APICULTURE
Frelons asiatiques : le repérage du printemps est le plus efficace

Le printemps est la période la plus propice et la plus efficace pour lutter contre le développement du frelon asiatique. La recherche appliquée s'appuie sur de nombreuses méthodes pour freiner la dispersion de ce prédateur de l'abeille.

Frelons asiatiques : le repérage du printemps est le plus efficace
Alexandre Houzé est l'animateur de l'association de développement apicole Auvergne-Rhône-Alpes en charge du suivi des repérages du frelon asiatique.

Le frelon asiatique, prédateur de l'abeille, a fait l'objet d'un point technique lors d'une journée régionale organisée en visioconférence par l'association de développement apicole Auvergne Rhône-Alpes (Ada Aura), le 30 mars.

Un froid salvateur

L'hiver et le début du printemps, avec la période de froid et d'humidité, n'ont peut-être pas été favorables au développement du frelon asiatique. En tout cas, fin mars, Alexandre Houzé, animateur de l'Ada Aura, constatait moins de signalements de nids. Mais il y aura des frelons asiatiques quand même cette année, son développement ayant été exponentiel depuis plusieurs années. Les futures fondatrices quittent les nids en novembre après avoir été fécondées par les mâles. Elles passent l'hiver cachées dans des anfractuosités diverses puis commencent à bâtir un nid primaire au printemps. Le piégeage à ce moment-là ou la destruction du nid sont alors très efficaces car ils empêchent toute une génération de se développer. Lorsque le développement de la colonie atteint quelques centaines d'individus, un nid secondaire, plus haut, souvent à plus de 10 mètres, est bâti.

Recherches technologiques

Le problème est d'arriver à les trouver. Les nids primaires sont confectionnés plutôt bas, donc repérables, d'autant plus dans des arbres non feuillus. En revanche, les nids secondaires sont plus difficiles à détecter. « On peut avoir recours à la triangulation, explique Huguette Jalon, vétérinaire auprès de la FRGDS1, qui permet à partir du suivi de plusieurs vols de frelons préalablement piégés d'arriver à localiser leur nid. Mais la méthode est chronophage. » Des recherches basées sur la technologie, avec radar harmonique ou radiotélémétrie, voire des caméras thermiques embarquées dans des drones, sont expérimentées et en cours de validation. La destruction doit être faite par un désinsectiseur agréé non seulement parce que les produits injectés dans le nid sont dangereux, mais aussi parce qu'il faut être parfaitement formé et équipé pour réaliser cette destruction. Les frelons n'aiment pas qu'on les dérange et deviennent agressifs. L'intervention se fera de nuit ou au lever du soleil afin de tuer le plus grand nombre d'insectes. Au bout de 24 à 72 heures, le nid sera évacué afin d'être traité dans une filière spécialisée en raison de la présence des produits de destruction à base de pyréthrinoïdes. Des essais sont réalisés avec de la terre de diatomée mais l'action est plus lente et moins efficace.

Éloigner proies et prédateurs

Dans un rucher, la présence de frelons provoque un stress important, une diminution des sorties et de l'activité de la colonie. Elle va s'affaiblir et donc avoir son cycle perturbé, voire compromis à l'approche de l'hiver. Huguette Jalon préconise donc de rassembler les colonies en de gros ruchers afin de diminuer la pression par ruche. Emmener les colonies en altitude permet de les soustraire également à la présence du prédateur. Elles peuvent être équipées de réducteur à l'entrée empêchant la pénétration par le frelon, mais elles sont de plus en plus équipées aussi de muselières, des dispositifs grillagés qui éloignent l'entrée de la ruche. Les abeilles peuvent prendre plus facilement leur envol et dans différentes directions facilitant leur échappatoire. Les pièges à frelon doivent être adaptés notamment au niveau de l'appât selon les périodes. En début et en fin de saison, ils ont besoin d'énergie rapide, donc à base de sucre, tandis que le cœur de la période cruciale exige beaucoup de protéines afin de nourrir les larges dans la colonie. C'est pour cette raison que la prédation sur les abeilles est forte. L'adaptation du piège est donc impérative, celui-ci devant être le plus sélectif possible en permettant aux petits insectes ou aux abeilles attirées de pouvoir s'échapper.

Jean-Marc Emprin

1. Fédération régionale des groupements de défense sanitaire.

Composition des appâts à frelons asiatiques

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Besoins nutritionnels des frelons asiatiques

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