement pour la BVD.
Agir pour la santé des petits ruminants
Les mycoplasmes provoquent une diminution de la production laitière chez les chèvres.

Agir pour la santé des petits ruminants

CAPRIN – OVIN / Chez les petits ruminants, la prévention des maladies est également un enjeu, dès la création du troupeau. 

La réalisation du statut sanitaire, qui permet de détecter différentes maladies (fièvre Q, paratuberculose, chlamydiose et Caev en caprin, visna-maëdi en ovin) est vivement conseillée pour éviter d'introduire de nouvelles maladies dans le troupeau lors de l'achat d'animaux ou de mouvements (transhumance...). En 2019-2020, le GDS de l'Ardèche a ainsi réalisé 38 statuts sanitaires. Si des protocoles de lutte contre ces maladies ont été mis en place depuis plusieurs années déjà, d'autres maladies moins connues émergent et demandent aux éleveurs de s'adapter.

Lutter contre les maladies émergentes

Les mycoplasmes, qui se transmettent par l'introduction d'animaux porteurs, via le lait, les sécrétions et excrétions, en font partie. Provoquant une diminution de la production laitière, les mycoplasmes sont détectés par analyse de lait au tank. En cas de contamination, des traitements antibiotiques existent, et doivent être concomitants à la mise en place de bonnes pratiques durant la traite (désinfection des trayons, vérification du matériel de traite, ordre de traite...).

La lutte contre les myases wohlfahrtia, larves qui provoquent des lésions des pieds, plaies et écoulements vaginaux, est également un véritable enjeu. Des produits antiparasitaires externes ou insectifuges permettent de les éliminer efficacement, et il convient également de traiter les plaies et lésions causées tout en favorisant l'hygiène des animaux.

Autre maladie émergente : la gale ovine est provoquée par un acarien qui se développe notamment au printemps et à l'autonme. Transmise facilement via les introductions et rassemblements d'animaux, mais également par des tiers (chiens, oiseaux, matériel de tonte...), elle engendre des symptômes identifiables: démangeaisons avec boutons de gale, croûtes et absence de laine par plaques, perte d'appétit, avortement et mort. La présence de tout symptôme doit être signalée au GDS. Un traitement des animaux et des bâtiments doit être réalisé, et les mouvements d'animaux limités.

Le GDS au service de toutes les filières d'élevage

ACTUALITÉ /

Outre les bovins et petits ruminants, les autres filières animales ne sont pas en reste. Ainsi, la filière porcine a retenu toute l'attention du GDS cette année encore, concernant tout particulièrement la fièvre porcine africaine (anciennement peste porcine africaine – PPA). « Une dizaine de formations à la biosécurité, devenues obligatoires pour les éleveurs, ont été proposées par le GDS, souligne Sylvie Gleize. Nous proposons également des audits et des plans pour la biosécurité aux exploitants qui le souhaitent. » 

La section apicole du GDS permet à ses adhérents de commander des traitements antivarroa et de participer à des formations sur différents thèmes sanitaires. La création d'une section « équidés » est également en projet, et déjà une première formation à destination des détenteurs d'équidés a été mise en place début 2020, réunissant 16 participants.