VIGNOBLE
À la découverte du Domaine Jolivet

Anaïs Lévêque
-

VIGNOBLE / Situé à Saint-Jean-de-Muzols, le Domaine Jolivet a été élu « Découverte de l’année », début janvier 2020, par la Revue du vin de France et fait son entrée dans le Guide des meilleurs vins de France ! Rencontre avec Bastien Jolivet qui gère le domaine avec son père Alain.

À la découverte du Domaine Jolivet
Bastien Jolivet produit 40 000 bouteilles de vin par an, dont un vin de France en blanc et en rouge ainsi qu’un vin sous appellation saint-joseph en blanc et en rouge.

Situé sur l’aire de l’appellation saint-joseph à Saint-Jean-de-Muzols, le Domaine Jolivet a été distingué en janvier par l’une des revues les plus suivis dans le milieu du vin. La Revue du vin de France vient en effet de lui décerner le prix de « Découverte de l’année », l’inscrivant d’office dans son Guide des meilleurs vins de France. Une distinction surprenante pour Bastien Jolivet qui n’a jamais participé à aucun concours agricole. « Nous envoyons souvent des échantillons à des journalistes mais les domaines sont rarement mis en avant », constate-t-il. Ce prix lui permettra de bénéficier d’une vitrine particulièrement intéressante auprès des professionnels du marché du vin mais pas seulement : « C’est la revue phare de la filière en France, dans le Benelux, en Belgique. Il en existe d’autres mais celle-ci touche un public plus large dont de nombreux amateurs, connaisseurs, puristes… »

« Le produit final m’a ramené à la terre »

Âgé de 31 ans et installé en Earl avec son père Alain, Bastien Jolivet s’est pris de passion pour le vin tardivement, estime-t-il. « Quand on grandit dans une exploitation, c’est souvent le travail de la terre qui donne envie de reprendre. Moi, c’est l’inverse, j’ai travaillé avec mes parents mais c’était plutôt une contrainte. C’est le produit final qui m’a ramené à la terre. »

Après un parcours scolaire scientifique, il suit une formation de viticulture-oenologie et travaille pendant plusieurs années au Domaine du Monteillet sur les appellations côte-rôtie et saint-joseph, puis en cave comme maître de chais et caviste. Quand le travail se réduit, il part vinifier dans les vignobles des régions de Tulbagh en Afrique du Sud ainsi que celles d’Hawke’s Bay et du Malborough en Nouvelle-Zélande. Entre hémisphère nord et sud, il multiplie alors les vendanges et découvre des techniques de culture et de vinification très différentes. Une ouverture d’esprit aussi, d’autres cultures et façons de vivre, l’anglais... Et l’envie de faire son propre vin germe doucement à force d’expériences en cave et de dégustations de vins.

En 2014, il s’associe avec son père qui cultive des vergers d’abricots et de cerises sur 10 hectares, commercialisés avec des grossistes, et exploite 30 ha en céréales. Il travaille également 5 ha de vigne en AOC saint-joseph, dont la récolte est vendue à la cave de Tain-l’Hermitage. Avec l’arrivée de Bastien sur l’exploitation, un peu moins passionné par les fruits que par le vin, le vignoble s’agrandit petit à petit et s’étend aujourd’hui sur 10 ha. « Nous avons rénové la bâtisse viticole pour faire la cave. Nous avons aussi remis en valeur les côteaux abandonnés il y a 30 à 40 ans. Nous faisons le même travail que les anciens, avec un peu plus de modernité, de connaissances et de moyens mais nous n’avons pas vraiment de mérite, nous n’avons rien changé », indique Bastien Jolivet.

Complexité, élégance, finesse, équilibre…

Le Domaine Jolivet produit en moyenne 40 000 bouteilles de vin par an, dont un vin de France en blanc et en rouge ainsi qu’un vin sous appellation saint-joseph en blanc et en rouge. « Ça marche bien, le marché des crus sur le Rhône Nord se porte bien de manière générale. Nous sommes reconnus comme les producteurs de syrah les plus élégantes et pures du monde et nous n’avons pas beaucoup de volumes de vins. Nous avons aussi la chance d’être sur des prix accessibles donc les clients se tournent de plus en plus vers notre région », ajoute-t-il, non sans oublier le travail mené par les négociants. « C’est beaucoup grâce à eux que nous en sommes arrivés là. Et puis, nous avons eu de belles années aussi, avec de supers millésimes. »

Depuis 2017, sa production est vinifiée et mise en bouteille sur place. « Nous avons une cuvée de saint-joseph rouge qui représente le mieux le Domaine : L’Instinct. » Elle concerne 60 % de ses volumes. « Pour cette cuvée, nous avons neuf parcelles de saint-joseph rouge que nous vinifions et élevons séparément mais nous ne faisons qu’un seul assemblage parce que ça amène beaucoup de complexité au vin, de l’élégance, de la finesse, de l’équilibre. C’est à peu près tout ce que l’on essaie de rechercher sur nos vins. »

Un travail de longue haleine

Sur ses 10 ha de vigne, 6,5 ha sont travaillés en agriculture biologique. « Sur le reste, nous avançons doucement dans ce sens et essayons de n’utiliser aucun intrant à la cave mis à part un peu de soufre. » Avec des sols très sensibles à l’érosion, les pentes rendant le travail difficile, de nombreux murs à monter… « C’est un travail de longue haleine et nous préférons le mener lentement mais bien le faire ! De toute manière, nous ne faisons pas de différence entre nos parcelles bio ou non bio, nous les associons, nos vins ne sont pas bio pour le moment. »

Et les abricots ? « Trop de boulot, de contraintes, de pénibilité », confie Bastien. Avec son père, ils arrêtent cette année la production fruitière. « Nous gardons seulement 1 ha de cerises qui se valorisent bien et les céréales. Mon père part bientôt en retraite. Entre la cave, la vinification, le travail du sol, en se permettant une certaine qualité de vie, nous nous focalisons sur les vignes maintenant pour ne pas être contraint avec la cueillette et le conditionnement des abricots. Surtout sur des petites structures comme la nôtre, c’était compliqué à gérer. »

Domaine
Le Domaine Jolivet rassemble 10 hectares de vigne dont 6,5 ha travaillés en agriculture biologique.