SÉCHERESSE
Comment irriguer efficacement ses vignes ?

Si l’eau peut sauver la récolte en cas de forte contrainte hydrique, elle ne fait pas de miracle ! Jean-Christophe Payan, spécialiste de l’irrigation à l’IFV, a livré quelques clés pour piloter au mieux l’irrigation du vignoble.

Comment irriguer efficacement ses vignes ?

Quand irriguer et en quelle quantité ? C’est la question que se posent de plus en plus de vignerons. Et c’est ce sur quoi a planché Jean-Christophe Payan, dans le cadre d’expérimentations menées dans le Languedoc. Il a livré quelques une des conclusions à Montélimar, en novembre, lors du PNDV Tour (plan national de dépérissement du vignoble). D’emblée, il prévient : « L’effet rendement de l’irrigation est faible. Au-delà de 100 mm, ça n’a carrément aucun effet, c’est du gaspillage. Il poursuit : Si la vigne n’est pas en situation de contrainte hydrique, apporter de l’eau n’aura aucun effet sur la taille des baies. » D’autre part, une vigne irriguée aura tendance à mûrir plus tôt, avec des taux de sucre qui grimpent plus vite.

En situation de sécheresse, l’irrigation a toutefois son intérêt pour éviter le flétrissement. A condition d’apporter l’eau au bon moment et en bonne quantité. Jean-Christophe Payan observe : « On n’a pas besoin d’arroser avant le 10 juin, ni après le 10 août. Pour savoir quand arroser, il faut bien tenir compte des données climatiques, du type de sol, des observations sur le terrain. On peut bien sûr faire des mesures si on en a la possibilité (tensiomètre…). »

Il poursuit « Quand on a accès à l’eau, on a tendance à gaspiller pour se sécuriser. Ça n’a pourtant pas d’effet au-delà d’une certaine quantité. Lors de nos essais, même avec de grosses quantités d’eau, on n’a jamais réussi à sauver plus de 50 % de la récolte en contexte de sécheresse. On recommande 1 à 2 mm par jour pour accompagner la vigne contre le stress hydrique, pas plus ». La fertilisation ou la taille sont d’autres façons de maintenir les rendements. Le goutte à goutte reste le plus efficace pour éviter le gaspillage.

Au vignoble, la sécheresse se prépare dès l’hiver

Ceux qui n’ont pas accès à l’irrigation ont aussi des moyens d’action. Brumisation, engrais foliaire, effeuillage, hauteurs de végétation… « Plusieurs stratégies peuvent être conduites conjointement pour apporter plus de résilience à la vigne, souligne Jean-Christophe Payan. C’est l’ombrage qui apporte les résultats les plus spectaculaires : cela permet de limiter la photosynthèse et donc l’accumulation en sucre des raisins, pour maintenir les maturités plus tardives. L’ombrage limite aussi l’évapotranspiration et permet de faire des économies d’eau. »

La résistance au stress hydrique se prépare dès l’hiver : « On conseille vraiment de jouer sur l’enherbement l’hiver, tant que la météo le permet. Les mulchs améliorent le fonctionnement, la minéralisation, la structure des sols et la rétention d’eau : on peut gagner jusqu’à 10 % de réserve utile d’eau en améliorant son enherbement ! »

Mylène Coste

Jean-Christophe Payan, spécialiste de l’irrigation à l’IFV, a livré quelques clés pour piloter au mieux l’irrigation du vignoble.
Jean-Christophe Payan, spécialiste de l’irrigation à l’IFV, a livré quelques clés pour piloter au mieux l’irrigation du vignoble.